Les Balkans - Le ferment de la Première Guerre mondiale
Publié le 12/11/2018
Extrait du document
UNE POUDRIÈRE AUX CONFINS DE L'EUROPE
Les Balkans constituent une péninsule dans le sud de l’Europe, bordée par la mer Adriatique, la mer Noire et la mer Égée. C'est une région frontière entre l'Europe et l'Asie, entre l'Orient et l’Occident, entre le monde chrétien et le monde musulman. Différentes communautés linguistiques et religieuses s'y côtoient et s'y mêlent, au sein d'un empire ottoman entré en phase de déclin. L'irrésistible essor du nationalisme transforme bientôt les diverses guerres de libération nationale en affrontements sanglants entre nations. Situés à la charnière de trois empires et au cœur de leurs ambitions rivales, les Balkans deviennent une véritable poudrière.
LES ASPIRATIONS NATIONALISTES
• Les aspirations des mouvements nationalistes à former des États-nations sur le modèle occidental, qui apparaissent peu compatibles avec la réalité, constituent autant de menaces pour la paix.
La Grèce
• Dans la Grèce du roi Georges Ier, seul État indépendant de la région, un irrédentisme se développe. Liées à l'achèvement de l'unité nationale, les revendications portent sur les provinces restées sous domination turque, la Crète et la Thessalie, mais aussi sur la Thrace et la Macédoine,
qui sont également convoitées par les Bulgares pour la première, par les Serbes et les Bulgares pour la seconde.
La Serbie
• La Serbie, dirigée par Alexandre Ier Obréno-vitch, est une principauté autonome de l'empire ottoman depuis 1804. Les nationalistes serbes luttent pour l'indépendance et rêvent de constituer une grande Serbie qui intégrerait le Monténégro de Nicolas Ier Petrovitch, également principauté autonome de l'empire ottoman, et la Bosnie-Herzégovine, demeurée possession ottomane.
La Bulgarie
• En Bulgarie, province ottomane, le nationalisme se renforce. Il est dirigé à la fois contre les Ottomans et contre les Grecs : les Bulgares se sont en effet émancipés sur le plan religieux des Églises orthodoxes grecques en obtenant en 1870 leur propre Église, indépendante de l'Église de Grèce et du patriarcat de Constantinople.
La Roumanie
• La Roumanie du prince Charles de Hohenzollem-Sigmaringen, devenue principauté autonome de l'empire ottoman en 1859, veut achever sa construction territoriale. Elle réclame la Transylvanie hongroise ainsi qu'un prolongement de son littoral sur la mer Noire aux dépens des Bulgares.
LES AMBITIONS DES GRANDES PUISSANCES
• Ces volontés centrifuges des diverses minorités nationales sont récupérées par les grandes puissances qui se posent en protectrices des peuples pour mieux conforter leurs zones d'influence dans cette région.
Révoltes dans les Balkans
Guerre Serbie-Turquie
1910 1912-1913 1913 1914
Guerre
Russie-Turquie
Traité de Guerre Révolte Révolte en Annexion de la Révolte Première Seconde Assassinat
San Stefano Serbie- en Crète Macédoine Bosnie-Herzégovine en Albanie guerre guerre balkanique de François-
Congrès de Berlin Bulgarie par l'Autriche-Hongrie balkanique Union Grèce-Crète Ferdinand
• Le congrès de Berlin (juin/juill.) confirme les indépendances de la Serbie, du Monténégro et de la Roumanie, mais démantèle la grande Bulgarie. La Thrace et la Macédoine sont restituées au sultan ; deux principautés sont constituées, la Bulgarie et la Roumélie-Orientale, sous tutelle ottomane, mais avec à leur tête des administrateurs nommés par la Russie.
• Vienne obtient le droit d'occuper et d'administrer la Bosnie-Herzégovine ainsi que le sandjak (préfecture) de Novi Pazar, entre Serbie et Monténégro.
• Le sultan récompense l'Angleterre pour son soutien diplomatique en lui accordant le droit d'occuper Chypre - en 1914, Londres annexera l’île qui ne deviendra indépendante qu'en 1959 et restera un enjeu des relations gréco-turques.
• Ces dispositions favorisent l'Autriche et privent la Russie de sa victoire militaire. Cet échec attise la rivalité entre les deux pays.
«
•
La Bosnie-Herzégovine est soumise
à un dur régime d'occupation militaire
par l'Autriche.
La minorité catholique
y est favorisée au détriment des
orthodoxes.
