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L'attaque de Pearl Harbor: De l'appareillage de la flotte japonaise à l'entrée en guerre des États-Unis

Publié le 08/11/2018

Extrait du document

AFFAIBLIR LES ETATS-UNIS
L'attaque japonaise contre la base américaine du Pacifique s'inscrit dans le contexte de la politique expansionniste conduite par Tokyo depuis le début des années 1930 : occupation de la Mandchourie (1931) et ouverture des hostilités avec la Chine (1937). La guerre en Europe, où seule la Grande-Bretagne résiste à la déferlante nazie, va également permettre au Japon de mettre en œuvre son grand dessein hégémonique en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique Sud-Ouest. Affaiblie par la défaite de juin 1940, la France ne peut s'opposer aux prétentions du Japon en Indochine, dont la partie méridionale est occupée dès juillet 1941 par les troupes impériales. Pour sa part, la Grande-Bretagne est bien trop occupée à protéger les convois de l'Atlantique harcelés par les U-Boote de la Kriegsmarine pour défendre ses dominions asiatiques. Seuls les États-Unis peuvent contrarier les projets japonais. Tokyo décide donc de porter un coup décisif à la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor (îles Hawaii).
LES TENSIONS AMÉRICANO-JAPONAISES
LE DURCISSEMENT AMÉRICAIN
 
• Depuis la conclusion du pacte tripartite entre Berlin, Rome et Tokyo en septembre 1940, les États-Unis ne se font pas d'illusion sur les intentions du Japon. On sait pertinemment à Washington que les termes de ce pacte obligent le Japon à intervenir par les armes aux côtés de l'Allemagne et de l'Italie si une tierce puissance, non encore en guerre, se rangeait du côté des Alliés (France et Royaume-Uni). Cette stipulation ne peut que viser les États-Unis, qui sont passés de la neutralité à l'état de non-belligérance en votant en mars 1941 la loi «prêt-bail» autorisant la livraison de toutes fournitures de guerre à un pays dont la défense est jugée utile à la sécurité des États-Unis.
• Les États-Unis sont conduits à prendre des mesures qu'imposent les circonstances. Ainsi, Washington ordonne le blocage des avoirs nippons aux États-Unis et interdit l'exportation à destination du Japon de toutes les matières pouvant être utilisées par les industries de guerre.
• C'est donc dans un contexte de forte tension que se déroulent, tout au long de l'année 1941, à Washington des pourparlers entre le secrétaire d'État américain, Cordell Hull, et l'ambassadeur japonais, Kichisaburo Nomura. Les Japonais ne concevant
même pas l'hypothèse d'un retrait de leurs forces en Chine, aucun accord n'est possible. Quoi qu'il en soit, Tokyo s'emploie à faire traîner les pourparlers, tout en activant ses préparatifs militaires.
Dernières hésitations japonaises
• À la fin de l'été 1941, les Japonais ont réglé tous les problèmes techniques et opérationnels.
Des exercices de simulation ont eu lieu en guise de répétition par la marine dans le cadre de l'invasion simultanée de la Malaisie, des Philippines, de Wake, Guam, Bornéo et Java ; des démonstrations suffisamment convaincantes pour que l'état-major de la flotte combinée se rallie à la mise en œuvre de l'opération Z, c'est-à-dire l'attaque de la flotte américaine du Pacifique avec des porte-avions opérant en détachements indépendants.
 
• Tandis que l’armée impériale se prépare à atteindre ses objectifs en Malaisie et aux Philippines, la marine s'entraîne pour son raid sur Hawaii. Chaque jour, des escadrilles de l'aéronavale effectuent des attaques simulées sur des bateaux ancrés dans la baie de Kagoshima, (île de Honshu), un site choisi avec soin par l'amiral Yamamoto en raison de sa ressemblance topographique avec Pearl Harbor.
• Bien que le haut commandement naval ait longtemps peiné à convaincre l'armée de terre puis le gouvernement de la nécessité d'une attaque surprise contre les États-Unis,


« LA PREMIÈRE VAGUE • les 183 appareils de la première vague d'assaut commencent à décoller des porte-avions.

