LES CITÉS MARCHANDES
Publié le 02/02/2019
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Les bouleversements monétaires
Le capital est rare et d’autant plus difficile à réunir que l’Église interdit la pratique du taux d’intérêt, condamné en tant qu’usure. Or, nul ne veut prêter de l’argent sans perspectives de gains et divers artifices sont utilisés dans les contrats pour dissimuler la perception d’un bénéfice.
Une autre méthode consiste à emprunter aux usuriers juifs auxquels l’interdiction de l’Église ne s’applique pas. Comme les métiers accessibles aux juifs sont rares, ils sont nombreux à prêter de l’argent et à s’enrichir. Les préjugés religieux renforcent le ressentiment économique, faisant des juifs les victimes désignées lorsque des problèmes sociaux se posent. Leur rôle dans le financement de l’activité économique est important jusqu’au xive siècle. Puis, ce sont les financiers italiens qui conçoivent les techniques bancaires de base.
L’impact social de l’expansion médiévale est profond. Dès le xne siècle, les relations monétaires modifient les institutions féodales à tous les niveaux. Les suzerains ont besoin d’argent pour acheter les produits vendus par les marchands et ils substituent donc en partie le paiement en argent au prélèvement en nature.
De nombreux chevaliers deviennent gentil-hommes campagnards plutôt que guerriers et préfèrent payer le roi plutôt qu’aller à la guerre. Quant aux rois et aux grands seigneurs, ils se contentent d’engager des hommes plutôt que de compter sur un service féodal d’une efficacité souvent très limitée. Enfin, les paysans les plus entreprenants peuvent amasser de l’argent et racheter tout ou une partie des droits qui pèsent sur eux. Néanmoins, le développement d’une économie monétaire est un processus très lent, loin d’être entièrement achevé à la fin du Moyen Age.
Situé en Inde, le port de Cambay est un marché très renommé à la fin du Moyen Âge.
Les progrès de la navigation, avec la diffusion de la boussole, du gouvernail d'étambot et des portulans, permettent aux marchands européens de reculer toujours plus loin les frontières du grand négoce.
Marchand de verres en France à la fin du xve siècle. La figure du marchand ambulant est indissociable du commerce médiéval. On le rencontre dans toutes les grandes foires qu'il rejoint au prix de très longs voyages souvent épuisants.
Les pratiques féodales évoluent plus au rythme de l’évolution économique qu’elles ne sont abolies. Dans les mentalités, l’esprit du code de la chevalerie persiste pendant des siècles: la suzeraineté et la loyauté, la valeur guerrière et le prestige associé au nombre de courtisans et à un apparat somptueux constituent des valeurs que cultivent tous les monarques de l’Ancien Régime.
L’expansion européenne
L’expansion européenne se poursuit nettement jusqu’au xme siècle. L’importance du Nord apparaît dans la fondation de la Ligue hanséatique, qui unit des villes telles que Lübeck, Hambourg, Cologne et Dantzig dans la poursuite des mêmes objectifs (garantir les privilèges, éliminer la piraterie). À son apogée au XIVe siècle, la Hanse compte plus d’une centaine de membres. Puis, elle décline lentement et disparaît complètement à la fin du xvnr siècle.
Le commerce avec l’Orient est facilité par les conquêtes effectuées au xme siècle par les Mongols, qui permettent aux caravanes de traverser en paix un vaste empire asiatique unifié. Les commerçants vénitiens s’aventurent désormais
au-delà de la Méditerranée orientale et de la mer Noire et l’un d’entre eux, Marco Polo, atteint la Chine où il devient vice-gouverneur d’une province. Il traverse une grande partie de l’Asie au service de l’empereur Kubilaï Khan avant de retourner à Venise en 1295, où il finit par décrire ses expériences dans son célèbre Livre des merveilles du monde.
Vers un nouvel âge du commerce international
Le xive siècle est marqué par des revers. L’effondrement de l’Empire mongol rend à nouveau difficile l’accès à l’Orient. Divers symptômes laissent penser que l’Europe est surpeuplée et qu’elle a atteint les limites de ses capacités productives. Mais l’événement le plus dramatique est la grande peste des années 1347-1348 qui décime près du tiers de la population européenne.
De nombreux villages sont vidés de leur population et la terre n’est plus cultivée. Le commerce fléchit. L’agitation sociale augmente et les seigneurs ont un besoin si pressant de main-d’œuvre qu’ils octroient des conditions très favorables aux paysans. Le servage décline rapidement et, dès la fin du siècle, nombre d’entre eux sont libres. À cet égard, la peste noire accélère le passage à une économie monétaire.
L’Europe se remet peu à peu de ces crises, mais le XVe siècle connaît des fortunes diverses. La navigation maritime fait des progrès, comme l’illustrent les incursions audacieuses des Portugais le long de la côte africaine. Sans en être bien sûr conscients, les Européens s’engagent dans un nouvel âge, celui de l’exploration, de la conquête, du commerce et de la colonisation.
«
Les
cités marchandes
plus grandes villes de la chrétienté occidentale,
pouvant se glorifier d'avoir quelque 100000 habi
tants.
Elles dominent le commerce méditerra
néen et deviennent des pôles artisanaux très
développés.
Au nord des Alpes, seul Paris possè
de une taille comparable.
Mais des villes plus
petites se multipl ient: elles ont leur église, leurs
remparts, leur milice, leurs maisons bourgeoises,
leurs échoppes d'artisans et souvent un château
fortifié.
Des associations de villes se tissent dans
des régions commerciales et industrielles telles
que la Flandre, l'Allemagne du Sud et l'Italie.
