Le second Empire: Du plébiscite à la défaite de Sedan
Publié le 17/11/2018
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• Il cherche l'appui de l'Église, plus par manœuvre que par conviction -s'il est catholique lui-même, c'est «avec bien des lacunes du côté des mœurs »... Le budget des cultes est augmenté; toute liberté est accordée aux réunions et associations religieuses; les journaux catholiques ne subissent pas de censure. Le pape s'est félicité du coup d'État. Le ralliement des ecclésiastiques est un succès, particulièrement en Normandie et en Bretagne.
• L'Église développe un réseau d'écoles, notamment pour les jeunes filles, en concurrence avec les écoles publiques. Dans celles-ci, même les instituteurs travaillent sous le regard attentif des prêtres.
UNE REVOLUTION QUI ACCOUCHE D'UN EMPIRE
La révolution de février 1848 a chassé Louis-Philippe, roi des Français, dernier monarque à régner en France. C'est le début de la IIe République. Mais le nouveau gouvernement, plus bourgeois que populaire, se met à dos le peuple de Paris. Dès juin 1848, le divorce est consommé lorsque le général Cavaignac, au nom de la République, réprime dans le sang, à Paris, les manifestations ouvrières.
PRÉSIDENT ET EMPEREUR
L'élection au suffrage universel du président de la République Louis Napoléon Bonaparte, en décembre 1848, introduit le «loup dans la bergerie». Le mandat présidentiel s'achèvera en 1852, et le neveu de l'Empereur n'aura pas le droit de se représenter.
Le 2 décembre 1851, il liquide la République à la faveur d'un coup d’État, approuvé quelques jours plus tard par l'énorme majorité des Français lors d'un plébiscite. À l'époque, pas de bulletin secret : on vote ouvertement, sur un registre, et devant des gendarmes. Durant un an, Bonaparte est prince-président. Enfin, le 2 décembre 1852, il fait proclamer le second Empire; Louis Napoléon devient Napoléon III. Par plébiscite, il a demandé aux Français d'approuver ce nouveau coup de force.
L'EMPEREUR ET SON ENTOURAGE
Napoléon III (1808-1873) : troisième fils d'Hortense de Beauharnais,
elle-même fille d'un premier lit de Joséphine de Beauharnais (la première épouse de Napoléon Ier) et de Louis Bonaparte (frère de Napoléon Ier). Élevé en exil par sa mère, dans le culte de Napoléon Ier, le neveu de l'Empereur est officier d'artillerie de l’armée suisse. Dès 1832, il devient l’héritier présomptif de son oncle. Il tente un premier coup d'État contre la monarchie à Strasbourg (1836), échoue et s'exile aux États-Unis.
En 1840, il renouvelle l’expérience, mais est pris et enfermé au fort du Ham dont il s'évade en 1846, ayant emprunté les habits du maçon Badinguet. Réfugié en Angleterre, il revient en France en 1848 à la faveur de la chute de la monarchie. Intelligent et habile politicien, courageux mais indécis dans les grands moments, Napoléon III traîne une mauvaise réputation que les historiens modernes cherchent à corriger.
• Eugénie Maria de Montijo (1826-1920) : fille du comte de Teba, un grand d’Espagne, élevée dans un couvent à Paris et fort belle, elle épouse l'empereur fin janvier 1853. Très catholique, écoutée de son
mari malgré les nombreuses infidélités de celui-ci, Eugénie va conforter Napoléon III dans ses choix conservateurs et autoritaires. Ainsi soutiendra-t-elle l'expédition hasardeuse au Mexique et la déclaration de guerre à la Prusse.
• Eugène Louis Napoléon (1856-1879): unique rejeton impérial, il n’a que 14 ans à la chute de l'Empire. Il sera tué par les Zoulous en Afrique australe en combattant au côté des troupes anglaises.
• Le 14 septembre, les armées coalisées débarquent en Crimée, au bord de la mer Noire. Le siège de Sébastopol est entrepris. Il durera un an. Malgré quelques coups d'éclat, côtés français et britannique, les troupes ne brillent guère; le typhus et le choléra sont plus meurtriers que les soldats russes. Enfin, le 8 septembre 1855, le tsar fait évacuer et brûler Sébastopol.
