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Le blocus de Berlin

Publié le 17/01/2022

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25 juin 1948 - C'est le 13 janvier de l'année dernière que, pour la première fois, les Russes, par le truchement de la Tägliche Rundschau, l'organe de l'armée rouge, affirmèrent leur volonté d'évincer les puissances occidentales de Berlin. Le 20 mars, le maréchal Sokolovski torpillait le conseil de contrôle, et dès le 1er avril commençait ce que l'on a appelé le " petit blocus ". Puis le général Kotikov, à son tour, faisait sauter la Kommandantura interalliée. Le blocus devenait aussitôt total, et les journaux prosoviétiques annonçaient triomphalement que les Occidentaux ne pourraient pas résister plus de deux mois. Trois jours après le coup d'éclat de Kotikov, le pont aérien fonctionnait. Il dispose aujourd'hui dans la ville, qu'un cordon rouge tente d'étrangler, de trois vastes aéroports parfaitement aménagés, qu'alimentent cinq bases-escales principales situées dans la bizone. Leur débit quotidien dépasse actuellement 6 000 tonnes par jour. Dans trois mois, il atteindra 250 000 tonnes par mois. Avant le blocus, l'approvisionnement des trois secteurs occidentaux de la capitale exigeait mensuellement 190 000 tonnes. Ces chiffres suffisent à démontrer l'échec d'une manoeuvre qui en fait constitua un véritable attentat contre la paix du monde, laquelle fut plus souvent menacée qu'on ne le croit parfois, notamment aux abords du mois d'août 1948. L'organisation du pont aérien, considérablement développée, a été établie pour une nouvelle période de deux ans, et au-delà de l'hiver 1950-1951. Les difficultés que l'on a eu à surmonter en ce qui concerne surtout le ravitaillement en charbon ne se reproduiront plus. On amènera le charbon même pendant l'été. D'autre part, la municipalité démocratique de Berlin va exploiter dans le secteur français, à Reinickendorf et à Tegel, des tourbières d'une capacité de 25 000 tonnes et des layons charbonneux très rentables à une profondeur oscillant entre 3 et 25 mètres de la surface. Les mines de la Ruhr prêteront les machines nécessaires à l'agencement et à l'exploitation de ces entreprises. C'est faire ressortir que Berlinois et alliés s'installent définitivement dans le blocus, et qu'il est question moins que jamais d'une évacuation. Les Soviets ont bien perdu la bataille de Berlin. L'unique question qui se pose encore est celle-ci : le conflit risque-t-il de rebondir dangereusement, et n'existe-t-il vraiment plus aucune possibilité de solution amicale ? La politique est un art qui exige de la finesse, de la psychologie et un sens très poussé de la mesure: en bref de la tradition. L'expérience de ces derniers mois a démontré que si les Soviétiques n'en avaient aucune les Allemands contemporains n'en avaient pas davantage. Les uns et les autres ont accumulé les erreurs de jugement, les premiers sous-estimant leurs anciens partenaires, les seconds, leurs vainqueurs. La preuve n'est plus à faire que le blocus de Berlin a été de la part des Russes une gaffe monumentale, et nous avons d'excellentes raisons de penser qu'à Moscou on regrette aujourd'hui d'avoir agi avec tant de légèreté. Malheureusement, il est aussi difficile d'avouer une faute que de la corriger. Quant aux Allemands, ils ont multiplié les fausses manoeuvres avec une telle lourdeur qu'on en reste pantois. Forçant la dose, ils se sont découverts trop tôt et ont affiché ouvertement des sentiments que la plus élémentaire décence ordonnait de conserver sous le boisseau. A Berlin, avant le blocus, on a joué les alliés contre les Russes: on y joue maintenant les Anglo-Saxons contre les Français ou les Américains contre les Franco-Britanniques. C'est selon. Dans la trizone, on observe la même attitude, le même désir de dissocier les alliés, de les dresser les uns contre les autres pour profiter de leurs discordes. Il reste difficile dans ce contexte de préciser l'influence qu'exerceront finalement sur l'évolution des rapports russo-alliés deux événements dont la concomitance n'est guère discutable : le renouveau nationaliste allemand et le blocus de Berlin. L'instauration d'un gouvernement allemand à Francfort n'aura vraisemblablement pas lieu avant le 15 mai au plus tôt. Que les Russes, de leur côté, envisagent de faire de leur zone un Etat démocratique populaire satellite n'est pas douteux. L'élévation au grade d'ambassadeur extraordinaire de l'actuel conseiller politique de l'administration militaire soviétique en Allemagne, M. Semnojov, a été généralement interprétée comme l'annonce d'une prochaine décision dans ce sens. Pourtant, il est clair que, de part et d'autre, on évite depuis quelque temps de prendre des décisions irrémédiables. La réforme monétaire dans les secteurs occidentaux de la capitale peut encore attendre un peu. Trois projets ont été mis à l'étude. Le premier prévoit l'introduction du mark allié comme seule monnaie valable. Le second repose sur une circulation paritaire des deux marks, tous les versements s'effectuant dans la proportion de 50 % de chaque monnaie. Le troisième instituerait à Berlin une monnaie indépendante des deux autres, un mark berlinois. C'est la première solution, que patronnent les Américains, qui l'emportera. Néanmoins, on peut admettre que l'on n'usera pas de précipitation, et que ce n'est qu'en dernier lieu que l'on recourra au fait accompli. D'ici au mois de mai, les jeux seront définitivement faits, et il ne sera plus possible de revenir sur quoi que ce soit, qu'il s'agisse du mark berlinois, du gouvernement de Francfort ou de celui que les Russes eux-mêmes pourraient établir à Berlin ou à Leipzig. On conçoit qu'en face de décisions de pareil poids la réflexion s'impose. GEORGES BLUN Le Monde du 14 janvier 1949

