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L'Empire et la Papauté (Histoire)

Publié le 22/02/2012

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De la première croisade à la découverte du Nouveau de la renaissance du XIIe siècle à l'aube de la grande Renaissance des humanistes, ce sont quatre siècles d'une histoire particulièrement dense où s'inscrit le Moyen Âge occidental dans son plus large accomplissement ; le Moyen Âge, période intermédiaire, comme l'indique assez l'expression, qui a derrière soi déjà au moment où nous le prenons tout un millénaire de profondes mutations et qui porte en soi toutes les virtualités du monde à venir : quatre cents ans d'efforts conquérants traversés de multiples angoisses, tel est le cadre où se sont affirmées dans leur affrontement sans merci les deux plus grandes puissances qui dominaient alors de toute leur stature l'Europe et ses confins immédiats, c'estàdire, aux yeux des contemporains, l'universalité des hommes : l'Empire et la Papauté. Et dans nos manuels d'histoire, les gros titres se succèdent inévitablement, comme ils s'imposent à notre mémoire dans leur formulation stéréotypée : querelle des investitures, lutte du Sacerdoce et de l'Empire, à la recherche du "dominium mundi", Guelfes et Gibelins, la papauté d'Avignon, le grand Schisme, la crise conciliaire...
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« disposition, le point de départ d'un nouveau conflit, la "querelle des investitures", au cours duquel l'empereur HenriIV, l'humilié de Canossa (1077) et le pape Grégoire VII allaient se dresser l'un contre l'autre et qui ne s'apaiseraqu'en 1122 grâce au compromis que représente le concordat de Worms.

De ce duel le pape sortait le grandvainqueur, les fondements de sa puissance avaient été réaffirmés, dans un texte célèbre sorti d'un trait de la plumede Grégoire VII, les Dictatus papae, des formules étaient nées, bien faites pour frapper l'imagination : le souverainpontife, parce qu'il est le claviger, entendez qu'il a hérité des clefs de saint Pierre, a seul pouvoir de lier et de délier; il est, comme le soleil, source de toute lumière dont les puissances temporelles, à l'instar de la lune, ne sont que lereflet, il dispose des deux glaives qui garantissent l'ordre du monde et si le spirituel demeure constamment dans sesmains, c'est sur son ordre seulement et au profit de l'Église que l'empereur peut tirer le second, le glaive temporel,qui lui a été confié à cette fin : autant d'images et qui seront reprises avec quelle force par Innocent III, lesquellesdissimulaient mal pourtant l'immense perte de prestige et de substance que l'Église romaine avait subie lorsqu'en1054 l'Église d'Orient s'était réfugiée dans le schisme. C'est Urbain II, moine de Cluny comme son maître et prédécesseur de Grégoire VII, qui, le premier, mesura lesconséquences de ce schisme et entreprit de redonner à l'Église l'unité qu'elle avait perdue en faisant de la croisadeune expédition de secours au profit des chrétiens séparés tout autant qu'une entreprise de guerre destinée à veniren aide aux armées de Byzance que menaçaient dangereusement les Turcs.

Mais ce n'est plus l'empereur qui estalors en mesure de prendre en mains l'action de force et de persuasion qui aurait du lui revenir en sa qualitéd'imperator christianorum et c'est en France, à Clermont, qu'Urbain II viendra en 1095 prêcher la croisade,choisissant luimême le chef de l'expédition et les itinéraires qu'elle aurait à suivre. L'Empire, cependant, n'allait pas tarder à recouvrer toute sa puissance.

De cette renaissance les princes de lamaison de Hohenstaufen devaient être les artisans et d'abord le plus grand d'entre eux, Frédéric Ier Barberousse,rendant inévitable la reprise de la lutte du Sacerdoce et de l'Empire étendue cette fois à l'Allemagne et à l'Italie toutentières.

A la mort de l'empereur Lothaire II de Supplimbourg (1137), les électeurs avaient porté leur choix surConrad de Franconie et ce choix était déjà un programme, car il signifiait à leurs yeux le souci d'affirmerl'indépendance retrouvée de l'Empire visàvis de la papauté : le nom d'un des châteaux des ducs de Franconie,Weiblingen, devait servir de mot de ralliement aux tenants de la suprématie impériale comme le prénom en honneurdans la famille des ducs de Bavière, Welf, était déjà le symbole des partisans de la papauté.

