Les années quarante ou la mémoire douloureuse de 1940 à 1949 : Histoire
Publié le 08/12/2018
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Les années quarante ou la mémoire douloureuse
Les anciens combattants de la Grande Guerre pensaient s’être battus pour la « der des ders ». Vingt et un ans plus tard l’Europe mobilisait. En fait, la Seconde Guerre mondiale avait débuté en Asie dès 1937 quand, dans l’indifférence quasi générale, les Japonais avaient entrepris la conquête systématique de la Chine. Cette guerre, les États fascistes et le Japon la voulurent. Exploitant les rancœurs causées par le redécoupage territorial des années 20, ils virent dans l’affrontement guerrier comme une réponse aux crises, économique mais aussi politique et culturelle, qui frappaient alors la majeure partie des pays européens, le moyen privilégié de dégager l’homo fascistus des oripeaux des démocraties libérales ou d’affirmer la supériorité de la race nippone. Auparavant, une série de coups diplomatiques avaient permis au Reich de s’emparer de l’Autriche puis de la Tchécoslovaquie, au Japon de vassaliser une partie de l’Asie, prouvant qu’il leur était possible de conquérir leur espace vital, d’app’iquer les deux programmes du Lebensraum et du Dai Nippon. Ces réussites stupéfiantes avaient conforté les régimes en place, renforçant les militaires au Japon, ralliant au nazisme des populations à qui ces triomphes faisaient oublier la répression intérieure et les difficultés économiques.
Il faut bien dire que le reste du monde avait choisi alors de faire la part du feu : les États-Unis se souciaient surtout de leur crise économique et, malgré les avertissements de Franklin D. Roosevelt, avaient négligé l’expansion japonaise dans le Pacifique. L’Angleterre conservatrice préférait brader le Mitteleuropa, croyant qu’Hitler protégeait l’Europe de l'Ouest de la contagion bolchevique. Quant aux Français, ils pensaient dans leur majorité qu’ils ne pouvaient s'offrir une bataille de la Marne tous les vingt ans. Ajoutons qu'un événement peu prévisible va accélérer le déclenchement du conflit : la conclusion du pacte germano-soviétique, qui permet à Staline d’être spectateur tout en participant au dépècement de la Pologne. Le prix payé par les démocraties libérales et par les Soviétiques sera démesuré.
Le déroulement de la guerre fut surprenant. Alors qu’on s’attend à une guerre d’usure, le Japon comme la Wehrmacht foudroient littéralement leurs adversaires, à Pearl Harbor comme dans la campagne de 40. Ce Blitzkrieg, la guerre éclair, est nécessaire à des puissances qui n’ont pu réarmer en profondeur et doivent vivre sur les pays conquis ou vassalisés.
Ce pari est d’abord gagné : à la fin de 1941, le Grand Reich s’étend, de fait, de la Russie centrale à l’Atlantique, et les rares pays demeurés neutres se gardent de le mécontenter ; six mois après le raid sur Pearl Harbor, le « Grand Japon », maître des territoires et des archipels de l’Extrême-Orient, confine à l’Australie et à l’Inde.
«
qui
ont eu priorité sur des trains de munitions allemands partant sur
le front russe.
Les techniques de la guerre en furent bouleversées : sur mer (les
porte-avions, les mines), dans les combats terrestres (chars,
bazookas).
La guerre psychologique, et notamment la guerre des
ondes, fut chargée de gagner la bataille du moral.
Ce fut aussi une
«guerre de sorciers» scientifiques : Hitler qui ne croyait pas
suffisamment à la science, les Japonais qui se laissèrent dépasser,
perdirent cette guerre-là.
Et si les savants allemands mirent au point
les Vl et V2 et réalisèrent des progrès décisifs dans l'art des fusées,
reste que la maîtrise ultime de l'atome leur échappa.
La manière
même de mener la guerre changea : déroulant un véritable rouleau
compresseur de véhicules aussi bien militaires que sanitaires,
les Américains ne perdirent pas plus de 406 000 hommes en deux ans
et demi d'affrontements (on estime à près de 55 millions le nombre
des victimes, civiles et militaires de la Seconde Guerre mondiale),
et l'on sait que l'un des arguments qui décida Truman à utiliser
la bombe atomique fut la volonté d'éviter une perte supplémentaire
de Gl's.
Dans les autres pays, il est vrai plus exposés, les pertes furent
énormes ; depuis la guerre d'Espagne, les bombardements avaient
pour but de terroriser la population, pour provoquer l'effondrement
de la nation.
Au point que les Allemands perdirent en 1940 la �ataille
d'Angleterre pour s'être attaqués de façon systématique à des
objectifs civils en négligeant les usines aéronautiques.
En février
1945, le bombardement de la ville de Dresde, purement politique car
ce n'était pas une cible militaire prioritaire, fera plus de morts que
l'anéantissement d'Hiroshima.
Avec la guerre totale, l'exploitation des pays vassalisés aida les
vainqueurs à produire à la fois du beurre et des canons.
Il a été calculé
que les pays occupés avaient fourni 14% du PNB du Reich.
Enfin, jamais, depuis que le monde se vante d'être civilisé, la
répression ne fut à ce point planifiée : quelque 3 millions et demi
de prisonniers soviétiques sont morts, de faim pour la moitié ; en
Pologne, les élites d'une nation qu'on veut briser sont
méthodiquement éliminées.
Le système concentrationnaire, inhérent
au Reich nazi, et pour partie imité par le Japon, voit dans chaque
camp de concentration quelques centaines de SS avoir droit de vie et
de mort sur des dizaines de milliers de détenus affamés et exténués.
Pire encore, le génocide, au sens strict du terme, des Tziganes et
des Juifs : au moins 5 millions et demi de Juifs, hommes, femmes et
enfants, sont, d'une manière ou d'une autre, exterminés.
Le nazisme et, dans une certaine mesure, le militarisme japonais
ont laissé derrière eux comme une autre nouvelle peste : l'usage
systématisé de la torture, visant moins à obtenir par tous les moyens
des renseignements d'ordre militaire que cherchant à briser à l'avance
toute résistance.
Un usage qui depuis lors s'est banalisé.
Des minorités s'engagèrent aux côtés des vainqueurs : le mot
«Collaborer», on le sait, est d'époque.
Tous ne furent pas des
mercenaires, des marginaux ou des déclassés ; certains collaborèrent
pour des raisons tactiques (des nationalistes des pays colonisés) ou
idéologiques : l'antilibéralisme et surtout l'anticommunisme
renforçaient l'attirance à l'égard du fascisme ou des régimes
autoritaires.
En réglant un arriéré de comptes politiques, ces
minorités agissantes servirent au mieux d'épouvantails, au pire de
rabatteurs pour l'occupant.
D'autres choisirent de refuser activement
la défaite et l'occupation.
Les résistants surent le plus souvent être
efficaces sur le plan militaire en suscitant l'insécurité.
Mais les
retombées de leur action furent avant tout d'ordre politique, même si
les grandes puissances tinrent ces mouvements pour de simples pions
sur leur échiquier.
Mouvements polyvalents, avec leurs« journaux»,
leurs universités clandestines (en Pologne), leurs «armées secrètes >>,
leurs structures gouvernementales (le CNR en France), ont préparé
des relèves tout en donnant un sens à ces années noires, afin
que soient oubliés les traumatismes de la défaite.
Ces combats de
l'ombre consacrant la pérennité de la nation préfigurent les guerres.
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