Le Japon: puissance asiatique, puissance mondiale ?

« dans le domaine technologique : les percées japonaises en sciences appliquées ont souvent été les conséquencesde découvertes fondamentales des laboratoires américains.Le Japon cherche donc durablement à se rapprocher du Centre du monde (aujourd'hui les États-Unis), dont ilconstitue désormais un élément.

Ce tropisme vers la centralité, vers l'Occident et vers le monde (termes pour luiindissociables) lui a fourni de surcroît la primauté dans sa région, l'Asie orientale, alors que les tentatives de ruptureavec le Centre avaient auparavant abouti également au recul de l'influence japonaise en Asie.

La puissance mondialedu Japon est donc une condition nécessaire à son statut de puissance asiatique.

Cela se vérifie aussi dansl'économie. II - Un Centre économique mondial et régional Le Japon est la deuxième puissance économique mondiale, derrière les États-Unis.

L'industrie a été le moteur de sondéveloppement.

En effet, l'exiguïté et le caractère montagneux de son territoire ôtent à l'agriculture tout espoird'expansion: le pays est structurellement un importateur net de produits alimentaires.

Quant aux matières premièresénergétiques et industrielles, elles sont presque absentes.

Il lui faut donc vendre à l'extérieur d'énormes quantitésde produits manufacturés.

Cela rend compte de la puissance de certaines industries caractéristiques du pays(sidérurgie, automobile, chantiers navals, électronique, machines-outils...), dont la production excède largement lesbesoins du marché intérieur et qui sont à l'origine de l'essor des échanges extérieurs. A.

Une puissance commerciale 1.

À l'échelle régionaleLe Japon réalise 43,7 % de ses échanges (en 1999) avec l'Asie Orientale; il est le premier ou le deuxième partenairecommercial de tous les pays de la zone.

Il y organise les échanges à son profit : achats de matières premières quilui font défaut (pétrole et bois d'Indonésie, gaz et caoutchouc de Malaisie) à des pays avec lesquels il estdéficitaire, vente de produits manufacturés et de biens d'équipements sur les marchés les plus réceptifs (Taïwan,Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong - Chine) où il réalise de vastes excédents.

Ce commerce dominé par le Japon ades répercussions positives sur l'ensemble de la région : il stimule la production de produits primaires dans le premiercas, et l'industrialisation dans le second.

Le Japon est donc moteur du développement économique régional, quicependant dépend de ses propres cycles économiques. 2.

À l'échelle mondialeLe Japon est la troisième puissance commerciale du monde : avec 6,1 % des échanges dernière les États-Unis (14,8%) et l'Allemagne (9,2 %).

Il réalise le premier excédent au monde (123 milliards de dollars en 1999 dont 73 avec lesÉtats-Unis) grâce a son constant effort exportateur.

Ce commerce planétaire s'effectue principalement avec lespartenaires-concurrents de la Triade : Amérique du Nord au premier chef (31,4 % des échanges en 1999), Europeensuite (18,3 %), mais aussi, à un niveau plus modeste, avec le Moyen-Orient et l'Océanie (3,6 %) - principalementl'Australie.

Ces échanges se caractérisent par l'exportation massive de produits manufacturés (97 % du total),principalement des biens d'équipements et de haute technologie, donc à forte valeur ajoutée (matériel de transport,audiovisuel, électronique, constructions navales).

Même si les importations se diversifient et augmentent aujourd'huiplus vite que les exportations en raison des délocalisations et de l'ouverture du marché japonais aux produitsétrangers - en particulier américains -, la balance commerciale n'en demeure pas moins exceptionnellementexcédentaire, son taux de couverture étant de 145 %. B.

Une puissance économique et financière 1.

À l'échelle régionaleAvec 34 000 dollars par habitant en 1999, le Japon a de loin le PIB par tête le plus élevé de l'Asie orientale.

Il sesitue nettement devant celui des NPI les plus avancés, comme Singapour, et est des dizaines de fois supérieur àcelui de PED tels que les Philippines ou l'Indonésie.

Le PIB total représente encore quatre fois celui de la Chine.Cette supériorité économique explique l'importance et la croissance des investissements du Japon dans la zone :l'archipel nippon est globalement le principal investisseur dans les quatre Dragons (Taïwan, Corée du Sud, Singapour,Hong-Kong), mais aussi chez les « bébés tigres » (Thaïlande, Malaisie).

Compte tenu du renchérissement des coûtsde la main d'oeuvre japonaise, ces pays constituent un espace de délocalisation pour les produits banalisés(téléviseurs, magnétoscopes), les usines restant au Japon conservant le haut de gamme.

Ils représentent aussi unmarché de proximité géographique et culturel, en plein essor.

Mais des pays font exception, tels le Vietnam, etsurtout la Chine populaire – Hong-Kong mis à part – où la pénétration demeure faible puisqu'elle ne représente que 5% des investissements reçus par le pays.

Le yen, monnaie forte, est donc en position dominante : il est utilisé dansun certain nombre d'échanges régionaux et sa part dans les réserves de change des banques des pays asiatiquesest élevée.

Mais, compte tenu des fragilités de l'économie japonaise, du poids des États-Unis dans la région et desréticences des États asiatiques, soucieux de leur autonomie, la formation d'une zone yen semble encore prématurée. 2.

À l'échelle mondialeLa puissance financière du Japon est impressionnante : son PIB s'élève à 45 % de celui des États-Unis et il estsupérieur à ceux de la France et de l'Allemagne réunis.

Elle fait donc du Japon un des piliers de la Triade.

Cettepuissance s'illustre par la place éminente de la bourse de Tokyo (le Kabuto-Cho), deuxième du monde, et relais entrela bourse de New York et les bourses européennes.

Elle se traduit aussi par le poids des banques –le pays possède11 des 25 premières banques mondiales – dont les filiales sont répandues dans le monde entier.

Premier créancier dumonde (quoique son endettement intérieur soit gigantesque), le Japon investit prioritairement dans les pays de la. »