• Le 25 février 1856 s’ouvre à Paris la conférence de la paix. Pour Napoléon III, les bénéfices de la guerre de Crimée ne sont pas matériels, mais politiques. Après l'humiliation du congrès de Vienne en 1815, rassemblé pour solder l'héritage du premier Empire, Paris reprend sa place dans le concert des grandes nations européennes.
«
l'empereur
de s'atteler à la construction italienne.
Le terrain est miné : la péninsule est
alors divisée en royaumes rivaux,
souvent sous influence étrangère.
Le
Nord est sous tutelle de l'Autriche; le
royaume de Naples est le protégé de la
Russie; le pape possède des territoires,
dont Rome.
Pour des raisons
différentes, ni l'Angleterre ni la Prusse
ne souhaitent que la France modifie
ce fragile équilibre.
• Le 21 juillet 1858, à Plombières,
Napoléon Ill reçoit dans le secret le
Piémontais
Cavour.
Ensemble,
les deux hommes
redessinent l'Italie
en trois royaumes,
découpés aux
dépens de
..__,-::n:-.!ll' l'Autriche et des
États pontificaux.
la France s'engage à
fournir 200 000 soldats contre
l'Autriche; en échange, elle recevra
Nice et la Savoie.
• L'accord franco-piémontais provoque
un tollé, à l'extérieur comme à
l'intérieur : les catholiques et le monde
des affaires y sont très hostiles.
Napoléon Ill hésite, mais les Autrichiens
courroucés, en envahissant le Piémont,
lui forcent la main.
le 29 avril 1859,
c'est la guerre d'Italie.
• Commandée par l'empereur en
personne, l'armée française est mal
préparée.
Néanmoins, elle l'emporte à
Magenta, puis à Solferino dans un
bain de sang.
Les difficultés sur le
champ de bataille, conjuguées à la
fronde des catholiques, dissuadent
l'empereur d'aller plus loin.
la paix est
signée avec l'Autriche le 11 novembre
1859; la France agrandit ses frontières
comme prévu, mais l'Italie, déçue et
amère, est bien loin du visage esquissé
à Plombières.
VERS LE LIBRE -ÉCHANGE
L'économie française était jusqu'alors
protégée par des droits de douane
exagérés sur les importations
industrielles et agricoles.
A l'initiative
de l'empereur, et parce que la vigueur
des années 1850 le permet
ces barrières sont atténuées.
• Début 1860, un traité commercial
franco-britannique est signé en secret.
Il
prévoit que les taxes sur les matières
premières et les produits industriels
d'outre-Manche ne pourront dépasser
30% de leur valeur; en contrepartie,
les Anglais cesseront de pénaliser
les importations de produits français
de luxe, au grand bonheur des
«soyeux» de lyon et des viticulteurs
du Bordelais.
• Le traité favorise les exportations,
notamment de biens manufacturés,
à la hausse depuis 1840.
UIEIÔS
POunQUES
En 1860, l'Assemblée nationale,
appelée Corps législatif, élue au
suffrage universel, ainsi que le Sénat
reçoivent le droit de voter une réponse
au discours impérial qui ouvre chaque
session parlementaire.
Cette
concession, certes mince, marque un
début d'ouverture de la vie politique.
• En même temps, les catholiques
payent leur opposition à la guerre
d'Italie.
L'Univers, journal catholique
de Louis Veuillot, est suspendu, puis
interdit pour sa virulence.
les évêques
sont nommés en fonction de leur
ralliement à l'empire.
les écoles
religieuses ne sont plus soutenues.
• Aux élections de 1863, l'opposition
obtient 32 députés, soit 10% des sièges.
un succès
permet
Entre 1861 et
1863, les grèves
multiplient.
mars 1862,
la plus fameuse d'entre elles, celle des
typographes (ouvriers d'imprimerie)
de Paris, est sévèrement réprimée.
Mais l'Empire cherche l'adhésion
du monde ouvrier.
Napoléon accorde
sa grâce aux condamnés.
• Il double ce geste en faisant modifier
le Code pénal :en 1864, une certaine
liberté syndicale avec droit à la grève
est tolérée.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE ,
L'empire colonial français prend une
nette ampleur sous le second Empire.
