Le supplice de Jean de Montaigu
Publié le 05/09/2013
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Maître de Paris
depuis 1408, le duc de Bourgogne Jean sans Peur décide, à l'automne 1409, d'asseoir et d'affirmer son pouvoir en lançant une véritable campagne d'épuration contre ses anciens adversaires encore au sein de l'administration royale. La première victime en est le Marmouset Jean de Montaigu.
D
epuis le 9 mars 1409 et la paix de Chartres, Charles VI et le duc de Bourgogne sont officiellement réconciliés. Celui qui revendique haut et fort l'as-sassinat de Louis d'Orléans, le frère du roi, a obtenu le pardon du fils de la victime et tient soli¬dement le pouvoir à Paris. Certes, l'ancienne équipe des Marmousets, ces « hauts fonc-tionnaires « acquis au clan des Orléans, reste en poste, mais tait prudemment ses rancoeurs et gère les affaires courantes sans trop s'immiscer dans les luttes partisanes qui opposent Arma¬gnacs et Bourguignons. C'est tout particulièrement le cas de Jean de Montaigu, véritable maître des Finances royales.
«
président de la Chambre des
comptes, un archevêque de
Sens et un évêque de Paris !
La folie du roi, qui se déclare
au cours de l'été 1392, semble
un moment sonner le glas de
la toute-puissance des Mar
mousets, qui quittent précipi
tamment Paris .
Montaigu se
réfugie à Avignon , où son
épouse, nièce du fameux car
dinal de La Grange, a ses pro
tections.
Mais, la prise du
pouvoir par Louis d'Orléans
les ramène peu après sur le
devant de la scène .
Montaigu
retrouve les Finances royales,
sur lesquelles il règne en maî
tre absolu .
Commencent alors
de lourds prélèvements fis
caux et des dépenses somp
tuaires qui poussent les Pari
siens à manifester une oppo
sition de plus en plus vive à
Louis d'Orléans et aux Mar
mousets .
Peu importe à Jean
de Montaigu, qui continue de
s'enrichir et d'accroître son
patrimoine, tout en faisant
bâtir une somptueuse rési
dence dans sa seigneurie de
Marcoussis .
Torturé, décapité
et pendu !
L'assassinat de Louis d'Or
léans, le 23 novembre 1407 ,
puis la réconciliation de Jean
sans
Peur et de Charles VI,
un an plus tard, annoncent
déjà la fin de la fulgurante
carrière de Jean de Montai
gu.
Le 7 octobre 140 9, le duc
de Bourgogne ordonne au
prévôt de Paris d'arrêter
l'ancien Marmouset.
accusé
de trahison , de félonie et de
sorcellerie! L'affaire est ron
dement menée, au mépris
des règles élémentaires de
justice.
Montaigu est enfer
mé au petit Châtelet, geôle
réservée au commun, torturé
et contraint d 'avouer des
crimes qui le mènent tout
droit au billot.
Sa condamna-
tion à mort par une commis
sion extraordinaire n'est
qu'une parodie de justice
qui, cependant , réjouit fort
les Parisiens .
Le 17 octobre, juché sur une
charrette, Jean de Montaigu
est mené au supplice .
Sous
les quolibets d'une foule qui
l'accuse pêle -mêle de la fo
lie du roi et du détourne
ment des impôt s, son seul
réconfort est le petit crucifi x
en bois qu 'il tient serré dans
ses mains ligotée s.
Aux
Halles, il est escorté jus
qu'au billot .
C'est là, dans un
geste désespéré, qu'il ouvre
grand sa chemise et montre
à tous les profondes entail
les laissées sur son ventre
par ses tortionnaires .
Mais il
est temps de mourir.
Le
bourreau s'avance et, d 'un
seul coup de hache, tranche
la tête du condamné avant
de l 'exhiber au bout d'une
pique.
Le corps du supplicié
est ensuite pendu au gibet
de Montfaucon pour que nul
n'ignore le sort réservé à
présent au x ennemis de Jean
sans
Peur.
E D I TIO NS ATLAS
L'ÉPURATION DE L'ADMINISTRATION
ROYALE
Entre le 1 7 octobre, date de l'exécution de Jean de Montaigu, et le 27 décembre 1409, date à laquelle il reçoit la garde du dauphin, Jean
sans Peur soumet l'administration du royaume à une véritable épuration.
Les officiers royaux, pour la plupart d 'anciens partisans
du défunt duc d'Orléans, sont
chassés sans ménagement et frappés d'amende.
C'est tout particulièrement le cas dans
l'administration des Finances, qui était jusque-là
sous l'étroite tutelle de Montaigu.
Cette implacable chasse à l'homme inquiète
jusqu 'au plus modeste receveur des impôts.
C'est ainsi que commence la vendetta bourguignonne,
qui bientôt sera suivie par celle, non moins féroce, des Armagnacs ..
..
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