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L'entrevue de Montoire (24 octobre 1940). Commentaire de document.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Questions destinées à guider la réflexion du candidat :
 
 1. Replacez cette allocution dans son contexte historique, notamment en rappelant les conditions de l'armistice.
 
 2. Définissez la politique engagée par le maréchal Pétain. Quels types de justifications en donne-t-il?
 
 3. Une autre voie est, au même moment, proposée aux Français : comment le maréchal Pétain y fait-il allusion dans son allocution?
 
 Document
 
 Allocution du maréchal Pétain, le 30 octobre 1940 (dans Recueil des discours et allocutions prononcés par le maréchal Pétain..., tome I, Le Mans, 1941).
 
 « J'ai rencontré, jeudi dernier, le Chancelier du Reich; cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes... C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer. Je n'ai subi de sa part aucun diktat, aucune pression... Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays...
 
 C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d'occupation. Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire...
 
 L'armistice, au demeurant, n'est pas la paix. La France est tenue par des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur; du moins, reste-t-elle souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d'éteindre les divergences de l'opinion, de réduire la dissidence de ses colonies.
 
 Cette politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C'est moi seul que l'Histoire jugera. Je vous ai tenu le langage du père. Je vous tiens aujourd'hui le langage du chef. Suivez-moi! Gardez votre confiance en la France éternelle! «

« soumission.

Il a répondu à une « invitation » d'Hitler, il n'y a pas eu de « diktat », ni de pression (sous-entendu dechantage).

La poignée de main, accordée par le Chancelier, est supposée souligner le « respect » que le Maréchal(et, à travers lui, la France) inspire au Führer.

La collaboration est donc la « voie » choisie par Pétain qui ensouligne les avantages possibles. 1.

Maintenir l'unité française La collaboration permettrait d'éviter un démembrement de la France provoqué par : • une amputation de la France imposé par les vainqueurs.

Clemenceau n'a-t-il pas demandé, en 1918, la créationd'une Rhénanie indépendante? • Les mouvements séparatistes dans certaines provinces (cf.

statues de Duguesclin endommagées en Bretagne). • L'indépendance des colonies profitant des circonstances (ou du soutien italien). 2.

L'activité constructive d'un nouvel ordre européen • Les puissances de l'Axe gagneront la guerre, selon toute vraisemblance: en 1941, l'Angleterre est isolée, soumise àun intense bombardement; on s'attend à son effondrement.

• Un nouvel ordre européen sera alors instauré.

Les traités de paix imposés à la France dépendront alors de sonattitude avant la victoire complète de l'Allemagne. • Une harmonisation des économies peut profiter à la France.

Le « retour à la terre » préconisé par Pétain, pourraitfaire de la France le « grenier de l'Europe ». • Un grand rôle maritime et colonial pourrait être réservé à la France si elle devient, à la place de l'Italie mépriséepar Hitler (entrée tardive dans la guerre), l'alliée privilégiée de l'Allemagne.

La France profiterait ainsi de la défaite etdu déclin de l'Angleterre. 3.

« Alléger le poids des souffrances » Grâce à un rapprochement avec l'Allemagne, la France pourrait : • Obtenir la libération plus rapide de plus d'un million de prisonniers encore détenus en Allemagne (des jeunes, deschefs de famille, des travailleurs nécessaires à l'économie, etc.). • Réduire les frais d'occupation (400 millions par jour) qui pèsent lourdement sur les finances françaises. • Permettre une reprise des échanges, considérablement entravés par la ligne de démarcation, entre les deux zoneset des régions économiques jadis complémentaires.

On pourrait ainsi relancer l'économie et résorber un importantchômage.

Les entreprises françaises travaillant normalement seraient alors à même de « vendre » des produits àl'Allemagne : le pillage (les réquisitions) serait alors inutile et la main-d'œuvre (y compris les prisonniers libérés)pourrait rester en France (par opposition à la « Relève » et au S.T.O.

que les Allemands exigeront plus tard deLaval). II.

Un impératif immédiat : l'autorité de Pétain Mais cet avenir meilleur ne peut être atteint que si, au préalable, certaines conditions sont remplies. 1.

« L'armistice n'est pas la paix » Pétain rappelle, discrètement, que le non-respect des conditions d'armistice, soit en raison de la mauvaise volontéde Vichy, soit parce que son gouvernement ne serait pas à même de faire respecter sa « souveraineté » (cf.

actionde dé Gaulle), pourrait entraîner une reprise des hostilités (le plan « Attila » d'occupation totale de la France par lesAllemands est prêt dès la fin de 1940). 2.

« La France est tenue par des obligations » Vichy n'a pu obtenir de conserver sa « souveraineté sur l'ensemble du territoire », qu'à condition de : • « Défendre son sol.

» La France est tenue de répondre, avec sa maigre armée et sa flotte, à toute éventuelleagression anglaise ou autre.

Pétain évoque ici, sans doute, Mers el Kébir (juillet 1940). • « Eteindre les divergences de l'opinion ».

Allusion à l'appel du 18 juin et à l'incitation à poursuivre le combat.

DeGaulle est condamné à mort par contumace le 2 août 1940.. »

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