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L'Église catholique de 1789 à 1914 (Histoire)

Publié le 27/02/2008

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La Révolution française inaugure l'un des " tournants " les plus décisifs de l'histoire de l'Église. En même temps que s'effondre l'organisation politique et sociale de l'Ancien Régime, la formule politico-religieuse en vigueur depuis des siècles, l'intime union de l'Église et de l'État, est battue en brèche par un esprit nouveau qui tend, dans les pays catholiques, à limiter de plus en plus l'influence du clergé dans la vie de la nation, mais qui permet en même temps dans les pays protestants d'entrevoir une ère de plus grande liberté pour les catholiques, victimes jusqu'alors du système de la religion d'État.                Bien que la crise se préparât depuis longtemps, elle prit si soudainement des proportions si dramatiques que les autorités ecclésiastiques furent d'abord débordées et que l'Église sembla à deux doigts de sa perte. Rien ne laissait pourtant prévoir au cours des derniers mois de 1789 qu'un conflit grave était sur le point d'éclater entre l'Église de France et l'Assemblée constituante, ni surtout que les événements de France allaient de proche en proche bouleverser en quelques années les structures et les mentalités religieuses dans une grande partie de l'Europe.                Le confit éclata à propos de la Constitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790, qui constituait un effort intéressant pour insérer l'Église de France dans les cadres d'un État rénové, mais que les autorités civiles eurent le tort de vouloir imposer sans entente préalable avec Rome. Il s'envenima bientôt par suite de l'attitude hostile du Saint-Siège et de la majorité du clergé émigré à l'égard de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, dont les principes apparaissaient à de nombreux théologiens comme incompatibles avec l'ordre social voulu par Dieu. La " Seconde Révolution " du 10 août 1792 et l'arrivée au pouvoir des " sans-culottes ", franchement antireligieux pour la plupart, accélérèrent encore le processus. La persécution violente accompagnée de tentatives systématiques de " déchristianisation " ne dura toutefois qu'une année, de l'été 1793 à l'été 1794, mais elle fut suivie de cinq années de séparation hargneuse, et même franchement hostile à partir de l'automne 1797.       
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« L'Église disposait pour cette tache de plusieurs atouts importants, ambivalents à longue échéance mais précieux dans l'immédiat.

D'une part, lesgouvernements se sont convaincus que l'autel est la plus sûre protection du trône et que, parmi les institutions traditionnelles à rétablir ou àconsolider, l'Église doit figurer en bonne place.

Les autorités ecclésiastiques, très conscientes de l'importance des institutions pour soutenir lareligion des masses, profitèrent de cette mentalité, et Pie VII P2336 notamment, servi par l'habileté et le réalisme de son secrétaire d'État Consalvi, réussit, au prix de certaines concessions à l'esprit du siècle, à conclure en Allemagne et en Italie une série de concordats avantageux.

En secompromettant de la sorte avec les forces réactionnaires, l'Église risquait de se couper des éléments jeunes et dynamiques, définitivement conquisaux idéaux de la Révolution, mais les responsables catholiques furent obnubilés à la fois par l'espoir chimérique de pouvoir recréer une nouvellechrétienté avec l'aide des gouvernements contre-révolutionnaires et par les avantages apostoliques immédiats qu'ils trouvaient dans cette aide,qui explique certainement la rapidité avec laquelle les cadres ecclésiastiques, très éprouvés, purent être reconstitués.

Parallèlement, une évolution se produisait dans le monde intellectuel.

Le désarroi provoqué par vingt années de troubles avait fait réfléchir etbeaucoup en étaient venus à douter de la bienfaisance de l'idéologie rationaliste de l'âge des Lumières KW129 , qu'on rendait responsable de la catastrophe.

Un peu partout, on renonce, déçu, à l'idée de progrès pour faire retour à la tradition.

Une tradition qui plonge en plein Moyen Âgecatholique et qui exerce son prestige même dans les milieux protestants, où l'on va enregistrer une série de conversions retentissantes à l'Égliseromaine.

Cette modification du climat intellectuel, entretenue par les penseurs contre-révolutionnaires français, dont l'influence contrebalance àtravers l'Europe le prestige international des philosophes du XVIIIe siècle, est encore accentuée par la vogue du romantisme.

A la suite deChateaubriand L038 en France, de Stolberg L1863 en Allemagne, de Schlegel H1213 en Autriche, de Manzoni L1583 en Italie, on salue à présent dans le catholicisme une source féconde d'inspiration artistique.

Ce " romantisme catholique ", dont l'Église a bénéficié dans l'immédiat, n'était d'ailleurspas sans danger, car il confondait souvent la foi chrétienne avec une vague religiosité et préparait mal à affronter les problèmes de l'âge positiviste(initié par Comte) qui allaient caractériser le XIXe siècle.

Les révolutions de 1830, qui marquèrent les premiers craquements de l'Europe de la Sainte Alliance P124M1 , coïncidèrent avec l'élection de Grégoire XVI P1691 (1831-1846).

Les historiens modernes ont réagi contre la présentation classique qui faisait de lui le type du pontife réactionnaire et étroit d'esprit.

