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Le discours de Milan (1er novembre 1936). Mussolini s'adresse aux chemises noires

Publié le 17/01/2022

Extrait du document


 
 « ... Pour nous, fascistes, habitués à examiner froidement les réalités de la vie et de l'histoire, une autre illusion que nous repoussons, c'est celle qui se dénomme la « sécurité collective «.
 
 La sécurité collective n'a jamais existé, elle n'existe pas et n'existera jamais. Un peuple viril réalise dans ses frontières sa propre sécurité et refuse de confier son avenir aux mains suspectes des étrangers.
 
 Pour la Société des Nations, le dilemme se pose en termes très clairs : ou se renouveler ou disparaître.
 
 Puisqu'il est extrêmement difficile pour elle de se renouveler, elle peut tranquillement, en ce qui nous concerne, disparaître. De toute façon, nous n'avons pas oublié et nous n'oublierons jamais que la Société des Nations a organisé avec des méthodes d'une habileté diabolique une inique agression contre le peuple italien. Elle a tenté d'affamer ce peuple, de réduire à la famine des hommes, des femmes, des enfants ; elle a cherché à briser notre effort militaire, à s'opposer à l'œuvre de civilisation que nous accomplissions à environ 4000 km de la mère-patrie...
 
 ... Cette verticale Berlin-Rome n'est pas une cloison étanche, c'est plutôt un axe autour duquel peuvent évoluer tous les États européens animés d'une volonté de collaboration et de paix.
 
 L'Allemagne, bien qu'entourée et sollicitée de toutes parts, n'a pas adhéré aux sanctions, et je vous rappelle que bien avant les entretiens de Berlin, l'Allemagne avait reconnu en fait l'Empire italien.
 
 Rien d'étonnant si, aujourd'hui, nous arborons le drapeau de l'anti-bolchevisme. Mais c'est notre ancien drapeau! Mais nous sommes nés sous ce signe, mais nous avons combattu contre cet ennemi et nous l'avons vaincu !... «
 
 Cité par S. Berstein, 36, année décisive en Europe.
 
 Commentaire composé ou réponse aux questions suivantes, au choix du candidat :
 
 1. Présentez et expliquez les griefs de Mussolini à rencontre de la Société des Nations.
 
 2. Quelles conséquences en tire-t-il pour les relations extérieures de l'Italie fasciste ?
 
 3. Quels aspects de l'idéologie fasciste apparaissent à travers ce texte?
 
 analyse du sujet
 
 • Texte très célèbre et relativement facile qui évoque les principaux aspects de la politique extérieure italienne entre 1935 et 1940.
 
 • La structure du texte est simple. Mussolini annonce un tournant de la politique extérieure de l'Italie en dénonçant d'abord la S.D.N., qu'il avait soutenue jusque-là, puis en proclamant la constitution d'une alliance avec l'Allemagne à laquelle il s'était auparavant opposé. Les diverses notations de type idéologique destinées à justifier ce renversement d'alliance sont éparpillées mais se retrouvent surtout au début et à la fin du texte.
 
 • Les questions posées recouvrent effectivement tous les problèmes posés par le document. On peut donc, en les suivant, construire un devoir en trois parties.
  

« nouvelle politique par une série de considérations idéologiques. I.

La condamnation de la S.D.N. 1.

La sécurité collective : « une illusion que nous repoussons » • La sécurité collective fut la grande ambition de la S.D.N.

Le système repose sur le postulat que la plupart des nations, conscientes des horreurs de la guerre, sont « éprises depaix », mais que le souci, légitime, de chacune d'elles d'assurer sa sécurité rend inévitables les politiquesd'armement.

Pourtant l'armement des uns accroît le sentiment d'insécurité de ses voisins bien vite contraints, de cefait, à s'armer à leur tour.

S'ébauche ainsi une course aux armements dont on est persuadé, en vertu del'expérience des années ayant précédé la Première Guerre mondiale, qu'elle est la principale responsable des conflits.Il ne suffit pas, comme le fait le pacte Briand-Kellogg, ratifié par la plupart des nations, de mettre la « guerre hors laloi ».

La solidarité de tous est indispensable pour que la bonne volonté et le pacifisme des uns n'en fassent lesvictimes de l'agressivité des autres.

