Léon Blum
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
La Première Guerre mondiale et la mort brutale de Jaurès projettent Léon Blum, ce fils de bourgeois, frêle et élégant, licencié en lettres et en droit, sur les devants de la scène politique.
Certes, son nom est lié depuis longtemps à ceux de Jaurès et de la S.F.I.O.
Ce qui l'avait rapproché du tribun socialiste, c'était une même conception idéaliste du Socialisme, où les influences marxistes et kantiennes se mêlent et où la référence aux idées de 1789 est toujours présente.
De Jaurès , Blum a hérité le goût de concilier des notions apparemment opposées, telles que Socialisme et Parlementarisme, révolution et réformisme, ou encore internationalisme et patriotisme.
Mais,jusqu'en 1914, il avait refusé de se mêler à la politique active, préférant ses fonctions de Conseiller d'État et ses activités de critique littéraire, où son intelligence hors ducommun et sa culture immense et raffinée lui avaient acquis une très grande réputation.
La mort de son ami le fait brusquement sortir de sa tour d'ivoire.
Estimant qu'il est appelé à défendre l'héritage politique de Jaurès P169 , il prend peu à peu la place laissée par celui-ci à l'intérieur de la S.F.I.O.
Devenu, après son élection à la Chambre en 1919, président du groupe parlementaire socialiste et par la suite directeur politique duPopulaire , Blum apparaît vite comme le véritable dirigeant de la S.F.I.O.
Et ceci bien qu'il n'ait pas les qualités habituelles d'un leader de gauche : très intellectuel, presque timide, scrupuleux jusqu'à l'excès et souvent indécis, il a comme seuls atouts son intégrité absolue, l'absence de toute ambition personnelle et son dévouement sans bornesà la cause du Socialisme.
Que l'apparente fragilité de Blum cache en réalité une grande force de caractère, ceci se manifeste au Congrès de Tours (décembre 1920), où, contre la majorité desdélégués, il refuse, au nom de l'idéal démocratique de Jaurès P169 , l'affiliation de la S.F.I.O.
à la IIIe Internationale, acceptant même, le cœur déchiré, la scission du Socialisme français.
Mais la cohésion du Parti Socialiste reste menacée par la cohabitation en son sein d'une tendance réformiste et d'une aile révolutionnaire.
Blum, en tant que chef du Parti,doit constamment naviguer entre ces deux écueils.
Il tente, sans toujours y réussir, de concilier une finalité révolutionnaire avec une réalité constitutionnelle etparlementaire.
Ainsi, il soutient certains gouvernements radicaux, mais refuse d'y prendre des responsabilités. La S.F.I.O.
bénéficie de sa non-participation aux combinaisons ministérielles au moment où le pays, las de la crise et des scandales, aspire au changement.
La menace queles mouvements fascistes et réactionnaires font planer sur l'Europe et sur la France ( événements du 6 février 1934 ) laisse apparaître l'union de toutes les forces de gauche comme le meilleur rempart contre le fascisme.
Blum est longtemps hésitant devant l'unité d'action avec les Communistes, mais une fois celle-ci réalisée (été 1934), il enressent l'élan et la prend entièrement à sa charge.
Il se sent toutefois plus à l'aise quand, au cours de l'été 1935, les Radicaux se joignent au Rassemblement populaire , mettant fin ainsi au tête-à-tête entre Socialistes et Communistes.
Les élections du printemps 1936 donnent aux partis du Front populaire la majorité à la Chambre.
Blum, le leader du parti le plus fort à l'Assemblée, est tout désigné pour devenir le chef du gouvernement.
Avec lui, c'est la première fois en France qu'un socialiste, israélitede surcroît, accède à la présidence du Conseil.
Au moment où Blum prend ses fonctions (4 juin), la situation est quasiment révolutionnaire.
Depuis le mois de mai, des grèves avecoccupation des locaux paralysent l'activité économique du pays.
Blum estime qu'il n'a pas reçu mandat pour transformer cemouvement revendicatif en révolution.
Il met en balance toute son autorité personnelle pour faire cesser cette vague de grèves, laplus importante que la IIIe République ait connue.
L'allure de fête des grèves sur le tas reflète l'énorme enthousiasme soulevé par ce premier gouvernement de Front populaire.
Cet élan se retrouve sur le plan législatif.Jamais autant de réformes n'ont été votées en si peu de temps.