Dès la fin du Xl' siècle apparaissent les com
munes qui contestent le pouvoir arbitraire que
les seigneurs détiennent dans les cités.
Elles s'ef
forcent de gérer leurs propres affaires et achètent
souvent une charte de privilèges au seigneur
local ou à l'évêque.
Les remparts symbolisent
cette indépendance et protègent la ville des
agressions.
En Italie, où la situation est assez com
plexe, les conflits entre nobles et consuls dégénè
rent en affrontements fréquents et sanglants.
Ils se
multiplient quand l'Italie du Nord devient une
mosaïque d'Etats-cités riches et dynamiques qui
jouent �n rôle prépondérant tout au long du
Moyen Age et de la Renaissance.
Artisans et bâtisseurs
La ville sert de centre d'échange aux artisans qui
peuvent y fabriquer et vendre leurs produits.
C'est là que se développe une institution médié
vale particulière: les corporations artisanales.
Même si on la compare souvent à un syndicat, la
corporation en diffère beaucoup dans la mesure
où elle admet toute personne travaillant dans un
métier quelle que soit sa position hiérarchique
(maître, apprenti ou compagnon).
Un véritable
fossé sépare toutefois les maîtres et les compa
gnons.
En effet, l'accès à la maîtrise exige, outre
le versement de droits parfois élevés, l'exécution
d'un chef-d'œuvre, processus long et coûteux: les
maîtres se transmettent donc l'atelier de père en
fils et les compagnons le restent bien souvent à
vie.
I.:objectif de la corporation est de permettre la
reconnaissance des métiers et de garantir la
qualité de leurs services (contrôle de la qualité
technique des produits fabriqués et octroi d'un
label aux produits jugés dignes d'être vendus).
La
réglementation permet de freiner l'accès de nou
veaux arrivants et de défendre les avantages
acquis, en limitant le nombre d'artisans ayant le
droit d'exercer chaque profession et en définis
sant la tâche dévolue à chacune d'elles.
Chaque
corporation a ses blasons ainsi que ses propres
emblèmes et joue également un rôle politique.
La prospérité et la croissance des villes sont
étroitement liées au développement de l'architec
ture en Europe médiévale.
Le château fort exprime
la domination du seigneur féodal mais il constitue
aussi, dans de nombreux endroits, le cœur d'une
ville nouvelle.
La construction des églises et des
cathédrales mobilise un nombre considérable de
travailleurs et d'énormes ressources financières.
Ces monuments témoignent de la rivalité entre
cités, chacune cherchant à dépasser les autres par
la dimension de sa cathédrale.
Mais l'on ne se limite pas aux édifices religieux:
des hôtels de ville, des hospices, des halles et
d'autres types de construction attestent que la
ville médiévale est devenue une communauté
sociale et économique très complexe.
Elle est
aussi le centre d'un artisanat en constante diversi
fication.
Les cités les plus actives se spécialisent
dans des secteurs qui assurent leur renom interna
tional: textile en Flandre, soierie à Lucques, tein
turerie puis étoffes de prix à Florence, etc.
L'essor du commerce international
Les villes sont avant tout des marchés et des lieux
de distribution pour les marchandises qui sont
transportées et vendues à travers l'Europe.
Le commerce international le plus lucratif est
celui avec l'Orient: produits de luxe, pierres pré
cieuses, ivoire, indispensables épices et, sur une
plus vaste échelle, soie et coton.
Les flottes mar
chandes italiennes, notamment celles de Venise,
ramènent ces produits de l'Asie vers la Méditer
ranée orientale et certaines villes italiennes (Veni-se,
Pise, Gênes) et s'enrichissent de façon specta
culaire, s'affirmant comme des intermédiaires dans
la redistribution de ces denrées si recherchées.
I.:Europe produit de nombreux biens qui sont
soit vendus localement et dans les régions limi
trophes, soit exportés vers l'Orient, en particulier
les céréales, les fourrures, le poisson, les fruits, le
sel, l'étain, le fer, le cuivre et les esclaves.
I.:inté
gration dans l'économie européenne des terres
céréalières de l'Europe centrale et des riches res
sources de la Baltique confère une nouvelle
importance aux routes commerciales Nord-Sud.
Mais les entreprises à grande échelle les plus per
formantes sont les industries textiles de Flandres
et d'Italie du Nord, qui deviennent bientôt les
zones urbaines les plus peuplées de l'Europe.
Les
marchands n'hésitent pas à parcourir d'aussi de
longues distances pour se rendre aux foires.
......
Sainte Marguerite gardant ses moutons
devant le château de Loches.
Le régime seigneurial est largement
attesté en Europe: l'aristocratie
se partage les fruits du travail paysan.
' Transport dp bois sur une rivière.
Au Moyen Age, la circulation
des marchandises se fait bien souvent par
la voie fluviale qui offre de nombreux avantages:
le transport est rapide et les rivières
sont plus sûres que les routes dont l'état
déplorable pénalise les échanges commerciaux.
Les foires médiévales
Les foires médiévales, notamment celles de
Champagne, connaissent leur véritable apogée
au xn• et au Xlii' siècle.
Elles sont alors le lieu privi
légié et incontournable des échanges septentricr
naux (Flandre, Allemagne) et méditerranéens
(Italie, Languedoc, Catalogne).
Elles se déroulent
toute l'année en divers lieux et correspondent
aux besoins d'un commerce qui ne s'est pas
encore sédentarisé.
C'est ainsi qu'elles fournis
sent des lieux de rencontres aux très nombreux
marchands ambulants..
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