Ce sont 49 bombtlrdiers en altitude , 51 bombardiers en piqué et 40 avions torpilleurs protégés par 43 chasseurs Zero, des appareils particulièrement manœuvrants et rapides.

Dans le ciel, les assaillants tournent au-dessus de l'aérodrome d'Oahu.

7 H48 • le capitaine Mitsuo Fushida, qui commande la première vague d'assau t, lance par radio le signal : « To, To, To" -« Combat, combat, combat ».

Quelques minutes plus tard, il annonce : « Tora , Tora " -«Tigre , tigre » - pour informer l'escadre que l'effet de surprise est en passe de fonctionner.

À Pearl Harbor, 96 bâtiments américains sont à l'ancre .

7 H 56 • les Japonais concentrent le gros de leur attaque sur les terrDins d'tlvillfion militaires, tandis que les avions-torpilleurs s'attaquent aux bâtiments de guerre.

• la première vague des bombardiers pilonne le terrain de la base militaire de Hickham, au sud de Pearl Harbor , où les bombardiers et les avions de chasse, qui se tiennent serrés pour se protéger de sabotages éventuels, forment bientôt un immense brasier .

• À Ford Island, les hydravions sont également pris sous le feu japonais.

Des débris d'appareils enflammés sont projetés dans les airs.

les hangars sont la proie des flammes.

• le premier Kate , un avion-torpilleur , plonge sur le Nevt1dt1.

Une torpille explose sur l'arrière de l'Arizona.

Dans le ciel, Fushida voit des geysers d'eau jaillir autour des navires américains .

Quatre des grands bateaux en tête de ligne, amarrés par paire, ainsi que les deux les plus exposés, l'Oklahoma et le West Virginia, sont ébranlés par l'explosion des torpilles.

la première touche le West Virginia vers 8 heures : dans les premières minutes de l'attaque, cinq autres torpilles éventrent ses flancs blindés.

le bâtiment donne fortement de la bande .

Alors que l'équipage organise le pompage , il voit l'avant de I'Arizontl éclater dans un bruit d'enfer: une suite d'explosions vient d'anéantir le cuirassé qui coule avec un millier de marins américains .

Non loin, l'Oklahoma sombre à son tour , entraînant par le fond quelque 400 marins.

• Dans le ciel, Fushida , dont l'appareil a été touché par des tirs de DCA , continue néanmoins de diriger l'attaque sur le Maryland : deux des quatre bombes qu'illâche sur le cuirassé font mouche .

Mais le puissant blindage du bâtiment épargne à ce dernier le sort de I'Arizona .ll sera d'ailleurs le premier de tous les navires à reprendre du service actif.

• À bord du Tennessee , les dommages ne sont pas considérables, la plupart des incendies déclenchés par deux bombes sont rapidement étouffés.

le California est le dernier à être atteint.

Deux torpilles déchirent ses flancs .

la réaction rapide de son équipage lui évite de couler, mais il finit toutefois par s'enfoncer dans la boue .

Enfin, à la fin de la rangée , le Nevada a réussi à repousser , grâce à ses canonniers, tous les Kate volant à basse altitude.

Pourtant , un avion-torpilleur parvient à déjouer la défense antiaérienne et envoie une torpille qui ouvre dans son flanc une brèche de 1 ,20 rn sur 90 cm.

Cela ne suffit pas à mettre hors de combat le cuirassé.

• Au bout d 'une heure d'attaque continue à la bombe et à la torpille , Pearl Harbor connaît une accalmie relative.

Groupe par groupe, mission accomplie, les assaillants se retirent.

Juste avant que la menace japonaise ne s'estompe, l'ami ral Kimmel, commandant de la flotte de Pearl Harbor , a informé Washington de la situation en envoyant un message au secrétaire à la Marine : « Raid aérien sur Pearl Harbor , ceci n'est pas un exercice.» • Fush ida, ayant lâché toutes ses bombes , attend l'arrivée de la deuxième vague.

LA SECONDE VAGUE 8 H 40 • Une seconde vague de 86 bombardiers en piqué , de 54 bombardiers en altitude et de 36 chasseurs aborde Oahu par la côte est.

Comme lors du raid précédent, aucun pilote de l'US Navy ne peut décoller.