Pour stopper les persécutions dont sont
victimes les missionnaires français,
Napoléon Ill envoie des troupes en
Indochine -région qui correspond
au Vietnam et au Cambodge actuels.
L'expédition se solde en 1863 par
l'occupation de la basse Cochinchine
et un protectorat sur le Cambodge.
Des corps expéditionnaires français
et britanniques ramènent aussi la paix
en Chine.
• En 1864, la France occupe la Nouvelle
Calédonie.
• En Afrique, le colonel Louis !ton
Faidherbe colonise le Sénégal
avec intelligence
et pondération.
Mais c'est l'Algérie,
où Louis-Philippe
avait déjà pris
pied, qui est au
centre de toutes
les attentions : les oasis du Sahara
sont soumises, tout comme la Kabylie.
• En Égypte, l'ingénieur Ferdinand de
Lesseps crée la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez.
les travaux
commencent le 25 avril 1859.
Le canal est ouvert dix ans plus tard,
le 17 nov.
1869.
Il réduit de moitié
le temps de voyage entre Europe
et Asie.
• L'empereur se fourvoie au Mexique,
une ancienne colonie de l'Espagne, au
bord de la guerre civile, qui a cessé de
rembourser les dettes contractées
auprès des banques d'Europe: c'est
l'une des raisons d'agir si loin.
Napoléon Ill s'associe aux Anglais et
aux Espagnols, mais se retrouve seul
après que ces deux alliés ont rappelé
leurs troupes.
En 1863, Mexico est
occupée; une monarchie est restaurée
et confiée à l'archiduc Maximilien, frère
de l'empereur d'Autriche.
Hélas, la
«greffe» autrichienne ne prend pas.
Napoléon lille comprend, retire son
armée.
Maximilien refuse d'abdiquer
et est fusillé par les partisans
de luarez .
• En Europe, il est un autre guêpier :
l'Italie.
le nouveau royaume d'Italie
aimerait faire de Rome sa capitale;
or la ville est territoire pontifical.
le 3 novembre 1867, lorsque le patriote
Garibaldi et ses volontaires tentent
de marcher sur Rome, Napoléon Ill
ordonne aux troupes françaises
sur place de faire feu.
L'empereur
tire sur ses amis italiens pour ne pas
fâcher son opinion catholique.
UN RENOUVEAU POLITIQUE
• En 1869, le second Empire, à force
de concessions et d'échecs, a perdu
son visage autoritaire.
En mai et juin,
les nouvelles élections au Corps
législatif se soldent par un vote
important en faveur des opposants
politiques, en particulier dans les
grandes villes.
• Napoléon Ill interprète ce succès
comme un signe : l'Empire doit évoluer.
le 28 décembre 1869, il appelle comme
chef du gouvernement le républicain
modéré Émile Ollivier et lui demande
de former un cabinet représentatif
de la nouvelle assemblée.
·la Constitution de l'Empire, rédigée
en 1852, est modifiée pour faire
de l'empereur une sorte de «super
président», arbitrant la vie politique
entre les deux chambres, le Corps
législatif et le Sénat.
Cette évolution
est validée par un plébiscite
qu'approuvent 7 350000 Français.
Pour Napoléon Ill, c'est un succès
personnel.
• Une catégorie de la· population,
néanmoins, estime cela insuffisant :
les ouvriers.
En 1869 et 1870,
les grèves ouvrières, dans le textile
ou la métallurgie, se multiplient
lourdement réprimées -13 morts
à la Ricamarie, dans le Massif central.
Un syndicalisme révolutionnaire a vu
le jour, désireux de confisquer ateliers
et usines aux patrons, pour les confier
directement aux travailleurs.
•
Une autre menace se profile pour
le régime impérial.
En 1866, la Prusse
du chancelier Von Bismarck a écrasé
l'Autriche à Sadowa.
Napoléon Ill
a cru pouvoir marchander sa neutralité,
mais Bismarck ne lui accorde aucun
«pourboire».
Pour l'empereur, qui
se méfie de cette Prusse grandissante,
c'est un camouflet.
