Le Japon dans l'espace Pacifique ?

« Le Japon investit de moins en moins dans les quatre dragons qui ont largement acquis leur autonomie financière etindustrielle.

Aujourd'hui les investissements et les échanges sont orientés surtout vers les pays de 1'ASEAN,notamment l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande, ainsi qu'avec la Chine.

Le commerce avec 1'ASEANreprésente un quart du commerce extérieur japonais.

Depuis une vingtaine d'années, la Chine a multiplié par vingtses échanges commerciaux avec le Japon, qui arrive en seconde position derrière les États-Unis comme fournisseurdu pays.

La balance commerciale est même déficitaire avec la Chine du fait des achats en matières premières et,depuis quelque temps, en produits manufacturés. Transition L'influence japonaise dans l'espace Pacifique est croissante depuis une trentaine d'années, elle repose cependantsur de fortes dépendances vis-à-vis tant du partenaire américain que des partenaires asiatiques.Troisième partie : les limites de l'influence japonaise • Une économie sous...

influence nord-américaineLes États-Unis, on l'a vu, ont favorisé l'ouverture du Japon sur le Pacifique mais, au milieu des années 1980, ils ontcherché à réduire leur déficit commercial avec le Japon en rendant les produits japonais moins compétitifs sur lemarché américain, c'est-à-dire plus chers.

En 1985, avec les accords de l'hôtel Plazza à New-York, les États-Unisobligèrent les Japonais à réévaluer le yen, ce fut l'endaka.Les Japonais ne purent faire autrement que de se soumettre, d'une part, parce que les États-Unis assuraient laprotection militaire du Japon et d'autre part parce qu'ils auraient pu décider des mesures protectionnistes àl'encontre des produits japonais.

La hausse du yen a provoqué la formation d'une bulle spéculative à l'origine desdifficultés actuelles de l'économie japonaise.

C'est l'explosion de cette bulle spéculative, en particulier la chute descours de la Bourse japonaise, qui a ralenti le dynamisme économique japonais.

Une situation d'autant pluspréoccupante pour le Japon que les industries occidentales, tant nord-américaines qu'européennes, ont retrouvé undynamisme important et sont redevenues largement concurrentielles. Concurrence et crise en Asie du Sud-EstLe Japon est désormais concurrencé par les NPI.

Dans ces pays, la hausse du coût de la main-d'oeuvre a incité lesindustriels à chasser les investissements sur les mêmes terres que les Japonais, pays de 1'ASEAN et Chine parexemple.

Les NPI se posent en concurrents directs du Japon, tant sur le territoire américain où les exportations desquatre dragons dépassent celles du Japon qu'au Japon, devenu un débouché pour ces pays.Les liens d'interdépendance du Japon avec les économies du Sud-Est asiatique se sont manifestés d'une façonparticulièrement dramatique avec la crise financière qui a éclaté en 1997 en Asie du Sud-Est.

Même si le Japon n'apas été au coeur de la tourmente, il en a subi les conséquences qui sont venues aggraver celles dues à l'endaka.Des pays comme l'Indonésie ont été particulièrement touchés.

Les marchés intérieurs se sont contractés d'unefaçon drastique, les populations qui voyaient leur niveau de vie augmenter depuis quelques années l'ont vu baisserde façon brutale.

Situation préoccupante pour les industriels japonais qui étaient les principaux fournisseurs deproduits manufacturés pour ces consommateurs asiatiques.

Par ailleurs, la chute des cours des différentes monnaiesasiatiques a abouti à une baisse des prix relatifs des productions des NPI, renforçant ainsi leur compétitivité sur lemarché international face au Japon. Conclusion Une part de la puissance japonaise repose sur sa présence commerciale et industrielle dans l'espace Pacifique, quece soit aux États-Unis ou dans les pays de l'Asie-Pacifique.

Cette présence est pour l'économie japonaise vitale pourassurer ses approvisionnements.

Mais la fragilité de la puissance japonaise dans le Pacifique, comme dans le monded'ailleurs, tient à une trop grande dépendance qui la rend très sensible au moindre changement de la conjoncture.Ainsi, même si la crise financière qui a éclaté en 1997 a eu moins de conséquences que redouté, elle n'en a pasmoins contribué à affaiblir un peu plus le Japon, déjà mis en difficulté par la hausse de sa monnaie, imposée par lesÉtats-Unis.. »