La sécurité collective vise donc, par la concertation des nations de la S.D.N.

etpar une éventuelle mobilisation, même limitée, à dissuader tout agresseur éventuel, réprimer ses agressions,empêcher ses conquêtes. • L'échec de la sécurité collective est déjà manifeste en 1936. La S.D.N.

n'a rien fait pour venir en aide à la Chine face à l'agression japonaise de 1931 et pour prévenir l'annexion,déguisée en protectorat, de la Mandchourie.

Elle ne peut pas davantage protéger la faible Éthiopie de l'agressionitalienne, en 1935.

Son échec confirme donc les accusations de mussolini : elle n'est qu'une illusion. 2.

« Une agression inique contre le peuple italien » • L'agresseur « agressé ».

L'opposition nouvelle de Mussolini à la S.D.N.

est liée avant tout à la condamnation parl'assemblée de Genève de l'agression italienne contre l'Ethiopie.

En octobre 1935, Mussolini, croyant^avoir l'accordde Laval, lance ses troupes à la conquête de l'Ethiopie, un des derniers États indépendants d'Afrique et membre, desurcroît, de la S.D.N.

Celle-ci ne tarde pas à décider, après un vote auquel s'associent la France et l'Angleterre,l'application de « sanctions » économiques et financières qui constituent un boycott de l'Italie.

Ce sont cessanctions destinées, selon lui, à « affamer le peuple italien » (ce qui est bien exagéré), à « briser son effort deguerre » (ce qui est relativement exact) et à « empêcher son œuvre civilisatrice » (ce qui est hors du problème),contre lesquelles s'indigne Mussolini qui, d'une manière assez typiquement fasciste, et que reprendra fréquemmentHitler, hurle à l' « agression » pour camoufler l'agression qu'il vient lui-même de commettre.• Les sanctions, en réalité, ne furent guère efficaces.

D'abord parce qu'elles ne furent pas universellementappliquées (notamment par l'Allemagne) et surtout parce que les deux seules sanctions qui eussent pu entraverl'action italienne, le blocage du canal de Suez et l'embargo sur les produits pétroliers, indispensables à une arméemoderne, ne furent pas utilisées.

D'ailleurs ces sanctions furent levées, en juillet 1936, soit quatre mois avant lediscours de Milan. 3.

La S.D.N.

« peut disparaître » L'indifférence méprisante avec laquelle Mussolini traite la S.D.N.

annonce déjà le retrait de l'Italie qui, en 1937,quitte l'organisation de Genève.

La S.D.N., à vrai dire, n'était déjà plus guère qu'un « théâtre vide ».

Les États-Unisavaient toujours refusé d'en faire partie.

Après d'autres nations de moindre importance comme le Brésil, l'Allemagneet le Japon s'étaient retirées (1933).

Même les puissances qui, comme la France, avaient un temps cru auxpossibilités d'action par le truchement de la S.D.N., préfèrent progressivement revenir aux systèmes d'alliances. II.

L'Axe Rome-Berlin La condamnation de la S.D.N.

sert pourtant, et avant tout, de tentative de justification de ce qui est l'essentiel dudiscours : le renversement d'alliance de l'Italie. 1.

L'ancienne opposition italo-allemande Contrairement à ce qui est souvent avancé, les affinités idéologiques ne sont pas à l'origine de ce rapprochement.Mussolini, au début, n'a guère de sympathie pour Hitler.

Il avoue même que ce dernier lui inspire un « dégoûtphysique » ; il traite ce « copieur » avec condescendance. • Des rivalités.

Les deux dictatures convoitent concurremment le contrôle de l'Europe danubienne.

L'opposition italo-allemande s'était particulièrement manifestée, en 1934, lors de la première tentative hitlérienne pour réaliserl'Anschluss, après l'assassinat du chancelier autrichien Dollfuss.

La très vive et menaçante réaction de Mussolini,massant ses troupes à la frontière italo-autrichienne, contraint Hitler à reporter l'annexion de « son » Autriche.• Le front de Stresa.

Après le réarmement allemand de 1935, l'Italie fait bloc avec la France et l'Angleterre poursurveiller la*puissance allemande renaissante. 2.

Le rapprochement avec l'Allemagne. »

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