• les relations s'enveniment
lorsqu'un prince allemand, léopold
de Hohenzollern, se porte candidat
au trône d'Espagne, alors vacant.
la France s'inquiète à l'idée du
puissant royaume qui pourrait
se constituer à ses frontières
et l'encercler à l'est, mais aussi au sud.
L'ambassadeur français, Benedetti,
vient chercher la promesse du roi
de Prusse Guillaume l" que l'opération
ne se fera pas.
Il est reçu
courtoisement; mais Bismarck.
par une dépêche envoyée d'Ems
(Rhénanie), fait courir la rumeur
qu'on l'a sèchement éconduit.
• le 12 juillet 1870, le retrait de
la candidature du Hohenzollern est
obtenu; mais un parti de la guerre,
exacerbé par l'impératrice belliciste
et par la dépêche d'Ems, se forme
à Paris et aiguillonne Napoléon Ill.
Malade, souffrant et fatigué,
il se laisse convaincre qu'une guerre
redorerait son prestige.
le 19 juillet,
les crédits militaires sont votés.
• Hélas! l'armée française n'est
ni assez étoffée ni prête au conflit.
Elle manque d'équipements.
L'Alsace
et la lorraine sont forcées début août
par trois armées allemandes.
le 18 août, le général Bazaine,
à la tête des meilleures troupes, est
acculé et se laisse encercler dans Metz.
le reste de l'armée, commandé
par un Napoléon Ill courageux mais
souffrant, est à son tour pris dans
SOUS LE SIGNE DE LA MALADIE
DE LA PIEDE
De longue date, louis Napoléon
souffrait de goutte et de rhumatismes.
En 1853, l'origine de son mal est
diagnostiquée dans la vessie :
Napoléon Ill souffre de la «maladie
de la pierre», c'est-à-dire de lithiase
urinaire -des calculs qui se forment
dans les reins et descendent par
l'uretère jusqu'à la vessie.
C'est
la raison pour laquelle il prend
régulièrement les eaux dans des
stations thermales (Plombières, Vichy).
Avec le temps, les crises se font de
plus en plus violentes et épuisantes,
au point qu'on lui farde le visage
pour masquer son état à ses visiteurs la
cuvette de Sedan; le 1" septembre,
l'empereur est contraint de capituler.
Il tombe aux mains de Bismarck.
• À Paris, le 4 septembre 1870, le
peuple des quartiers populaires envahit
le Corps législatif.
Un gouvernement
provisoire est acclamé; la République
est proclamée.
L'Empire prend fin
de fado.
LA CHUTE
• L'impératrice Eugénie, faite régente
par son époux, réalise vite la fin du
régime impérial.
L'exil s'impose.
En
compagnie de sa lectrice et du dentiste
américain de la cour, le D'Evans, elle
s'embarque pour l'Angleterre où elle
accoste le 8 septembre 1870.
Elle y
retrouve son fils, le prince Eugène
Louis.
• la famille se réfugie dans une
gentilhommière, à Camden Place,
à 20 km de londres.
le 20 mars 1871,
louis Napoléon Bonaparte les y rejoint.
Déchu depuis le 1" mars de son titre
d'empereur par une assemblée
nouvellement élue, il a été libéré par
la Prusse.
L'Angleterre accueille
Louis Nopa/ton et Eugénie en amis
alors qu'elle avait exilé Napoléon l"
à Sainte-Hélène.
de marque.
En 1870, les chirurgiens
consukés savent qu'il faut opérer le
souverain pour extraire le calcul, mais
aucun d'entre eux ne prend le risque.
Quand la guerre est déclarée à
la Prusse, l'empereur , grelottant
de fièvre, perdus de douleur, urine
si fréquemment qu'il fait bourrer
son pantalon de serviettes.
C'est
donc trés diminué qu'il prend le
commandement de l'armée.
En 1872,
durant son exil, ce sont finalement
des médecins britanniques qui tentent
d'évacuer, par les voies naturelles, un
calcul devenu gros comme un œuf de
pigeon.
le 8 janvier 1873, Napoléon Ill
succombe à une infection des reins
qui aurait probablement pu être évitée
si on l'avait opéré plus tôt.
»
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