L'AURORE N° 87 - Jeudi 13 Janvier 1898 J'Accuse.
Publié le 23/10/2012
Extrait du document
«
dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n'est
à vous, le premier magistrat du pays ?
La vérité d'abord sur le procès et sur la condamnation de
Dreyfus.
Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c'est le colonel du
Paty de Clam, alors simple commandant.
Il est l'affaire Dreyfus
tout entière, on ne la connaîtra que lorsqu'une enquête loyale aura
établie nettement ses actes et ses responsabilités.
Il apparaît
comme l'esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté
d'intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des
romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, les
rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses
qui colportent, de nuit, des preuves accablantes.
C'est lui qui
imagina de dicter le bordereau à Dreyfus ; c'est lui qui rêva de
l'étudier dans une pièce entièrement revêtue de glaces ; c'est lui
que le commandant Forzinetti nous représente armé d'une
lanterne sourde, voulant se faire introduire près de l'accusé
endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière
et surprendre ainsi son crime, dans l'émoi du réveil.
Et je n'ai pas
à tout dire, qu'on cherche, on trouvera.
Je déclare simplement que
le commandant du Paty de Clam, chargé d'instruire l'affaire
Dreyfus, comme officier judiciaire, est, dans l'ordre des dates et
des responsabilités, le premier coupable de l'effroyable erreur
judiciaire qui a été commise.
Le bordereau était depuis quelque temps déjà entre les mains
du colonel Sandherr, directeur du bureau des renseignements,
mort depuis de paralysie générale.
Des « fuites » avaient lieu, des
papiers disparaissaient, comme il en disparaît aujourd'hui encore ;
et l'auteur du bordereau était recherché, lorsqu'un a priori se fit
peu à peu que cet auteur ne pouvait être qu'un officier d'artillerie :
double erreur manifeste, qui montre avec quel esprit superficiel
on avait étudié ce bordereau, car un examen raisonné démontre
qu'il ne pouvait s'agir que d'un officier de troupe.
On cherchait
donc dans la maison, on examinait les écritures, c'était comme
une affaire de famille, un traître à surprendre dans les bureaux
mêmes, pour l'en expulser.
Et, sans que je veuille refaire ici une
histoire connue en partie, le commandant du Paty de Clam entre.
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