La province est peu à peu
intégrée à l'empire austro-hongrois.
• 1881 Malgré ses affinités avec la
Russie, la Serbie, dont l'économie
dépend de l'Autriche, est contrainte
de signer un accord secret avec Vienne
(28 juin).
Elle abandonne ses
revendications sur les minorités serbes
de l'empire austro-hongrois et s'interdit
toute alliance militaire avec une autre
puissance ; en échange, les Autrichiens
s'engagent à soutenir les revendications
serbes sur la Macédoine et acceptent
la transformation de la principauté
en royaume.
• 1883 Bien que proche de la France,
la Roumanie choisit aussi l'alliance avec
l'Autriche.
Elle signe un traité secret
contre la Russie, car ses revendications
territoriales portent sur la Bessarabie
qu'elle a dû céder aux Russes et sur le
littoral de la Bulgarie, protégée du tsar.
l'EXACERBATION
DES NATIONALISMES
EN RouMtLIE-ORIENTALf
• 1885 En Roumélie-Orientale, les
nationalistes, encouragés par Sofia,
chassent le gouverneur prorusse et
proclament l'union avec la Bulgarie.
Redoutant la concurrence d'un grand
État slave dans les Balkans et poussée
par l'Autriche, la Serbie entre en guerre
pour s'opposer à cette union (13 nov.).
Battus à Slivnica, les Serbes signent
l'armistice {28 nov.).
• 1886 Le traité de Bucarest (3 mars)
entérine l'incorporation de la Roumélie
Orientale dans la Bulgarie ; l'ensemble
reste sous suzeraineté ottomane.
• Ce renforcement bulgare réveille
le nationalisme grec.
Athènes est prête
à en découdre avec la Turquie pour
s'emparer de la Macédoine.
Seul le
blocus des ports grecs par les marines
française et anglaise l'en dissuade.
EN MACÉDOINE
• 1893 Demeurée province ottomane,
la Macédoine incarne la singularité des
Balkans et l'impossibilité d'y construire
des États-nations autrement que
par la violence.
Peuplée à égalité
de chrétiens et de musulmans, sans
compter l'importante communauté
juive de Thessalonique, elle est
revendiquée par les Grecs, les Serbes,
les Bulgares et les Roumains.
• En réaction, les nationalistes
macédoniens fondent l'Organisation
révolutionnaire intérieure
macédonienne (ORIM), qui revendique
l'autonomie du pays par rapport à
l'empire ottoman et non son
rattachement à un État quelconque.
Financée par la Bulgarie, I'ORIM
s'engage dans la lutte armée,
violemment réprimée par les autorités
turques.
En réponse, la Grèce finance
ses propres combattants en Macédoine,
les Andartes.
EN Carn
• 1896 Les nationalistes crétois,
soutenus par Athènes, s'insurgent
contre les Turcs et proclament leur
union avec la Grèce.
Les musulmans
de l'île y répondent par des massacres
de chrétiens, sous l'œil bienveillant
des autorités ottomanes.
•
1897 La Grèce intervient contre la
Turquie, en Thessalie et en Crète (févr.).
L'opération est un fiasco :les Grecs
sont battus à Tirnavos et à Pharsale
(avr./ mai).
Une médiation des grandes
puissances permet à la Grèce d'échapper
au désastre.
Celle-ci doit toutefois
céder par traité (4 déc.) une partie
de la Thessalie.
• 1898 La Crète devient autonome,
sous administration grecque.
Les
troupes turques quittent Ille contre la
promesse grecque de ne pas l'annexer.
EN MACÉDOINE.
DE NOUVEAU
• 1903 En Macédoine, I'ORIM organise
un soulèvement (2 août) et proclame
la République du Krusovo.
La répression
est sanglante et les dirigeants de I'ORIM
s'enfuient en Bulgarie (nov.).
EN SERBIE
• En Serbie, Alexandre 1• Obrénovitch
de la Grande Serbie.
est
assassiné
(10 juin).
Il est remplacé
par Pierre r
Karageor
gevitch, francophile,
hostile à
l'Autriche et défenseur
• 1906 Se sentant menacée, l'Autriche
impose un blocus commercial à la Serbie.
• En Albanie, les nationalistes créent un
comité pour la libération et appelle à la
lutte armée contre les autorités turques.
LA CRISE BOSNIAQUE
l'AFFAIBLISSEMENT DE L'EMPIRE OTTOMAN
• 1908 La mainmise occidentale
sur l'économie ottomane s'accentue.
