Le Sous-développement : Peut-on aider les pays pauvres ?

« } 1.

Trois problèmes fondamentaux Un phénomène qui déborde l'économie 1.

Lorsque les Nations Unies substituèrent au terme de " pays arriéré», jugé trop péjoratif, celui de « pays sous-développé "• le contenu économique qui lui était donné se voulait tout à fait neutre et objectif.

Il s'agissait de « la non-exploitation optimale de toutes les ressources économiques et humaines disponibles sur un territoire ».

Cette définition neutre se référait à une structure idéale.

Mais, comme il est impossible de définir scientifiquement cet « optimum d'exploitation "• les bonnes intentions de départ n'ont pas suffi à écarter les difficultés psychologiques, inhérentes à une défi­ nition qui contient un jugement de valeur implicite.

Car, de fait, le sous-développement n'existe pas en soi.

Le terme de référence est le développement des pays industrialisés.

L'économiste polonais Oskar Lange, qui a défini le pays sous-développé comme étant celui où l'accumulation du capital est insuffisante, se réfère également aux pays indus­ trialisés, et les terminologies telles que « pays pauvres "• " nations prolétaires "• « pays sous-industrialisés » ou « pays en voie de développement » (PVD, sigle que nous emploierons ici pour simplifier) ont le même terme de référence.

2.

Aucune des définitions proposées n'est donc pleinement satisfaisante.

Leur insuf­ fisance à identifier et à analyser le phénomène a révélé la terrible complexité du sous­ développement.

Le sous-développement n'est pas seulement un phénomène écono­ mique.

Ce n'est pas seulement un problème de niveau de vie et de techniques à mettre en œuvre, c'est aussi une façon d'envisager la vie et la société, c'est enfin une façon de penser, d'agir et de réagir.

3.

Les critères élaborés pour saisir le phénomène dans ses aspects caractéristiques et quantifiables sont tout aussi partiels que les définitions.

Les critères démographiques révèlent dans les PVD des indices élevés de mortalité et de natalité.

Les critères de « bien-être " révèlent dans l'alimentation des PVD des indices faibles de calories et de consommation d'énergie en même temps que des indices élevés d'analphabétisme.

Un indice qui se veut synthétique, le revenu par tête, n'est pas finalement plus signi­ ficatif, car il ne rend compte ni des immenses disparités de revenus, ni de la concen­ tration de l'activité économique dans quelques mains.

S'il fallait en juger par son revenu par tête, le Venezuela se situerait à peu près au même rang que l'Italie.

Or, les niveaux de développement de ces deux pays ne sont en rien identiques.

Aucune défi­ nition et aucun critère ne donne une ligne de démarcation précise entre les pays développés et les PVD.

Si Israël et le Japon reçoivent l'appellation de PVD, où faut-il situer la Grèce, l'Espagne, la Yougoslavie?. »