« BERLIN, ÉPICENTRE DE LA GUERRE FROIDE Jusqu'à son terme en 1945, la Seconde Guerre mondiale a relégué à l'arrière-plan les antagonismes entre les régimes démocratiques occidentaux et le régime soviétique.

Mais ceux-ci se réveillent brusquement Les violations de certaines clauses des accords interalliés, un engrenage de petites épreuves de force dans les années 1945 -1946 conduisent bientôt à une • guerre froide » généralisée.

Mais c'est surtout en Europe , où il existe une coupure de fait entre les deux camps , matérialisée par la présence des troupes soviétiques sur une grande partie de l'Europe centrale et orientale, que se cristallise l'opposition des deux blocs.

Celle-ci ne tarde pas à prendre un caractère aigu en Allemagne que traverse une frontière intérieure séparant la zone d'occupation soviétique des zones française, britannique et américaine .

La crise de Berlin, qui éclate en juin 1948, montre que les accords de Potsdam conclus à l'été 1945 étaient trop vagues pour fournir aux Alliés d'hier les moyens de trancher les différends nés de leur application .

Finalement le blocus de Berlin, mis en place par les Soviétiques pour empêcher les Occidentaux de former un gouvernement en Allemagne de l'Ouest aura au contraire pour conséquence d'accélérer sa création .

justifie la dérision de fusion des zones britannique et américaine , qui intervient le 1 " janvier 1947.

• Pour autant si les Soviétiques se résignent à la division de l'Allemagne, ce n'est que dans l'attente du jour où une révolution, à leurs yeux inévitablement marxiste, amènerait la population de l'Allemagne de l'Ouest à choisir elle aussi la voie du communisme, après plusieurs de ses voisines d'Europe de l'Est libérées par l'Armée rouge.

A partir de l'hiver 1947 -1948, le ton ne cesse de monter au cours des réunions du Conseil de contrôle interallié .

Instauré en août 1945, celui-ci réunit régulièrement les représentants des quatre puissances occupantes pour arrêter les mesures nécessaires au • gouvernement de l'Allemagne » et de l'ancienne capitale du Reich .

