Le procès d’Adolf Eichmann, criminel de guerre

Le procès d’Adolf Eichmann, criminel de guerre

À Buenos Aires, le 11 mai 1960 vers 18h30, trois membres des services secrets israéliens embarquent l'ouvrier Ricardo Klement dans une voiture stationnée près de chez lui. À la question posée sur son identité, il répond aussitôt : « C'est moi Eichmann ! ».

Responsable de l'assassinat de millions de Juifs, Adolf Eichmann au cours de son procès à Jérusalem, en 1961

Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, est conduit clandestinement en Israël, après son arrestation par le Mossad. Son procès a lieu à Jérusalem du 11 avril au 15 décembre 1961. Il est suivi avec la plus grande attention par l'opinion publique. Condamné à mort pour crime contre l'humanité, il est exécuté par pendaison le 31 mai 1962.

Simon Wiesenthal, chef du centre juif de documentation à Vienne et principal responsable de la traque d'Eichmann, caractérise le criminel de la façon suivante : « C'était un homme tout à fait bourgeois, tout à fait normal et on pourrait dire socialement adapté. Pour lui, la mort des six millions de Juifs qu’il avait sur la conscience n'a pas été le résultat d'un acte criminel, mais celui de l'obligation de remplir une tâche commune et d'assurer son service avec zèle et avec constance ». Le procès de Jérusalem met à jour la « banalité du mal » (Hannah Arendt) dans la personnalité d'Eichmann; l'ancien chef SS est un criminel qui se trouve mal lors des exécutions par le gaz ou par les armes. Cela ne l'empêche pourtant pas de faire marcher impitoyablement l'entreprise de mort à laquelle il participe et qui, entre 1941 et 1945, déporte les Juifs d'Europe dans les camps d'extermination.

Le 1\" avril 1932, Eichmann, alors chômeur, adhère au parti nazi et à la SS. Après avoir suivi une formation militaire, il entre à la Gestapo et y prend la responsabilité du bureau des affaires juives. Eichmann se spécialise dans la lutte contre le mouvement sioniste et ne tarde pas à se considérer comme un spécialiste de la « question juive ». Responsable de l'émigration juive qui permet à nombre de nazis de s'enrichir, il met sur pied, à Vienne en août 1938, un bureau central pour la contrôler. Ce service nazi est le seul

habilité à accorder le permis d'émigrer aux ressortissants juifs.

En 1939, Eichmann est muté à l'Office central de la Sécurité du Reich où il ne tarde pas à assurer la responsabilité des Affaires juives. Jusqu'en 1945, son bureau constitue l'organisme de direction centrale, chargée de l'exécution de la « solution finale », c'est-à-dire de l'extermination totale des Juifs d'Europe. Dans cette tâche consistant à purger l'Europe de tous les Juifs aussi rapidement que possible, Eichmann se montre un bureaucrate modèle qui se plaint du retard pris par les déportations. Même quand, à l'approche de la défaite allemande, Heinrich Himmler, ministre de l'intérieur du Reich, donne l'ordre de mettre fin aux exécutions par le gaz, Eichmann n'en continue pas moins sa tâche meurtrière.