Berlin notamment multiplie les
investissements, au grand dam
de Londres.
D'autre part, la réforme
constitutionnelle, mise en place au
début du règne d'Abdüi-Hamid Il,
est abandonnée, tandis que
l'autoritarisme du régime s'accroit.
• Soucieux d'enrayer ce déclin, le
mouvement Jeunes-Turcs, nationaliste
et réformiste, engage un processus
révolutionnaire Guill.).
Le sultan rétablit
la Constitution et engage des réformes.
• Profitant de cet affaiblissement,
l'Autriche annexe la Bosnie-Herzégovine
(5 oct.), après avoir fait miroiter aux
Russes un droit de passage à travers
les Détroits.
La Serbie proteste.
.-------.
• Dans le
même temps,
la Bulgarie
proclame son
indépendance (22 sept.)
et le prince
Ferdinand
prend le titre
'----:-- -:--'-- -:-- ----' de
tsar (5 oct.).
• Le lendemain, la Crète annonce
son union avec la Grèce (6 oct.),
que les grandes puissances rejettent.
LA RECONNAISSANCE DU FAIT ACCOMPLI
• Londres refusant toute modification
du régime des Détroits, la Russie
se sent bernée et commence
à mobiliser son armée.
Soutenue
par Berlin, Vienne mobilise également.
L'Angleterre et la France, qui ne
souhaitent pas s'engager dans un conflit
conseille la résignation aux Russes.
•
1909 Par un traité signé avec
l'Autriche et la Bulgarie (12 janv.),
la Turquie accepte les annexions
de ses provinces européennes
contre une compensation financière
et la rétrocession par l'Autriche
du sandjak de Novi Pazar.
• L'Autriche profite de l'isolement
de la Serbie et de la Russie pour
leur adresser un double ultimatum.
La Serbie doit elle aussi reconnaître
le " fait accompli » de l'annexion
de la Bosnie (31 mars) et promettre
de vivre en bon voisinage avec l'Autriche
et la Russie.
Humiliées mais incapables
de soutenir seules une guerre contre
l'Allemagne et l'Autriche, la Russie
et la Serbie sont ainsi contraintes
de se plier à ces exigences.
LA PREMIÈRE •
Les Jeunes
Turcs sont
indignés par
cette nouvelle
reculade.
Abdüi
Hamid Il est
déposé (24 avr.)
et remplacé
par son frère
Me hmedV.
GUERRE BALKANIQUE
LA LIGUE BAlKANIQUE
• 1910 Les violences se multiplient
dans les derniers territoires européens
sous domination ottomane.
En Albanie,
une insurrection éclate dans le Kosovo.
En Macédoine, les révoltes endémiques
se prolongent par des massacres de
chrétiens perpétrés par des musulmans.
• 1911 !:Italie attaque les Turcs en
Tripolitaine {29 nov.) et occupe les nes
de Rhodes et du Dodécanèse.
• 1912 Les États chrétiens des Balkans
profitent de ces circonstances pour agir.
En mars, la Bulgarie et la Serbie signent
un traité d'alliance militaire contre la
Turquie pour se partager la Macédoine.
En mai, la Grèce signe un accord similaire
avec la Bulgarie, mais sans prévoir
de partage.
Enfin le Monténégro
apporte son soutien aux trois pays.
L'EFFONDREMENT TURC
• Cette ligue balkanique constituée autour
de la Bulgarie reçoit l'aval de la Russie.
Les quatre États de la ligue lancent
.--------.
une offensive
contre l'armée
ottomane
{18 oct.).
Perturbant
les prévisions
des grandes
puissances,
ils obtiennent
""-::::::�:::...1 des
succès
décisifs.
Les Grecs et les Bulgares
conquièrent la Macédoine, entrent
à Thessa lonique (9.
nov.) font le
siège d'Andrinople et marchent sur
Constantinople.
À l'ouest, les Serbes
occupent le sandjak de Novi Pazar
et plusieurs villes albanaises, cherchant LES
CONSÉQUENCES serbe,
Vienne est prête à entrer
TERRITORIALES en
guerre et à prendre le risque
DES GUERRES BALKANIQUES d'un
conflit avec la Russie.
11912•19131 •
Celle-ci voudrait éviter une guerre
1------ ----r-------:l entre ses États-clients, mais la Bulgarie
rompt les pourparlers et lance ses
armées contre la Serbie (29 juin).
Les Serbes repoussent l'offensive,
bientôt rejoints par les Grecs.
,
�.,,.;.:;.
