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Le royaume de France Capétiens et Valois (de 987 à 1498)- Histoire

Publié le 27/02/2008

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L'idée que donne du royaume de France l'examen rapide d'une carte est, pour la fin du Moyen Âge, singulièrement illusoire. La Meuse et le Rhône sont les limites approximatives au-delà desquelles s'étend l'Empire ; Cambrésis, Alsace, Lorraine, FrancheComté, Savoie, Dauphiné et Provence ne sont pas encore terres françaises, cependant qu'une partie de la Flandre, avec Bruges et Gand, est encore mouvante du roi.                Mais la réalité est bien plus complexe. Dès le XIIIe siècle, l'autorité royale est battue en brèche par le peuple flamand. Vestige de l'État Plantegenêt, la Guyenne est liée à l'Angleterre par ses intérêts économiques autant que par l'action efficace des sénéchaux venus d'outreManche. La Bretagne tend à échapper à l'influence française, et la Bourgogne du XVe siècle évolue vers l'indépendance. En revanche, le comté de Provence est, depuis 1246 aux mains d'un prince français et le Dauphiné appartient, depuis 1349 au roi de France ou à son héritier.                La population du royaume est relativement nombreuse : une dizaine de millions d'habitants au XIe siècle, une quinzaine à la fin du Moyen Âge, ce qui représente, dans les limites actuelles de la France, quelque vingtdeux à vingtcinq millions d'habitants ; la France de Charles VIII connaît une densité de population égale à la moitié de la densité actuelle. Le royaume des fleurs de lis est alors, sans doute, le pays le plus peuplé d'Europe.    
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« Car la fortune n'est plus, maintenant, essentiellement foncière.

La terre demeure un signe, un idéal, une sûreté.

Mais c'est dans le monde desaffaires que s'édifient les nouvelles fortunes.

De la classe des artisans et des boutiquiers, se dégagent les grands bourgeois, négociants auxmultiples activités, drapiers en même temps que banquiers, qui ne dédaignent pas de prendre à ferme la levée des impôts et que l'on trouve, dès letemps de Philippe le Bel P265 , dans les organes centraux du gouvernement royal.

Charles V P1354 fera d'eux ses conseillers.

Certains formeront, à l'aube des temps modernes, le monde de la robe.

Une civilisation bourgeoise naît même, au cours de ces derniers siècles du Moyen Âge.

Elle témoigne des vertus etdes préoccupations d'hommes d'affaires réalistes ou de modestes artisans, toutes gens qu'unissent des solidaritésentre égaux, à l'opposé des solidarités hiérarchiques du monde féodal, et pour qui le succès social passe par lafortune, alors que la fortune du chevalier passait par le succès des armes.

Civilisation bourgeoise, dont les beffroiset les grandes halles municipales, les maisons corporatives et les chapelles de confréries illustrent la splendeur.Civilisation bourgeoise, qui s'exprime par le théâtre communautaire des Miracles et des grands Mystères , et qui exige de l'artiste des portraits au réalisme parfois violent.

La Farce de Pathelin et les fabliaux font rire aux dépens d'une société bien réelle et de personnages pleins de sève, aux antipodes de la société idéale dont Amadis des Gaules entretiendra la fiction pour une clientèle attardée, autour de qui s'effondre un monde.

Malgré les succès éclatants, malgré l'ostentation de quelquesuns, les affaires sont difficiles pour le plus grand nombre.

Après l'expansion des XIIeet XIIIe siècles, l'économie européenne manque de souffle.

La reprise de la frappe des monnaies d'or, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, estsigne d'activité commerciale, mais on manque très vite de métal précieux.

La bonne monnaie du roi Saint Louis P201 ne dure guère qu'un quart de siècle.

Entrecoupée de renforcements, dont l'effet n'est pas toujours heureux, commence alors une longue période d'inflation.

Les mutationsincessantes et parfois contradictoires car les intérêts s'opposent au conseil royal entretiennent une instabilité dont profitent quelquesspéculateurs et dont souffre la masse du peuple.

L'exécution des contrats engendre haines et procès.

Il n'est de fortune qui ne passe, à tort ou àraison, pour fondée sur de frauduleuses opérations monétaires.

Né de la récession, le chômage aggrave la tension sociale et politique.

Les mutations de la monnaie sont causepermanente de mécontentement.

