LE TEMPS DE LA CONTRACEPTION
Publié le 02/12/2018
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C'est dès le début des années soixante que l'on commence à parler de régulation des naissances. En France, on s’inquiète du nombre d’avortements évalué à un million par an. Des médecins, des sociologues réclament la révision de la loi du 31 juillet 1920. Votée au lendemain de la guerre de 1914-1918, cette loi allait dans le sens des exigences démographiques de l’après-guerre. Le texte interdisait, sous peine de prison, d’user de produits anticonceptionnels — ou de faire de la propagande en leur faveur —, texte qui ne s'applique qu’aux femmes, car la vente des préservatifs masculins était libre.
Un premier coup est porté à la loi de 1920 par l’ouverture à Grenoble, en 1961, du premier Centre de planning familial français. Cette initiative, qui fait crier au scandale, précède de quelques mois l’entrée discrète de la pilule dans les pharmacies françaises. Venue des États-Unis, où elle a été mise au point en 1956 par Gregory Pincus, la pilule n’est alors prescrite en France que dans des cas thérapeutiques nécessitant de la progestérone. A la même époque, fait sans précédent, 400 médecins se réunissent à la faculté de médecine de Paris pour un colloque consacré à la contraception. Elle entre désormais dans le domaine public. Partisans et adversaires commencent à s’affronter dans un débat qui peu à peu se concentre sur la pilule.
Pour ceux qui réclament la réforme de la loi de 1920, la pilule peut apporter l’épanouissement de la famille. C’est le renouveau du couple, qui peut choisir le nombre de ses enfants. Un nouvel équilibre familial est possible, dans une sexualité qui ne se limite pas à la procréation. Mais l’Église qui condamne les moyens mécaniques (stérilet, préservatif...) et chimiques de contraception réfute ces arguments. Le Vatican maintient sa position par la publication en 1968 de

«
l'encyclique
papale Humanae vitae.
La pilule fait aussi redouter une
baisse de la natalité.
Le sociologue Alfred Sauvy s'interroge sur l'ave
nir démographique.
À la tribune de l'Assemblée nationale, Michel
Debré prédit une chute de la natalité si la contraception devient
légale.
Mais c'est peut-être sur la nocivité de la pilule que le débat est
le plus vif.
Au milieu de la décennie, les enquête_s médicales portant·
sur la pilule sont encore récentes.
Même aux Etats-Unis, elles ne
couvrent que dix ans d'observation.
Les laboratoires travaillent en
core sur le dosage des comprimés.
Aussi tous les troubles, tous les
risques médicaux sont-ils dramatisés.
On affirme que la pilule est
cancérigène, qu'elle peut détruire le patrimoine génétique héréditaire
pour donner des enfants anormaux.
On énumère les risques de throm
boses, phlébites, embolies, d'atteintes cardiovasculaires.
On y ajoute
les nausées, les angoisses, l'obésité, la frigidité, la chute des cheveux
ou la pousse de duvets que peut occasionner son absorption.
Ses
adversaires brandissent sans relâche des arguments qui jouent sur la
peur des conséquences physiologiques.
C'est dans ce contexte que le ministre de la Santé Raymond
Marcellin charge une commission d'étudier les risques de la pilule.
Après de multiples auditions, la commission estime qu'il n'y a pas de
contre-indication majeure à l'emploi de cette méthode de contracep
tion.
Un an plus tard, le député de la Loire Lucien Neuwirth (UNR)
dépose une première proposition de loi sur le bureau de l'Assemblée
nationale.
Au fil de la discussion, elle sera revue et corrigée par son
auteur et par les amendements du Sénat.
La loi est finalement adoptée
le 28 décembre 1967.
Ses décrets d'application viendront quatorze
mois plus tard.
Ils seront jugés trop restrictifs par les «libertaires» qui
n'acceptent pas l'obligation pour le médecin de tenir un carnet à
souches indiquant ses prescriptions nominatives de pilule ou de stéri
let.
Ce carnet de contrôle disparaitra plus tard.
Une seconde loi
Neuwirth plus souple sera votée en décembre 1974, au moment où
s'engage parallèlement la libéralisation de l'avortement (loi Veil)..
»
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