:�mm�rf D� La Roumanie, malgré son alliance
1 avec l'Autriche, attaque la Bulgarie
et menace Sofia.
La Turquie se joint
à la coalition et reprend Andrinople.
!:Autriche est prête à entrer dans
la guerre, mais l'Allemagne et l'Italie
l'en dissuadent.
Battue et abandonnée,
la Bulgarie demande l'armistice.
• La paix de Bucarest (10 août)
ne laisse aux Bulgares qu'une frange
étroite du littoral de la Thrace.
La Grèce obtient la majeure partie
f-------------i de
la Macédoine.
La Roumanie
- Frontières de l'empire ottoman en 1912
1,..
guerre balkanique
0 Territoires perdus par l'empire ottoman
2• guerre balkanique
111 Territoires reconquis
par la Turquie sur la Bulgarie
D Territoires cédés
.· · par la Bulgarie à la Roumanie
- Frontières en 1913 enlève
la Silistrie aux Bulgares.
Après une paix séparée, la Turquie
récupère Andrinople et ne conserve
en Europe que la Thrace orientale.
• La Serbie double son territoire
en annexant le nord de la Macédoine
et le sandjak de Novi Pazar, qu'elle
partage avec le Monténégro.
Cette victoire la conforte dans ses
ambitions de réunir autour d'elle
�------------1 tous les Slaves du Sud, restés sous
à étendre leur territoire vers l'Adriatique
pour s'assurer un accès à la mer.
• 1913 La chute d'Andrinople (26 févr.)
signe la défaite turque.
Devant la
menace d'une intervention autrichienne
qui pourrait dégénérer en conflit
généralisé, les grandes puissances
imposent aux belligérants un armistice
et la tenue d'une conférence à
Londres (22 avr.).
!:empire ottoman
doit céder l'Albanie, la Crète, les iles
de la mer Égée et tous les territoires
situés à l'ouest de la ligne Énos-Midia,
en Thrace.
LA SECONDE
GUERRE BALKANIQUE
LES DÉSACCORDS ENTRE VAINQUEURS
·Le sort de l'Albanie et des iles
de la mer Égée est confié aux grandes
puissances, tandis que les vainqueurs
négocient aprement le partage
de la Macédoine.
• La Serbie, qui n'a pu obtenir son
accès à la mer vers l'Albanie, demande
une compensation en Macédoine.
• Les Bulgares, estimant que leur
effort de guerre a été le plus importan t
rejettent les revendications serbes.
• La Serbie et la Grèce s'entendent sur
le partage de la Macédoine et signent
un traité d'alliance contre la Bulgarie.
• La Roumanie, absente lors du conflit
s�nquiète d'une grande Bulgarie et
exige en guise de compensations la
Silistrie, sur le littoral de la mer Noire.
l'OFFENSIVE BULGARE
• Les désaccords entre vainqueurs
servent l'Autriche qui pousse la
Bulgarie à la guerre.
En cas de victoire la
tutelle austro-hongroise.
• Les grandes puissances instituent
la principauté d'Albanie et garantissent
sa neutralité ; elles acceptent l'union
de la Crète à la Grèce.
t:ltalie maintient
son occupation des iles du Dodécanèse,
sous le prétexte de troubles
occasionnés par des troupes
irrégulières turques en Tripolitaine.
UNE PRÉFIGURATION
DE LA GRANDE GUERRE
• Les guerres balkaniques modifient
profondément le rapport de force
international.
Elles constituent un échec
pour la Triplice (Allemagne, Autriche
et Italie).
Équipées et instruites par
Berlin, les armées turques et bulgares
ont été défaites par la Serbie et la
Grèce.
financées par Paris et Londres.
• La Triple Entente (Angleterre.
France
et Russie) établit de nouvelles alliances
dans les Balkans, avec la Serbie,
la Roumanie et la Grèce .
• Afin de redresser l'empire ottoman,
Berlin entreprend de reconstruire
l'armée turque et encourage une
alliance entre la Turquie et la Bulgarie.
• 1914 Le nationalisme serbe
se renforce, animé par des sociétés
secrètes comme la Main Noire,
que dirige le chef des services
de rens eignement serbe, et qui recrute
parmi les étudiants.
• C'est l'un d'entre eux, Gavrilo Princip,
qui est choisi pour assassiner l'archiduc
François-Ferdinand, héritier de
la couronne austro-hongroise.
Cet assassinat (28 juin), perpétré
à Sarajevo, en Bosnie, sera le détonateur
de la Première Guerre mondiale..
»
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