Les troubles de la guerre ne font que procurer aux masses urbaines et parfoisrurales le prétexte de l'insurrection.

Les émeutes se suivent, depuis la rixe sans lendemain où périt un collecteurd'impôts jusqu'aux véritables révolutions qui ensanglantent Paris ou Rouen, Bruges ou Gand.

Chacun s'emploie à tirerprofit des troubles, mais les réformateurs échouent finalement, en raison même de la diversité de leursrevendications.

Le fait dominant de la vie politique, ce n'est cependant pas l'avènement de cette bourgeoisie qui s'élève en servant le roi et qui l'emporte, en tantqu'élément dynamique de la société, sur la vieille noblesse féodale et terrienne.

Le fait dominant, c'est bien l'établissement sur l'ensemble duroyaume de l'autorité monarchique.

Paradoxe, diraton, songeant à Jean le Bon P1851 captif, à Charles V P1354 coiffé du chaperon d' Étienne Marcel P218 , au malheureux Charles VI P1355 et au faible roi de Bourges.

Paradoxe apparent, cependant, car, pour inégaux que soient les rois et pour ballottée que soit l'autorité royale, celleci ne cesse guère de se renforcer et de parfaire les moyens de son emprise sur le royaume.

Cette emprise de la monarchie devient sensible dès le début du XIIIe siècle.

Envoyés à travers le domaine royal, les baillis surveillent la gestiondes revenus de la couronne et exercent la justice du roi.

Ce développement de juridictions royales à la portée des justiciables est probablement leplus efficace des moyens mis en œuvre pour faire sentir partout l'autorité du souverain.

Les princes territoriaux ne s'y trompent pas, qui protestentet s'insurgent à toute occasion.

Car le roi ne se contente pas de juger ses hommes, il juge en appel ceux de ses vassaux et se réserve directementcertaines causes.

Voilà qui lui permet, en outre, de faire observer hors de son domaine les ordonnances qu'il promulgue pour le bien commun duroyaume : à partir de Saint Louis P201 , pouvoir judiciaire et pouvoir législatif se confondent dans leurs sources comme dans leurs moyens.

Au XIVe siècle, le roi peut appeler à son armée les hommes de ses vassaux, son " arrièreban ".

Il peut aussicontraindre ces hommes, c'estàdire tous les habitants du royaume, à racheter ce service en contribuantfinancièrement à la défense.

L'impôt royal est né, dont ne s'exemptent que les grandes principautés, duchés etapanages.

Un réseau d'élus, de receveurs, de contrôleurs s'étend sur le royaume à la fin du siècle.

Les gens du roisont partout.

Les institutions centrales, véritables organes de gouvernement, se développent également et se spécialisent pourune meilleure efficacité.

De la cour royale formée des grands barons sortent le Parlement pour les affaires judiciaires,la Chambre des comptes pour l'administration du domaine, la Chambre des aides pour la gestion de l'impôt.

Le rôledes grands barons s'efface, dans l'administration centrale, au profit des serviteurs du roi, grands bourgeois, noblesde petite origine, anoblis de fraîche date : leur intérêt assure, sinon leur probité, du moins leur fidélité.

Le premier obstacle à l'autorité royale, c'est la puissance des féodaux, et l'histoire des Capétiens, comme celle desValois, est celle d'une lutte presque constante entre deux principes : celui d'une royauté supérieure par nature àtoute autre puissance, et celui d'une féodalité qui ne conçoit d'autre lien que contractuel et ne voit dans le roi quele seigneur des seigneurs.

Deux dangers pouvaient menacer le roi de France.

L'un était la coalition des féodaux de tout rang, unis pour la défense de leur autonomie contre lepouvoir royal et ses empiétements.

Philippe Auguste P263 eut à dissoudre par deux fois de telles coalitions.

Saint Louis y eut aussi affaire, de même que Louis X P2027 .

Au XVe siècle, la Praguerie et la Ligue du Bien public ne furent que la réaction d'une noblesse féodale alarmée par la trop rapide restauration de l'autorité monarchique.

Mais les ambitions des princes se dissociaient vite des revendications de la petite noblesse, et leursrivalités assurèrent le succès du roi sur ces coalitions hétéroclites.

L'autre danger, plus grave, était qu'un grand feudataire, avec sa clientèle de vassaux et d'alliés, se dressât contre. »

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