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Les années Mitterrand (1981 - 1996) : Politique, économie

Publié le 17/01/2022

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 « Il faut laisser le temps au temps... «
 Onze fois ministre, deux fois président de la République, homme de droite puis de gauche, celui que le général de Gaulle appelait « le Rastignac de la Nièvre «, est un animal politique hors du commun, un prince machiavélien.
 François Mitterrand n'est pas né fils du peuple, mais appartient à une famille bourgeoise aisée et dévote. Jeune homme conformiste, il fréquente la droite nationaliste mais s'intéresse davantage à la littérature qu'au militantisme. Fait prisonnier en 1940, il s'évade pour aller retrouver celle qu'il aime, Catherine Langeais. En 1942, il travaille comme haut fonctionnaire pour Vichy, ce qui lui vaut d'être décoré de la francisque par le maréchal Pétain. En 1943, il entre dans la Résistance sous le nom de Morland. À la Libération, réfractaire au communisme, opposé au général de Gaulle, il devient député de la Nièvre (1946) et l'un des chefs de l'UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance). Il participe à divers gouvernements de la IVe République, notamment comme ministre de l'Intérieur du gouvernement Mendès France.
 Avec l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir (1958), François Mitterrand devient son principal opposant et se convertit au socialisme. Dans son livre le Coup d'État permanent (1964), il accuse la Ve République d'être une monarchie républicaine taillée pour le général. Après son échec aux élections présidentielles de 1965, Mitterrand prend la tête du nouveau parti socialiste au congrès d'Épinay (1971). Grâce à son alliance avec les communistes (Programme commun) et face aux divisions de la droite, François Mitterrand est élu le 10 mai 1981 président de la République avec 51,7 % des voix. Il adopte la posture d'un monarque républicain, laissant à ses Premiers ministres une faible marge de manœuvre. Il entreprend de « changer la vie « en rendant la société plus égalitaire (impôts sur les grandes fortunes), plus solidaire (retraite à soixante ans, cinquième semaine de congés payés, semaine de trente-neuf heures) et moins capitaliste (nationalisations). Il abolit la peine de mort.
 Mais dès 1983, Mitterrand abandonne le programme socialiste au nom de la rigueur budgétaire : combat contre l'inflation, arrêt des nationalisations, privatisations. L'exclusion et le chômage progressent tandis que l'extrême droite s'installe dans le paysage politique. Profondément européen, Mitterrand contribue à la réconciliation franco-allemande et à la signature des accords de Maastricht (1992). Mais il ne comprend pas la réunification allemande et l'évolution politique de l'URSS.
 Les dernières années prennent la forme d'une fin de règne : suicide de Pierre Bérégovoy, révélation des affaires (Pelât, Carrefour du développement...) On apprend qu'il est atteint d'un cancer depuis 1981 et qu'il a une fille cachée, Mazarine. Plus grave : la révélation sur son passé à Vichy et son amitié avec René Bousquet, exécuteur de la rafle du Vel' d'Hiv'. Comme les grands bâtisseurs, le sphinx Mitterrand mène une politique de grands travaux (pyramide du Louvre, Opéra Bastille, Grande bibliothèque, arche de la Défense). 

« Les A nnées Mitterrand {1981·1996) Longtemps critiquées par F ran çoi s Mitterrand, les institutio ns de la v· République ont pourtant permis l'alternance politi qu e: en mai 1981, contre t out e attent e, une majorité des électe ur s por te le candidat socialiste à l'El ysée.

~ ' élection de François Mitterrand à la prési­ dence de la République met un terme à une longue traversée du désert de la gauche française.

Au début de la v· République, le Parti communiste - tout-puissant à la Libération -a perdu des électeurs séduits par le gaullisme.

Quant au mouvement socialiste, il est divisé depuis 1960: son aile gauche dissidente a fondé le Parti socia­ liste unifié (PSU).

Il appartient au député et ancien ministre de la IV• République, François Mitterrand , de fédérer la gauche non communiste.

En juillet 1969 , la Sec­ tion française de l'internationale ouvrière (SFIO) et certains clubs de gauche créent le Parti socia­ liste (PS) qui se donne pour objectif principal l'alliance avec les communistes.

En juin 1971 , François Mitterrand prend la tête du PS: il en fera l'instrument de son ascension personnelle.

Dix ans plus tard, il bat le chef de l'État sortant, Valéry Giscard d'Estaing, lors de l'élection présidentielle.

Le temps des réformes Le 10 mai 1981, François Mitterrand devient le quatrième président de la V• République.

Pierre Mauroy forme le premier gouvernement socialiste.

Remanié après des élections législatives antici­ pées, qui donnent une majorité absolue aux socialistes à l'Assemblée nationale, le cabinet Cérémonie ......

au Panthéon après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981.

L 'état de grâce est de courte durée , et les socialistes doivent faire face à la crise économique : le chômage dépasse alors la barre des deux millions de personnes , et la dette extérieure s 'accroit dans des proportions alarmantes .

' Concert organisé par SOS Racisme , le 18 juin 1988 .

L ' arrivée de la gauche au pouvoir est accueillie avec un grand enthousiasme par une partie importante de la jeunesse.

Pour nombre de jeunes , la gauche symbolise la justice sociale , la fin de •l'argent roi », l'égalité pour tous , voire le triomphe de la morale .

Mauroy comprend quatre ministres commu­ nistes.

Mettant à profit une période d'état de grâce , le gouvernement socialiste lance un pro­ gramme de réformes: abolition de la peine de mort, nationalisations , impôt sur le capital, décentralisation, cinquième semaine de congés payés , légalisation des radios libres.

Rien ne semb le devoir arrêter la volonté réformatrice des socialistes, et surtout pas la droite, abasourdie par sa double défaite, présidentielle et législative.

Le temps des nuages Plutôt bien accueillie au départ par l'opinion , cette politique de changements se heurte à plu­ sieurs difficultés économiques aggravées par la persistance de la crise mondiale.

Alors que le chômage ne cesse d'augmenter- il y a deux mil­ lions de chômeurs en 1982 -, le déficit budgé­ taire, creusé par les dépenses publiques, et le maintien d'un taux d 'inflation élevé (14%) condui­ sent à une grave crise monétaire: le franc doit être dévalué trois fois en trois ans.

Après les élections municipales de mars 1983, marquées par un net recul de l!J.

gauche, le gouvernement Mauroy est remanié.

A l'euphorie. »

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