• Le 20 janvier 1948, le représentant soviétique au Conseil de contrôle interallié, VIISSI/1 Soko­lovsky, dénonce explici­tement les tentatives angle-américaines pour • intégrer l'Allemagne occidentale dans le bloc militaire et politique occidental » .

Les Soviétiques ne veulent ni de la division de ?':'~~(li'~'~·~'. t------------II 'AIIemagne- conséquence à UN CONTEXTE DE TENSIONS • Depuis la chute du Ill ' Reich, les Soviétiques , hostiles à la division de l'Allemagne issue de la libération de l'Europe, ne cessent de multiplier les pressions en vue de réaliser une unification du pays sous leur seule bannière .

Aussi considèrent-ils avec une profonde méfiance les tentatives des Angle-Américains d'effectuer la fusion de leurs zones d'occupation respectives -la France entend pour sa part conserver la • souveraineté » sur sa propre zone.

Le Kremlin ne peut toutefois que prendre acte du résuttat des élections qui se déroulent entre novembre et décembre 1946 dans les zones occidentales et à Berlin-Ouest.

Les électeurs n'ont accordé que 2 millions de voix aux communistes, contre 7 millions aux chrétiens-démocrates et autant leurs yeux de l'occupation par les Occidentaux de la partie ouest de celle-ci - , ni de l'établissement d'une identité polit ique allemande indépendante du bloc soviétique .

Toute tentative de formation d 'un gouvernement ouest-allemand qui institutionnaliserait cette occupation constitue pour eux un affront inacceptable.

• Le 10 mars , après un violent débat au Conseil de contrôle interallié sur l'interdiction du parti socialiste unifié (SEO) dans les zones occidentales , Sokolovsky déclare que • toute discussion est désormais inutile ».

Dix jours plus tard, après que les trois autres représentants ont refusé d'inscrire à l'ordre du jour l'examen d'une déclaration polono-tchéco­ yougoslave dénonçant l'attitude de l'Ouest dans la question allemande , Sokolovsky profite de son tour de présidence du conseil interallié pour lever brusquement la séance .

Le Conseil de contrôle interallié 1948 13 nov.

1948 Saisie de l'ONU au sujet de Berlin LA IADICAUSAnON DES DEUX BLOCS • Le geste de Sokolovsky , qui traduit fidèlement le sentiment de Joseph Staline sur la question, intervient dans un contexte international marqué par l'approfondissement de la coupure Est-Ouest Celle-ci résulte notamment du lancemen t le 12 mars 1947, de la • doctrine Truman » d'aide à la Grèce et à la Turquie.

Mais c'est incontestablement le lancement du plan Marshall , en juin de la même année, qui intervient après l 'échec un mois plus tôt de la conférence de Moscou destinée à statuer sur le sort de l'Allemagne , qui fige les positions.

• Dès lors, l'Union soviétique n'a de cesse d'avancer ses pions, comme en témoigne la création le 5 octobre 1947 du Kominform -bureau d 'information des partis communistes -qui est chargé de contrôler l'évolution idéologique et politique des partis communistes européens.

Parallèlement l'URSS montre qu'elle n'hésite pas à intervenir activement dans les affaires intérieures de ses voisins.

Ainsi le • coup de Prague » du 28 février 1948 contraint le président tchécoslovaque Edvard Benes à accepter un gouvernement à majorité communiste .

• De leur côté , les États-Unis n'assistent pas sans réagir à la soviétisation de l'Europe de l'Est Ainsi , le 11 juin 1948, le Sénat américain adopte la résolution du sénateur Arthur Vandenberg, dont les attendus militaires annoncent la création du futur Pacte atlantique (OTAN) .

Dans un tel contexte , l'Allemagne, en raison de son importance stratégique , n'a aucune chance d 'échapper à l'affrontement des • deux grands » .

LA IESTIIcnON DE LA CIICULAnON • Le 31 mars 1948, Sokolovsky informe son homologue américain, le général Lllclus Oq, qu'• afin d 'améliorer bagages et l'Identité des voyageurs empruntant les trains militaires occidentaux à destination de Berlin.

Clay élève de vives protestations contre cette violation du principe du libre accès à l'ancienne capitale.