S'il fit preuve d'assez peu de compréhension pour le mouvement national italien et pour les aspirations de ses sujetsà voir réorganiser l'État pontifical sur des bases plus modernes, son action religieuse fut en bien des domaines féconde pour l'Église et bienavisée, notamment en ce qui concerne les missions, où tout était à réorganiser après les bouleversements du début du siècle, et il sut faire preuveà plusieurs reprises de souplesse à l'égard des gouvernements libéraux, en particulier à l'égard des jeunes républiques sud-américaines.

Sur le plandes principes, toutefois, il demeura intransigeant et c'est de son pontificat que date la première condamnation of officielle par l'Église des grandeslibertés modernes (encyclique Mirari vos de 1832).

Mais tandis que le Saint-Siège se raidissait de la sorte, une évolution s'amorçait dans l'Église.

Peu avant 1830, un certain nombre de jeunesecclésiastiques et laïcs, en particulier en Belgique puis en France, avaient commencé à se demander si la conception libérale de la sociétéconstituait vraiment un mal absolu et s'il n'était pas possible de la concilier dans une certaine mesure avec les principes catholiques.

Les unsprônaient cette conciliation pour des raisons pratiques : comme un moyen apologétique de regagner à l'Église la jeunesse intellectuelle ou commeune nécessité inéluctable en présence d'une évolution irréversible dont il fallait chercher à tirer parti au mieux des intérêts de l'Église.

Certainsfaisaient aussi remarquer que dans les pays à majorité protestante ou orthodoxe, où les catholiques étaient victimes du système de la religiond'État, l'instauration d'un régime plus libéral se traduirait pour eux par de sérieux avantages ; et d'autres faisaient observer qu'il en irait de mêmedans de nombreux pays catholiques où la protection gouvernementale se payait par de lourdes entraves à l'action apostolique de l'Église.

D'autresétaient même portés à considérer l'idéal démocratique qui inspirait les libéraux comme la réalisation du message évangélique qui invite à substituerl'égalité des natures à l'inégalité des conditions et la liberté de tous à la domination de quelques-uns.

Certains enfin souhaitaient introduire àl'intérieur même de l'Église les aspirations à la liberté qui animaient une partie de leurs contemporains.

C'est cette orientation générale d'esprit,comportant des nuances fort variées le système de Lamennais L1522 diffusé par l' Avenir , les idées et les réalisations de Lacordaire L1518 ou de Montalembert P2175 , " l'Unionisme " des catholiques belges alliés aux libéraux pour obtenir l'indépendance de l'Église, la tactique d' O'Connell P250 en Irlande, le réformisme de Hirscher en Allemagne, les aspirations d'un Rosmini P2468 en Italie, etc.

qui a reçu le nom de " libéralisme catholique " ou " catholicisme libéral ".

Elle allait constituer l'un des problèmes capitaux qui se posèrent à la conscience catholique tout au long du XIXe siècle,surtout dans les pays latins.

La solution se révéla d'autant plus ardue que, devant les résistances des autorités ecclésiastiques à accepterl'évolution à laquelle on les invitait, les libéraux prirent une attitude de plus en plus hostile à l'égard d'une Église qui leur apparaissait comme leprincipal obstacle sur le chemin de la liberté politique, de l'affranchissement intellectuel et du progrès en général.

Du coup, la plupart desresponsables catholiques s'en trouvèrent confirmés dans leur idée d'une incompatibilité entre l'Église et ceux qui, de connivence avec les francs-maçons et les héritiers des philosophes du XVIIIe siècle, visaient à renverser l'ordre établi dans le domaine religieux comme au plan politique.

On put croire un moment, au début du pontificat de Pie IX P266 (1846-1878), à une réconciliation de l'Église et de la liberté, mais la crise de 1848 et ses suites dissipèrent vite ces illusions et, dès lors, les antagonismes se renforcèrent de part et d'autre, tant sur le plan idéologique que sur le planpratique.

Le rebondissement de la question romaine à partir de 1856 devait encore exacerber la réaction anti-libérale, car si ses vraies racines sont àrechercher dans l'enthousiasme national des Italiens et, pour une part aussi, dans les ambitions politiques du Piémont, c'est au nom des libertésmodernes droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et conception libérale de l'État que la souveraineté du pape était officiellement mise enquestion.

C'est dans cette atmosphère que Pie IX P266 publia le Syllabus en décembre 1864 et ne cessa, soutenu par une partie notable de la presse catholique, de fulminer jusqu'à sa mort avec une passion croissante contre le danger pour l'Église et pour la foi non seulement d'uneconception rationaliste de l'homme et de la société, qui inspirait de nombreux libéraux de son temps, mais même contre les institutions libérales, enparticulier contre les libertés de presse et d'opinion, sans tenir compte apparemment des succès spectaculaires du catholicisme dans les paysanglo-saxons, aux États-Unis en particulier, grâce précisément à ces institutions libérales.

Il faudra attendre le pontificat de Léon XIII P192 pour que s'amorce enfin une évolution durable de la position de l'Église en ce domaine.

Si la prise de position négative de l'Église catholique à l'égard du libéralisme diminua considérablement son audienceà l'époque des " bourgeois conquérants ", les difficultés de tout genre auxquelles elle fut en butte durant ce siècleeurent pour conséquence indirecte d'accroître sa cohésion et de renforcer notablement la position dirigeante etcentralisatrice de la papauté.

La Révolution et ses suites avaient brisé les bases institutionnelles du gallicanisme et du fébronianisme.

En France, tandis que des auteurs à. »

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