Par les accords de Matignon KW009 , Blum réussit à arracher au patronat d'importantes concessions, notamment les conventions collectives et les congés payés P036M2 .
Mais à l'automne, le Front populaire commence à s'essouffler.
Les mesures économiques du gouvernement, sorte de New Deal KW138 français, ne réussissent pas à relancer la production.
Aux faiblesses structurelles de l'économie s'ajoute la fuite des capitaux qui plonge le pays dans d'énormes difficultés de trésorerie.
Contre sesconvictions intimes, Blum est contraint à dévaluer (septembre 1936) et à annoncer, en février 1937, une pause dans la réalisation du programme du Front populaire.
C'est cependant dans le domaine international que Blum connaît ses pires déceptions.
La non intervention en Espagne, résultat despressions conjuguées de la droite et des Radicaux, n'est pas seulement un échec personnel particulièrement douloureux pour Blum,elle menace aussi gravement la cohésion du Front populaire.
Le premier gouvernement Blum n'échoue pourtant pas sur ses contradictions internes, mais sur un vote négatif du Sénat (20 juin1937).
Blum, estimant avoir perdu la confiance du pays, démissionne le lendemain.
C'est la fin de l'expérience de Front populaire,même si les gouvernements suivants, dont le deuxième et éphémère gouvernement Blum (13 mars - 8 avril 1938), reposent toujourssur une majorité de gauche.
Même éloigné du pouvoir, Blum continue à se battre pour le réarmement rapide de la France et pour le renforcement de ses alliances.Lui qui, jadis, fut un pacifiste convaincu, prêche maintenant la fermeté à l'égard des dictateurs fascistes.
Depuis 1936, Blum est traîné dans la boue par la droite française.
La guerre et la débâcle vont accentuer cette haine.
Blum donne la mesure de son courage en se rendant àVichy pour voter, le 10 juillet 1940, contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain P2309 et en refusant ensuite de quitter le pays malgré les insistances de ses proches.
Il est arrêté le 15 septembre 1940, accusé d'être le principal responsable de la défaite et traduit devant le tribunal exceptionnel de Riom, où il transforme son procès enréquisitoire contre le régime de Vichy.
Emprisonné d'abord en France, il est transféré en avril 1943 à Buchenwald.
Deux ans plus tard, il est libéré par des unitésaméricaines et à son retour à Paris, le 14 mai 1945, la population lui réserve un accueil triomphal.
Blum se relance immédiatement dans la vie politique.
Il refuse le poste de ministre d'État que lui offre De Gaulle P115 préférant, se consacrer à d'autres tâches.
En décembre 1946, il accepte pourtant de former un gouvernement intérimaire en attendant que les institutions de la IVe République soient mises en place.
Ce troisièmecabinet Blum, qui ne dure qu'un mois, prend d'importantes mesures dans le domaine économique (blocage des salaires, réduction des prix de 5 %) et se trouve confrontéavec les débuts de la guerre d'Indochine.
Dans les dernières années de sa vie, Blum met l'accent sur la réflexion politique.
La combativité socialiste s'émousse en lui pour laisser la place à la volonté deréconciliation générale.
Il prend une part active à la création de l'Unesco et, rejetant la responsabilité collective de l'Allemagne, il se déclare chaud partisan del'unification européenne.
Mais son principal souci est désormais la sauvegarde de la République.
L'estimant menacée à la fois par l'intransigeance stalinienne desCommunistes et par les aspirations présidentielles du génral De Gaulle P115 , il accepte, en novembre 1947, de sortir une dernière fois de l'ombre pour former un gouvernement de Troisième Force.
Il échoue de justesse devant la Chambre où il lance un vibrant appel au sauvetage de la République, véritable testament politique.
Il meurt à Paris, trois ans plus tard, à l'âge de soixante-dix-huit ans..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- MARIAGE (Du) de Léon Blum. Résumé
- MARIAGE (Du) de Léon Blum
- léon blum
- Aubriot, Hugues Auriol, Vincent Babeuf, Gracchus Barbès, Armand Bérégovoy, Pierre Bidault, Georges Blanqui, Louis Auguste Blum, Léon Boulanger,
- Léon Blum par Marianne Benteli Diplômée de l'Institut d'Études Politiques, Paris La Première Guerre mondiale et la mort brutale de Jaurès projettent Léon Blum, ce fils de bourgeois, frêle et élégant, licencié en lettres et en droit, sur les devants de la scène politique.