Née en Allemagne sousla forme d'une rivalité dynastique, la rivalité des Weiblingen et des Welf était grosse du confit prêt à renaître entrel'empereur et le pape, mais en passant les Alpes les noms changeront de forme en se chargeant d'un sens nouveau :les Guelfes seront les partisans de l'indépendance italienne sous le protectorat du pape, les Gibelins ceux de lasoumission de l'Italie aux Césars germaniques. Or Rome n'avait jamais cessé d'agir comme un aimant sur les rois de Germanie, candidats désignés à l'Empire : élu en1152, Frédéric 1er Barberousse n'aura de cesse que de se rendre à Rome pour y recevoir la couronne impériale et,comme tant de ses prédécesseur, il entreprendra ce long voyage vers la Ville éternelle qui a tellement frappél'imagination des contemporains : le "Romzug" c'était en effet tout un cortège de princes laïcs et ecclésiastiques sedéplaçant d'une ville à l'autre, accompagnés de leurs bagages et sous la protection d'une troupe en armes, image deterreur et de magnificence à la fois dont tous les récits du temps ont conservé le souvenir.

Or au moment oùFrédéric Ier Barberousse franchit dans cet appareil le col du Brenner, Rome est en pleine révolution : sous laconduite d'Arnaud de Brescia, un disciple d'Abiélard, venait de s'y établir un gouvernement populaire, obligeant lepape à abandonner la ville.

Adrien IV avait pu cependant y rentrer pour la cérémonie du couronnement, mais c'estune ville livrée à l'émeute que Frédéric avait du à son tour quitter aussitôt après : il y avait loin de la figurationsymbolique de la Ville éternelle qui ornait l'avers de son sceau, de l'aurea Roma que le burin du graveur y avaitreprésentée à la réalité tragique dont il venait de faire l'expérience : Rome allait être, de ce jour, une ville interditeaussi bien au pape qu'à l'empereur et elle le demeurera jusqu'à l'aube des temps modernes. Frédéric Ier Barberousse n'en poursuivait pas moins pour autant son rêve de restauration de la puissance impériale,et d'abord dans le souvenir de celui qui demeura le grand empereur Charlemagne, à la gloire duquel il ne manquaitque de ne pas être un saint : en 1165 Charlemagne sera canonisé, par l'antipape Pascal III il est vrai, dont Frédéricavait embrassé la cause au moment même où Alexandre III trouvait refuge auprès du roi de France Louis VII etposait à Paris la première pierre de la nouvelle église abbatiale de SaintGermaindesPrés et de NotreDame de Paris.

Endonnant d'autre part comme épouse à son fils Henri VI l'héritière du royaume de Sicile, Constance (le mariage futsolennellement célébré en 1187 à Milan), Frédéric Ier Barberousse crut avoir trouvé le moyen de tenir à sa merci lapapauté et l'Italie guelfe, enserrées qu'elles seraient désormais entre les deux extrémités de la péninsule soumises àla domination des Hohenstaufen : la manœuvre devait en fait se retourner contre l'Empire dont le centre de gravitéallait se trouver dangereusement déplacé et le fils d'Henri VI et de Constance, Frédéric II, le dernier empereurHohenstanfen, se sentira et se conduira beaucoup plus comme un prince italien que comme un souveraingermanique.

Figure attachante entre toutes, Frédéric II a pu paraître, aux yeux de ses contemporains, comme leplus grand monarque de son temps, son long règne peut être retenu comme l'un des moments les plus brillants de lacivilisation médiévale : son tombeau, que conserve la cathédrale de Palerme, pour somptueux qu'il soit, n'endemeure pas moins comme le symbole d'un échec, l'échec de l'Empire qu'ont précipité les quatre grands pontifes quise sont alors succédé sur le trône de saint Pierre : Innocent III, Honorius III, Grégoire IX et Innocent IV.

Interditpar l'un, excommunié par l'autre, Frédéric II avait cru trouver dans la croisade une planche de salut et, de retour enItalie, pouvoir avec son chancelier Pierre de la Vigne rétablir sa toutepuissance.

Mais il était impossible de gouvernerl'Allemagne depuis Naples ou Palerme et la présence de l'empereur à Palerme ou à Naples était insupportable à lapapauté qui n'oubliait pas que le royaume de Sicile était un royaume vassal du SaintSiège.

Déposé au concile deLyon en 1245, Frédéric II ne sera plus que l'Antéchrist que, dans sa vision eschatologique du monde, Joachim de. »

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