Le 10 Mai 1981:L'élection de François MITTERRAND.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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apparaît ce que l'on va nommer "la nouvelle pauvreté".
Ce sont ces "nouveaux pauvres" qui en sont réduits àfréquenter les "Restos du cœur" quand ils ne se retrouvent pas à la rue, totalement exclus de la société.
Le tempsde l'illusion du plein emploi pour tous est terminé.
En cette fin de XXe siècle, les Français découvrent que leslaissés-pour-compte sont le prix à payer des grandes mutations postindustrielles.
Précédant le déclin du mondeouvrier, le déclin du monde paysan frappe par son ampleur et sa rapidité.
En deux générations, la population agricoleest passée de 4 000 000 à 2 250 000.
En 1990, elle ne représente plus que 5 % de la population active.
"L'âmepaysanne", avec ce qu'elle impliquait d'archaïsme et d'individualisme, est un passé mort.
Ceux des exploitants quin'ont pu s'adapter aux lois du marché et de la concurrence ont massivement quitté la terre et reflué vers les villes.Ceux qui ont le mieux résisté ont joué la carte de la formation professionnelle et de l'accroissement des terres, de lamodernisation et de la productivité.
Le paysan d'aujourd'hui s'est radicalement transformé, parfois lourdementendetté.
C'est un chef d'entreprise hautement qualifié, un gestionnaire formé aux techniques les plus avancées.Ainsi la France est-elle devenue le troisième producteur mondial de graines de tournesol, le deuxième exportateur devolailles et le numéro un, avec la Grande-Bretagne, pour le rendement en blé.
Face à la performance et à larentabilité, les valeurs du terroir — l'authenticité et le bon goût retrouvé — ont cependant permis à nombre depaysans de survivre.
Le bouleversement du monde agricole s'est accompagné d'une profonde mutation de son modede vie.
Chez le paysan l'ordinateur est devenu un appareil aussi banal que la machine à laver la vaisselle, lecongélateur et le magnétoscope.
Quasiment rien ne le sépare plus du citadin.La ville a progressivement envahi et modifié l'espace rural.
Elle s'étend maintenant bien au-delà des banlieues, seprolonge le long des routes nationales — où se succèdent les nouveaux centres commerciaux et les zonesindustrielles.
Les spécialistes s'accordent à dire, qu'à l'aube du XXIe siècle, 80 % de la population française vivra enville.
Démesurément agrandie, la ville accueille la masse des salariés qui représentent 80 % des actifs, aprèsl'effondrement des professions indépendantes (petits patrons de l'artisanat et du commerce) et de la populationactive agricole.
Un transfert massif s'est effectué vers les activités du tertiaire.
Aux "cols bleus" se sont substituésles "cols blancs".
Employés du secteur privé, enseignants et fonctionnaires constituent le groupe dominant de cette"société moyenne" qui a le plus bénéficié de l'enseignement secondaire et supérieur des dernières décennies.Parallèlement à la forte extension de la classe moyenne, la "classe dirigeante" des managers, des technocrates etdes politiques s'est peu développée et continue de former une élite solidaire, relativement repliée sur elle-même.
Lesfilières des grandes écoles donnant accès aux postes de commande de la société (ENA, Polytechnique, HEC,Centrale, ENS) restent limitées aux enfants des milieux financièrement et intellectuellement favorisés.
Entre haut etbas de la hiérarchie sociale, les écarts se sont fortement creusés.
L'ascenseur social n'est pas réellement bloqué,mais il fonctionne au ralenti.
Un ralentissement qui touche les jeunes, spécialement ceux des catégories socialesdéfavorisées.
Le spectre du chômage, ils connaissent.
Ils savent que la frontière est mince entre insertion etexclusion.
En 1988 et 1990 la poussée de fièvre lycéenne est symptomatique des tensions exacerbées par lesinégalités.
La jeunesse en colère dit non à la fatalité, non à l'idée d'une "génération sacrifiée".
Pour ces lycéensissus de l'immigration, élèves des filières professionnelles, la question n'est pas de contester la scolarisation demasse.
Ce que les manifestants réclament c'est : du "fric", des "pions", des "profs" pour "plus d'école", plus deformation.
Le "80 % de bacheliers", oui, mais avec des diplômes qui assurent un emploi.
Le plan d'urgence accordépar le ministre de l'Education Lionel Jospin pour les lycées (4,5 milliards de francs) va pour un temps calmer lesesprits.La menace d'explosion sociale demeure dans les banlieues déshéritées.
Sporadiquement la violence éclate dans lescités périurbaines.
Aussi vite et mal construites que dégradées, elles sont devenues le lieu de toutes les peurs ettensions sociales.
Les actions mises en œuvre par la politique de la ville (dotée d'un véritable ministère depuis 1990)manquent d'investissements suffisamment puissants pour être réellement efficaces.
Rénovation des immeubles HLM,développement des équipements collectifs, programme de remise à niveau scolaire n'ont pu enrayer les problèmesendémiques de la délinquance et de la drogue, des émeutes urbaines et de l'exclusion.
La société civile a pris lerelais de l'Etat.
Le bénévolat s'efforce de maintenir la cohésion sociale en tissant une multitude de réseauxhumanitaires, en participant à des initiatives éducatives, sportives ou artistiques.Véritable phénomène culturel dépassant les limites des banlieues, le rap a pris naissance dans ces quartiers dits"difficiles".
Pour nombre de jeunes la musique est devenue l'unique moyen de ne pas sombrer dans le désespoir etl'oubli.
Le rock était rebelle, le rap est social par essence.
Cris de colère, parfois de haine, incitation à la révolte,mais aussi mise en garde contre la drogue et la violence ponctuent le message syncopé des rappeurs.
Pas demessage apparent dans la techno, cet autre courant musical en passe de devenir une véritable culture.
Née àDetroit, aux Etats-Unis, la techno a déferlé sur la planète.
Musique électronique des années 90, elle s'est appropriéles instruments donnés par son temps (ordinateurs) pour soumettre et domestiquer ce "son" du futur.
Les jeunescréateurs français sont célèbres pour leur "French touch" qui s'exporte partout dans le monde.
La techno, c'est lamusique de la jeunesse des classes moyennes, musique de la fête pour oublier "le vieux monde déprimant".Il a cependant bien changé ce vieux monde en moins de quinze années.
Durant cette période, jamais les innovationstechnologiques et les découvertes scientifiques n'ont aussi radicalement transformé le quotidien des Français.
Hierréservés à quelques privilégiés, les symboles de la modernité sont aujourd'hui accessibles au plus grand nombre.
Ilen résulte une notable standardisation du mode de vie.
Ainsi, dans la plupart des foyers se sont banalisés la télécouleur, la télécommande et l'antenne parabolique, le magnétoscope et le caméscope, le four à micro-ondes et letéléphone sans fil, l'ordinateur domestique et la console de jeux vidéo, le cédérom et le disque compact.
Lecatalogue est vaste de tout ce qui a évolué dans les pratiques culturelles et les mœurs des Français entre 1981 et1994.Désormais, à toute heure, on peut retirer de l'argent dans 17 000 distributeurs avec sa carte bancaire à puce.
86000 cabines téléphoniques sont mises à la disposition du public partout dans l'Hexagone.
29 millions de Français sontabonnés au téléphone et le mobile sonne sur les trottoirs.
On compte par centaines de millions par an les passagersdu TGV et de l'Airbus.
Le tunnel sous la Manche va relier Paris à Londres en 3 heures.
La télémarket, la vente parcorrespondance, les 17 000 services du minitel, l'internet, les plats cuisinés, les robots ménagers font gagner un.
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