Les causes de la Révolution française
Publié le 17/01/2022
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Alors que d’autres nations européennes du XVIIIe siècle, grandes et petites, se piquaient de monarchie éclairée, la France souffrait d’un système de gouvernement démodé et inefficace, d’injustices sociales chroniques et traversait une période économiquement très difficile.
Les problèmes les plus évidents étaient d’ordre financier. Tandis que la cour et l’aristocratie menaient une vie d’un luxe extravagant (la reine prenait des bains de lait pour soigner son teint), une partie de la population vivait dans une misère indescriptible et était parfois même acculée à la révolte en raison des pénuries alimentaires chroniques. À la même époque, le gouvernement de France, responsable de la gestion d’un des pays les plus riches et les plus peuplés d’Europe, devait faire face à une dette incroyablement élevée et frisait continuellement le désastre financier.
Les maladies économiques de la France n’étaient toutefois qu’un des symptômes les plus flagrants d’un mal beaucoup plus profond— celui des privilèges—qui rongeait tous les aspects de la vie nationale, entraînant la corruption et le dépérissement des institutions vitales. Le système des privilèges par lequel un petit nombre de Français jouissaient de droits spéciaux, de faveurs et d’avantages au détriment de la masse des citoyens, était la cause principale du marasme économique de la France. Ces privilèges divisaient la société française en de nombreuses factions hostiles; ils affectaient la justice; gaspillaient les talents de la classe moyenne la plus cultivée d’Europe, et surtout ils plaçaient le fardeau des impôts sur la classe la moins apte à le supporter, celle des paysans.
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Lorsqu'appelé par les affaires de l'État à abandonner temporairement la chasse, le jeu, ou sa vie amoureuse, LouisXV “ouvrait la bouche, disait très peu et ne pensait pas du tout.” Il ne vivait que pour ses plaisirs, ignorant l'avenirde façon à la fois légère et cynique dans sa remarque devenue célèbre, “Après moi le déluge.”
Après lui, ce fut son petit-fils, Louis XVI, âgé de vingt et un ans qui monta sur le trône de France.
Jeune hommepieux, mais peu clairvoyant et manquant de caractère, plein de bonnes intentions toutefois et désireux de ne pasparaître despotique, Louis XVI se laissait facilement influencer par ceux qui réussissaient à l'approcher.
“Personne nelui faisait confiance, car il n'avait pas de volonté propre.” À deux occasions, il nomma des ministres prêts à imposerdes réformes financières indispensables, pour leur retirer ensuite sa confiance lorsque leurs mesures rencontrèrenttrop d'opposition.
Le premier, Turgot, était un philosophe et un économiste qui voulait libérer le commerce descontraintes vieillottes et imposer aux riches une part du fardeau fiscal de la nation.
Il ne dura que treize mois.
Lesecond était un banquier suisse, protestant et à la volonté inébranlable (Necker) qui fut renvoyé lorsque lesmesures d'austérité qu'il préconisait touchèrent les joyeuses et frivoles amies de la reine Marie-Antoinette.
Dès lors,le roi chercha de plus en plus souvent refuge dans ses passe-temps favoris, comme la mécanique, dans les plaisirsde la table, ainsi que dans la chasse au chevreuil qu'il pratiquait à partir d'une fenêtre du palais.
“Que vous avez dela chance” dit-il un jour à un ministre démissionnaire, “j'aimerais moi aussi pouvoir démissionner.”
Entre-temps l'Ancien Régime (comme on devait désormais appeler l'époque d'avant la Révolution française)continuait à fonctionner comme au temps du “Roi Soleil”, Louis XIV.
Il n'y avait pas de liberté politique, ou religieuseou économique.
La monarchie était toujours basée sur le concept du “droit-divin”, le pouvoir étant surtout contrôlépar le roi.
(C'est ainsi que Louis XIV avait pu déclarer sans exagération: “L'État, c'est moi.”) La faiblesse du roi étaitparticulièrement malencontreuse car au fil des siècles, la monarchie était pratiquement devenue la seule forme depouvoir exécutif.