Il fait mettre en marche un train avec quelques gardes armés, que les Soviétiques aiguillent aussitôt sur une voie de garage- où il restera quelques jours avant de regagner son point de départ.

• Devant l'absence de réaction virulente de la part des Américains , les Soviétiques entreprennent d'accentuer leur pression .

Après avoir prétendu imposer des autorisations préalables pour le commerce par voie ferrée entre Berlin et l'extérieur , le Kremlin ordonne que l'on arrête tous les trains à leur sortie de la zone occidentale , puis impose des restrictions au service des colis postaux et enfin soumet le trafic fluvial à des permissions particulières.

• Dès la fin du mois de mai, la circulation militaire est pratiquement coupée entre Berlin et le reste du monde.

Aussi les Occidentaux entreprennent-ils d 'assurer par avion la relève et le ravitaillement de leurs garnisons affectées à leurs zones d'occupation.

Le 16 juin, W AIIIIGUMs DE POISDAII • Confonnément aux accords condus par les Alliés dans le cadre de la~.,...,.,.., en juiHet 1945, Berlin, qui se trouve dans la zone libérée par l'Année rouge.

est partagée en quatre secteurs répartis entre les puissances d'occupation : les Étals-Unis, la Grande-Brelagne.

la France et l'Union soviétique.

Il est aussi préw que la ville sera administrée en commun par ces mêmes puissances .

Si la fiction de l'entente durable, matérialisée par l'administration commune.

nimbe les accords de Polsdam.

le caractère vague de certaines de leurs dispositions devait OIMir la porte à toutes les contestations.

les Soviétiques quittent la Kommandantur de l'ancienne capitale du Reich , siège du défunt Conseil de contrôle interallié, montrant ainsi qu'à leurs yeux le régime quadripartite a vécu à Berlin -comme dans l'ensemble de l'Allemagne .

LA WOIME MONhAIIE • Le 18 juin, après avoir constaté l'impossibilité de se mettre d'accord avec les Soviétiques sur les mesures propres à juguler l'inflation, les occupants américains , français et britanniques décident de promulguer dans leurs zones une loi créant une nouvelle monnaie : le Deutsche Mark.

Ils proposent toutefois de maintenir l'ancienne monnaie à Berlin , sous réserve que l'émission en soit contrôlée par les Quatre.

Les Soviétiques repoussent aussitôt cette offre et le 23 juin, introduisent à leur tour une nouvelle monnaie dans leur zone , tout en indiquant que celle-ci aura cours dans toute la ville .

Le même jour, ils suspendent la fourniture de courant électrique et de charbon aux secteurs occidentaux, tandis que des manifestations communistes , qui tournent vite à l'émeute, se déroulent sur la place de l'Hôtel de Ville de Berlin.

• Que dire.

par exemple, de la clause décidant la suppression de l'a exceWve t COIICelllralion de la puiswlœ financière.

sans donner la moindre définition de l'extès.

La question de • l'er! 'vement de tous les élémenls productifs non nécessaires à la procludion autorisée • pose le même type deproblèmedèslorsquerien ne définit le niveau de celle-ci Que penser également de la clause subordonnant le rétablissement des libertés aux • besoins de la sécurité militaire •.

si œ n'est qu'elle owre à toutes les inlerprélalions • Dans ces concilions, il est fatal que, loin de fournir aux Alliés IHl moyen d'harmoniser leurs politiques à l'~ de l'Allemagne, les accords de Potsdam soient rapidement devenus matière à~ chacun accusant l'aulre de les interpréter il sa manière, puis de les violer.

Nombre de vols vers Bertin effectués entre juin 194Bet moi 1949por les aviations américaine et britannique .

2,5 millions Tonnage des marchandises acheminées par le pont aérien .

350 millions Coût en dollars du pont aérien pour les États-Unis -contre Il millions de dollars pour les Britonmques .

L'Allemagne de l'Ouest r~lero ISO militons de dollars.

70 Nombre d 'aviateurs américains et britanniques tués lors dupont aérien .

1897- 1978. »

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