LE XVIIe SIÈCLE - LOUIS XIII
Publié le 22/05/2022
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«
LE XVIIe SIÈCLE
Nul ne peut mettre en doute la magnificence, l'éclat et la grandeur du xvne siècle qui
offre à nos yeux une impressionnante unité.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas eu de
grands changements, des premières années du règne de Louis XIII aux dernières du règne de
Louis XIV, ni qu'il ne subsiste une grande variété dans les oeuvres et les hommes : Bossuet ne
ressemble pas à La Fontaine et Boileau n'a guère de traits communs avec Mme de La Fayette;
on ne vit pas en province comme à Versailles, et Paris même est un monde en réduction…
Mais, du début de ce siècle jusqu'à son apogée, aux environs de 166o, il est possible
de déceler les étapes d'une constante progression; à partir des efforts autoritaires de Richelieu,
des combats et des ruses de Mazarin contre la Fronde, jusqu'à la triomphante majesté de
Louis XIV, vainqueur des hérétiques, des libertins et des séparatistes de toutes sortes, le
mouvement est irréversible : Malherbe chante par avance la paix et l'unité retrouvée.
Corneille courbe déjà aux pieds du roi Horace et Rodrigue, Bossuet prêche l'unité religieuse
et morale et prône une discipline nationale, Racine et Boileau seront les historiographes du
souverain.
Autour du « roi Soleil », que secondent les grands commis Colbert, Louvois,Letellier, toute une pléiade d'architectes, de peintres, d'artistes, tels Mansart, Coysevox,
Lenôtre, Le Brun, Mignard, Philippe de Champaigne, Rigaud, construisent un décor
d'apparat.
Ces écrivains, ces artistes, si différents par le tempérament et par la technique, ont
trouvé un terrain d'entente et adopté des principes communs : la prédilection pour la raison, la
clarté et l'ordre convient à une époque qui se veut intelligente, éclairée et disciplinée; le souci
de politesse et de raffinement est nécessaire à une société civilisée qui veut affirmer sa
supériorité sur les époques barbares et sur les.
peuples sauvages et grossiers; un intérêt
constant doit être porté à l'homme, à la morale qui lui est néces-saire, à la religion qui définit
sa place dans l'univers.
Il subsiste un fond de cruauté et de violence que les crises — comme
l'Affaire des Poisons — font reparaître.
Mais la vie intellectuelle et les moeurs traduisent un
effort certain d'épuration et de correction.
L'oeuvre d'art et l'oeuvre littéraire sont faites pour
cette élite d'honnêtes gens, de femmes brillantes, cette société polie et cultivée qui fréquente
avec aisance les salons de Mme de Sévigné ou de Mme de La Fayette, écoute les sermons et
les oraisons de Bossuet, sait goûter une fable de La Fontaine, une comédie de Molière et une
tragédie de Racine, prend plaisir aux divertissements de Versailles, à la musique de Lulli, aux
merveilleux feux d'artifice de Ruggieri.
Mais cette unité rayonnante n'est ni sclérose ni immobilité : les irréguliers du début du
siècle, vigoureusement conduits par Mathurin Régnier, continuent à vivre — en marge il est
vrai — mais non tout à fait isolés; ce sont les écrivains baroques et truculents comme Scarron
ou Saint-Amant, les poètes inspirés dont les oeuvres émues et mélan-coliques peuvent
toujours ravir le lecteur sensible, comme Théophile de Viau ou Tristan L'Hermite, les
libertins à la manière de La Mothe Le Vayer ou Gassendi, dont le réalisme critique ne serait
pas démodé au XVIIIe siècle, de l'aveu même de Diderot.
Des artistes comme Poussin et
Lorraine, classiques dans leur pureté formelle, échappent à toute classification en raison de
leur indépendance et de leur spontanéité.
Enfin le spiritualisme lumineux de La Tour et le
réalisme rustique de Le Nain ne relèvent d'aucune esthétique, et leur vérité n'a pas de rapport
direct avec l'époque et la société qui les entoure..
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