Le mont Cassin et Anzio

Les Alliés bloqués. Avec sa chaîne de montagnes élevées au centre, ses marais et ses nombreux cours d'eau, l'Italie — longue de 1600 km — est l'idéal du défenseur et le cauchemar de l'attaquant. C'est au mont Cassin que les envahisseurs alliés affrontèrent cette dure réalité. Cette montagne, toute de roches et de blocs de pierre où, au sommet, à 520 m d'altitude, se perche un couvent de Bénédictins, constituait le centre, habilement fortifié, de la ligne de défense allemande Gustav. De janvier à mai 1944, elle fut le théâtre d'une violente et longue lutte. Au cours de dix-sept semaines d'un combat acharné, plusieurs centaines de soldats alliés — Américains, Anglais, Hindous, Néo-Zélandais, Polonais et Français — y périrent, pour quelques mètres de terrain ou pour rien du tout. Finalement, lorsque le conflit s'acheva, les pentes ravagées de la montagne, jonchées de cadavres, n'étaient qu'un amas de boue piétinée et d'éclats de roches. Le premier assaut allié, du 17 janvier 1944, en trois poussées, avait pour but de menacer les extrémités de la défense allemande tout en opérant, simultanément, une percée au centre. Ce plan ne pouvait échouer de manière plus tragique. Les Anglais et les Français s'apprêtaient à opérer sur les flancs, les premiers par le fleuve Garigliano, les seconds par les montagnes, à l'est de la ligne Gustav. Mais la 36e division américaine (Texas) qui attaquait au centre essuya un revers catastrophique. Le tir de barrage des mitrailleuses l'empêcha de franchir le Rapido et ses hommes furent tués par des mines dissimulées dans les prairies avoisinantes. Un groupe d'Américains parvint tout de même à traverser, le 21 janvier, mais resta isolé. Aussi, le 22 janvier, leur attaque fut-elle annulée; à cette date, ils avaient perdu 1681 hommes. Le même jour, dans le but de soulager les troupes qui opéraient au mont Cassin et de menacer la ligne Gustav par l'arrière, un détachement anglo-américain de 50000 hommes opéra un débarquement de troupes amphibies à Anzio, à 95 km de là. Mais le plan initial allié, qui était d'infliger une défaite au commandant allemand, le maréchal Kesselring, en l'obligeant à lutter sur deux fronts, connut bientôt de sérieuses difficultés et conduisit très rapidement à une nouvelle phase de la campagne.