Les capitulaires de Charlemagne
Publié le 25/09/2018
Extrait du document
Avec les capitulaires, Charlemagne esquisse les bases d’une législation territoriale uniforme. Régissant la vie des soldats et la justice, ils s’étendent aussi à la vie quotidienne de ses sujets et à la gestion des domaines fonciers. Mais ces textes de lois, très difficilement mis en application, ne parviennent pas à s’imposer.
Ils disparaîtront avec les Carolingiens.
Les Mérovingiens avaient déjà recours à ces grandes réunions annuelles au cours desquelles étaient adoptés des édits ou «constitutions». En mars, des assemblées, baptisées «champs de mars», réunissaient autour du roi les grands du royaume, laïcs comme ecclésiastiques. Lors de ces «plaids généraux», le souverain faisait part à ses vassaux de ses décisions. Ces ordonnances royales -concernant quasi exclusivement la vie militaire ou la justice - étaient approuvées par acclamation.
Charlemagne, puis son fils Louis le Pieux, perpétuent et amplifient cette pratique législative. La cavalerie succédant aux fantassins, c’est désormais en mai - puisqu’il faut de l’herbe dans les prés pour les chevaux - que les puissants de l'empire
«
LE CAPITULAIRE
«DE VILLIS»
Promulgué soit par Charlemagne, soit par Louis le Pieux - les historiens sont
partagés -le capitulaire
«De Villis » comprend
soixante-dix articles .
Faisant
très précisément le point sur
ce qui est indispensable à la bonne exploitation d'un
domaine royal , il s'inspire
des études menées par les
agronomes latins .
On y trouve par exemple l'inventaire
exhaustif de tout ce qui doit être cultivé au jardin
(ail, laitue, carottes, oignons ,
poireau , etc.).
Il édicte d 'autre
part les mesures à prendre
pour une gestion rationnelle
des domaines et atteindre des rendements optimums .
Il précise ainsi la répartition
idéale des terres pour les
cultures (grains, légumes ,
vigne,
etc .) et l 'utilisation qui
doit être faite des forêts , pour le pâturage libre des bovins et
des porcs.
Mais les principaux
objectifs de ce capitulaire sont
de corriger les écarts ou les
abus des intendants, hélas extrêmement fréquents.
Vers le consensus
Le roi soumet d'abord ses pro
positions à l'assemblée .
Puis, et
parfois pendant plusieurs jours,
les nobles, les évêques
et les
militaires délibèrent.
Une fois
le consensus trouvé, ils font
part
de leurs décisions au roi,
qui a cependant le dernier mot.
Mais
de fait, le souverain n'est
plus , en apparence
du moins,
seul décisionnaire des lois
ré
gissant son royaume : il en de
vient à la fois l'arbitre, le mé
diateur et le garant.
Finale
ment, il se préoccupe moins de
l'assentiment général que de
l'établissement, avec ceux qui
l'entourent, des bases consen
suelles permettant à son pou
voir de se maintenir.
Maître de l'empire chrétien
d 'Occident, Charlemagne
est
persuadé qu 'il est responsable
devant Dieu
de la façon dont vi
vent les peuples soumis à son
autorité .
li n'a donc de cesse de
· tenter de légiférer dans tous les
domaines touchant à la vie
quotidienne .
Un de ses capitu
laires , datant de 789, s'étonne
ainsi
«de la pâleur des reli
gieuses causée par des sai
gnées trop fréquentes .» Un
autre, datant de 803, condamne
explicitement les mariages
consanguins .
Le
premier capi
tulaire émanant de Charle
magne est celui de Herstal da
tant de 779 .
li existe quatre ca
tégories de capitulaires : le s per
se scribenda émanent directe
ment du roi, les pro lege temenda,
approuvés par le Conseil de
l'empire, ont force de loi, les /egi
bus addenda amendent les lois
nationales
des peuples ger
mains, les missorum renferment
les instructions destinées aux
missi
dominici .
De grandes
difficultés
d'application
Pourtant , même s'ils ont par
fois force de loi, les capitu
laires ont bien souvent de
grandes difficultés à être appli
qués.
D'abord parce qu 'ils ne
peuvent pas toujours se sub
stituer à la diversité des droits
coexistants sur tout le territoi -
re.
Les Carolingiens, en effet,
respectent le
principe ances
tral du « à chaque peuple sa
loi ».
Selon qu 'il est Franc,
Scythe, Aquitain, Lombard,
Burgonde ou Alaman, esclave
ou
homme libre, chacun doit
préciser, avant d'être jugé, à
quelle législation nationale il ]
appartient.
Charlemagne, sou- !
cieux de ce respect, fait ~
d'ailleurs consigner par écrit l
térinés et promulgués par le
roi, il
revient aux comtes de les
faire connaître dans
leur «pa
gi »,
ou comtés, et de veiller à
leur application .
Mais les
comtes ne sont pas toujours
très fiables.
C'est
pourquoi
Charlemagne décide d'insti
tuer des missi dominici, ses
envoyés spéciaux dans les
provinces,
dont un capitulaire
datant de 802 précise le rôle et
les pouvoirs.
Malgré ces pré
cautions, bien souvent, les ca
pitulaires demeurent lettre
morte .
Même si les historiens s'accor
dent à reconnaître l'importan
ce fondamentale des capitu
laires, notamment pour l'étude
des institutions entre le vm · et
le IX • siècle, peu de textes ori
ginaux sont parvenus jusqu'à
nous .
De ces actes législatifs, il
ne reste le plus souvent que
des copies, exécutées par des
moines.
Plus de deux cent
vingt capitulaires ont été re
censés, de Pépin le Bref à
Charles le
Simple, le plus ré
cent datant de 884.
Subsistent
également plusieurs recueils
de ces textes dont le plus cé
lèbre est celui de Saint Anségi
se, abbé de Fontenelle, qui a
réuni en 827 les
capitulaires
de Charlemagne et de Louis
le Pieux.
les lois
des peuples placé s i~:=::;R
sous sa domination jusqu 'alors ~,
transmises par la tradition ora- 8
le.
La seconde difficulté est 0 2 qu 'une fois les capitulaires en- o..
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