Seuls quelques cht1sseurs ~-----------___, de l'armée parviennent à prendre l'air •les Japonais ont reproché à l'amiral Clluicbi N•fiiiiiO de ne pas avoir lancé, en dépit de l'insistance du responsable des opérations aériennes, Fushida, une troisième vague contre les installations de la base et les énormes réservoirs de carburant, installés en plein air et contenant 4,5 millions de barils .

• En fait, Nagumo avait voulu préserver ses équipages en prévision d 'une guerre qu'il pensait être longue.

De plus, il redoutait la vigueur de la défense américaine qui s'était ressaisie une fois passée la surprise de l'attaque initiale.

D'ailleurs, les pertes avaient été plus lourdes au cours de la seconde vague d'assaut.

• Nagumo pensait également que les réservoirs visibles du ciel étaient des leurres et que les véritables installations de stockage se trouvaient profondément enterrées dans le sol.

• Enfin, compte tenu des délais de préparation, une troisième vague aurait exigé un retour et un appontage de la flotte aérienne de nuit : une opération toujours délicate.

à partir de la piste Wheeler .

Bien que surclassés par le nombre , ils réussissent à abattre onze appareils ennemis.

• Tandis que la bataille fait rage dans le ciel, un sous-marin de poche réussit à s'introduire à l'extrémité nord du port .

Touché par une torpille, le Monagham , un puissant destroyer, poursuit néanmoin s sa route et écrase le petit submersible .

• ëattaque aérienne se concentre alors sur le Nevada qui tent e de se faufiler par le chenal en faisa nt usage de toutes ses armes sur les bombardiers japonais .

les remorqueurs , qui ont été envoyés en renfort pour empêcher le bâtiment de couler et d'obstruer la passe, parviennent à l'écarter de la menace aérienne.

Mais la retraite du Nevada libère la force d'attaque de la seconde vague des bombardiers en altitude qui reviennent sur leur cible originelle , le Pennsylvania, qui se trouve en cale sèche pour réparation.

Une bombe atteint le pont des embarcations du vaisseau amiral de la flotte .

Au même moment.

une explosion pulvérise à proximité , dans un dock flottant , l'avant du destroyer Shaw .

le carburant enflammé met le feu aux torpilles et aux magasins à munitions de deux destroyers qui se trouvent également en cale sèche .

• Constatant que tous les vaisseaux sont la proie des flammes , ou envoyés par le fond, les Japonais concentrent leurs attaques contre les installations portuaires nord afin d'en finir avec quelque s navires auxiliaires.

Ils ne réussissent toutefois pas à atteindre les croiseurs ni à mettre le feu aux énormes stocks de carburant de la marine .

8 H 50 • la seconde vague prend le chemin du retour en direction du nord, vers les porte-avions .

les pertes japonaises sont incroyablement faibles : 29 avions, cinq fois moins que les prévisions, et 5 sous-marins de poche.

les équipages brûlent de repartir à l'assa ut.

Fushida tente de convaincre Nagumo qu'il reste à détruire les installations à terre et même qu'il est encore possible de retrouver les porte-avions américains manquant au tableau .

Mais l'amiral Nagumo est tellement soulagé par ce succès, auquel il ne croyait guère, qu'il a déjà donné l'ordre de remettre le cap sur le Japon.

• Au même moment.

Midway est canonné par les destroyers Sazanami et Ushio .

Wake et Guam sont attaqués.

Hongkong est bombardé.

Trois débarquements ont lieu en Thanande et en Malaisie.

Un autre est en préparation à Bornéo .

Aux Philippines , la base de Clark Field est détruite .

ëétat-major américain estimait que les Japonais n'étaient pas en mesure d'entreprendre plus d'une opération aéronavale à la fois.

SUCCÈS TACTIQUE, ÉCHEC STRATÉGIQUE JOUR DE LIESSE AU lAPON ·Au Japon, l'enthousiasme provoqué par le succès de Pearl Harbor est proprement indescriptible .

le retour des vainqueurs donne lieu à un extraordinaire délire patriotique .

ëempereur fait une spectaculaire entorse à l'étiquette en exigeant de recevoir Fushida, bien que celui-ci ne soit qu'un plébéien .