Les rois de France avaient progressivement rogné la puissance des seigneurs et soumis les nobleset le clergé à l'autorité royale.
Le pouvoir législatif émanait lui aussi du roi.
Autrefois, le pouvoir législatif avait étédétenu par les états généraux, ou parlement, qui représentaient le peuple de France, et qui s'étaient réunis defaçon très irrégulière au cours des trois derniers siècles.
Les états généraux avaient été renvoyés en 1614 etn'avaient plus été convoqués depuis lors.
Il n'y avait donc aucun appel possible des décisions arbitraires dugouvernement royal; des citoyens ordinaires pouvaient être emprisonnés, sans procès, “pour toute raison ou sansraison, sans savoir pourquoi, ni qui avait porté l'accusation, ni pour combien de temps.” Même les cours étaientrenvoyées si elles osaient ne pas être d'accord avec les décrets royaux.
LA SOCIÉTÉ SOUS L'ANCIEN RÉGIME
Le roi mis à part, la société française était légalement divisée en trois états, ou groupes sociaux.
Le premier état,comprenant le clergé, et le second état, qui incluait la noblesse, jouissaient de nombreux privilèges.
Quant au tiersétat, il n'avait aucun droit particulier, il comprenait tous les autres sujets du roi, des bourgeois aisés et richesavocats des villes aux paysans pauvres et illettrés.
À une certaine époque, chacune de ces classes sociales avait délégué des représentants à un corps parlementaireconnu sous le nom d'états généraux.
Mais après le renvoi des derniers états généraux en 1614, cette division de lasociété française avait été vidée de toute signification politique.
Elle ne reflétait plus l'utilité ou la place de chacundans la société, car la noblesse et le clergé avaient perdu une bonne part de leur influence, tandis qu'au sein dutiers état s'était développée et affirmée une puissante classe moyenne qui s'était enrichie grâce au commerce et àl'industrie, après les grandes découvertes du Nouveau Monde.
C'est cette classe moyenne qui assumait la directionintellectuelle de la France au XVIIIe siècle et qui avait encouragé les idées des philosophes et des économistes.C'est aussi cette classe moyenne qui occupait les postes intermédiaires de l'administration du royaume et qui à plusd'une reprise vint au secours du gouvernement en lui consentant d'importants prêts en espèces.
Néanmoins, mêmesi ces divisions sociales n'avaient plus aucune signification réelle, l'état auquel on appartenait était d'une importancecapitale car de lui dépendait le statut social et les droits légaux de tout Français.
Le premier état
Au sein même du premier état, qui en 1789 comprenait environ cent mille membres du clergé (soit un demi pour-centde la population), un fossé très profond séparait les membres du clergé supérieur, cardinaux, évêques et abbés, etla masse des curés ordinaires.
Les hautes positions de l'Église étaient réservées aux fils de familles nobles quiretiraient d'énormes revenus des propriétés ecclésiastiques et de la dîme tout en menant une vie bien souventdissolue et scandaleuse.
Louis XVI aurait protesté et rejeté la nomination d'un tel candidat, sous prétexte “quel'archevêque de Paris, pourrait au moins croire en Dieu.” À l'autre extrémité de la hiérarchie ecclésiastique, il y avaitles humbles prêtres de paroisse, vivant de maigres et précaires revenus tout en se dévouant à l'éducationspirituelle, mais aussi laïque, de leurs paroissiens.
Le clergé en tant qu'institution occupait une position de force.
Il représentait la seule religion autorisée par la loi ; ilavait ses propres tribunaux, contrôlait tout l'enseignement du pays, et avait le droit de censurer toute publication.De plus, bien que les domaines dont disposait le clergé fussent considérables, sans oublier que celui-ci était aussipropriétaire de nombreux immeubles et trésors artistiques, le clergé était exempt de tout impôt, se contentant defaire de “fréquents cadeaux” au roi.
Le second état.
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