Seul Yamamoto ne partage pas la joie ambiante.

Il fait remarquer que les porte -avions ont été manqués , que les cuirassés détruits étaient de vieux bateaux , que la puissance américaine reste colossale et que la guerre est loin d'être gagnée .

·Sur le plan militaire, l'attaque contre Pearl Harbor constitue un véritable succès tactique et confirme les énormes possibilité s de l'aéronavale -ce que démontrera la suite des événements.

D'ailleurs, si déception il y a du côté japonais, elle concerne assurément l'absence des porte-avions américains en baie de Pearl Harbor ce 7 décembre .

• Au reste, Tokyo ne peut que se féliciter de la conduite de l'attaque.

les pertes américaines devaient constituer un lourd handicap pour la flotte du Pacifique .

Plus largement, le désarroi que devait connaître pendant des mois la marine américaine lui interdit toute réaction lors de la conquête des Philippines et de l'Indonésie .

Ce n'est qu'en mai-juin 1942, au moment de la bataille de la mer de Corail et de Midway que les Américains auront véritablement surmonté la crise de Pearl Harbor .

JOUR D'INFAMIE AUX ÉTATS·UNIS • Sur le plan de la conduite générale de la guerre, l'attaque contre la flotte américaine du Pacifique marque un tournant décisif.

• le «jour d 'infamie », selon les mots du prési dent Roosevelt , provoque aux États -Unis une extraordinaire vague d'indignation et balaye l'isolationnisme .

Au Sénat, la guerre est votée à l'unanimité .

Quan t à la Chambre des représentants, elle apporte également son soutien entier au président, à l'exception de Jeann ette Rankin, une députée du Montana, qui avait déjà voté contre la guerre en 1917.

• le Japon se trouve confronté à une guerre totale, alors qu'il croyait pouvoir mener un conflit limité débouchant sur une négociation.

Cette volonté de guerre manifestée par les États-Unis va à l'encontre du plan japonais qui comptait , après la conquête du Sud-Est asiatique , lasser l 'Amérique par une guerre défensive , longue et tenace, et amener Washington , sous la pression d 'une opinion versatile, à une paix de compromis.

UNE CROYANCE ERRONÉE • Contrai rement à une croyance tenace , Roosevelt n'étai t nullement au courant d'une attaque imminente contre Pearl Harbor .

Toutefoi s, de nombreux indices auraient dû inciter le commandement américain à mettre la base en état d'alerte.

• En effet , une meilleure inter prétation d'éléments inquiétants aurait pu conduire à renforcer la riposte américaine par l'interception de la chasse et la mise en œuvre de la DCA.

• À 6 h 45, à la sortie de la rade , un destroyer en faction avait repéré et attaqué un sous-marin de poche.

Signalé à l'état-major , cet incident ne soulève comme seule réaction qu'une demande de confirmation.

De plus, une heure avant l'attaque , un radar mobile de l'armée, servi par deux simples soldats, avait repéré la présence d'une importante formation aérienne se dirigeant sur Oahu .

Signalé à l'officier de service, cette information est alors interprétée comme l'arrivée par le nord-ouest d'une escadrille de forteresses volantes, attendue de Californie et détournée en raison du mauvais temps.

LA Q UEm ON DES RESPONSABILITÉS • Après les événements de Pearl Harbor, huit enquêtes distinctes sur les circonstances de l'attaque furent diligentées.

Kimmel, commandant des forces navales de Pearl Harbor, fut mis à la retraite en mars 1942, mais continua à travailler comme consultant auprès d'une finne travaillant sur des projets navals secrets pour le gouvernement américain.

• Mais, aux yeux du grand public américain, quelqu'un était forcément responsable du désas!Te, et l'on pouvait au moins reprocher à Kim mel son manque de coordination et de coopération dans la défense des nes Hawaii avec Short.

commandant des unités de l'armée américaine à Hawaii.

• Kimmel estimait.

pour sa part.

qu'il avait fait office de bouc émissaire; de fait, les commissions d'enquête sur l'attaque de Pear l Harbor devaient finir par conclure que la seule chose qui pouvait être reprochée à Kimmel était une erreur de jugement.. »

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