L'ANNÉE 1936, TOURNANT DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES.
Publié le 19/10/2010
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Le sujet suppose une connaissance approfondie de l'histoire de l'année 1936. C'est plus spécialement l'Europe qui est au centre de cette étude. Il faut avoir présents a l'esprit, même si l'on n'a pas à les exposer ici, les problèmes intérieurs de chacun des pays intéressés car cela peut éclairer certains comportements sur le plan diplomatique. Il est souhaitable de commencer par dresser un tableau de la situation diplomatique à la fin de l'année 1935; et dans l'analyse des faits de l'année 1936, il convient d'insister plus particulièrement sur les faits par lesquels l'année 1936 apparaît bien comme un tournant dans l'histoire des relations internationales.
7 mars : Remilitarisation de la Rhénanie. 5 mai : Prise d'Addis-Abeba. 15 juillet : Levée des sanctions économiques contre l'Italie. 18 juillet : Début de la guerre civile espagnole. 1er août : Le gouvernement Blum décide la non-intervention dans la guerre civile espagnole. 15 octobre : Arrivée en Espagne des premières Brigades Internationales. 1er novembre : Dans un discours à Milan, Mussolini exalte « l'Axe Rome-Berlin «. 25 novembre : Signature entre l'Allemagne et le Japon du Pacte antikomintern.
I. - LA SITUATION AU DÉBUT DE L'ANNÉE 1936:
1. Depuis plusieurs années l'initiative est aux dictatures : — Allemagne. — Italie. 2. La politique étrangère ne se fait plus à la S.D.N. — Le déclin de l'influence de la S.D.N. — La politique des pactes et des ententes.
II - L'IMPUISSANCE DES DÉMOCRATIES:
1. L'affaire éthiopienne. 2. Le remilitarisation de la Rhénanie.
III. — LE RAPPROCHEMENT DES DICTATURES:
1. Un révélateur : la guerre civile d'Espagne. 2. Les rapprochements : — L'axe Rome-Berlin. — Le pacte antikomintern.
«
l'Allemagne et de l'Italie va mettre en évidence l'impuissance de la France et du Royaume-Uni à s'opposer de façonefficace aux politiques agressives des dictatures.
La convergence d'intérêts entre les régimes autoritaires devientalors évidente et permet le rapprochement entre l'Allemagne et l'Italie pendant que s'ébauchent les grandes lignesd'une stratégie mondiale contre le bolchevisme avec la signature du pacte antikomintern.
I.
- LA SITUATION AU DÉBUT DE L'ANNÉE 1936.
Le fait majeur des années précédentes est la remise en cause du fragile équilibre auquel le monde était arrivé à lafin des années 20.
1.
Depuis plusieurs années, l'initiative est aux dictatures.
• En Allemagne.
— Hitler, au pouvoir depuis maintenant trois ans, n'a pas caché ses intentions de remettre en causele traité de Versailles.
Mais il souhaite avant tout faire de l'Allemagne une puissance militaire et sortir son pays del'isolement diplomatique.
Avant de quitter de façon spectaculaire la Conférence du désarmement, puis la S.D.N., en1933, n'a-t-il pas fait soutenir par les négociateurs allemands, qu'avant de désarmer, il fallait que tous les payssoient à égalité sur le plan des armements ? Ses revendications territoriales, encore modestes, ont déjà étépartiellement satisfaites : Hitler a marqué un point, au début de 1935, quand les habitants de la Sarre ont votémassivement pour le rattachement à l'Allemagne ; mais il a échoué dans sa première tentative d'Anschluss avecl'Autriche, après le putsch manqué des nazis autrichiens en 1934.C'est pour rompre l'isolement diplomatique de l'Allemagne que Hitler met alors une sourdine à sa doctrine du «Lebensraum » ; il ne se sent pas assez fort pour revendiquer des territoires à l'Est.
Pour l'instant il affiche desintentions pacifiques en signant un pacte de non-agression avec le « régime des colonels » polonais.
De plus,l'Allemagne conclut aussi des accords économiques avec les États danubiens, principalement la Hongrie et laBulgarie.• En Italie.
— Le régime de Mussolini est maintenant solidement installé.
A cette époque, les intérêts italiens etallemands n'apparaissent pas forcément convergents.
Le dictateur italien a vu d'un mauvais oeil la tentativemanquée d'Anschluss.
En effet, Mussolini hésitait encore entre deux politiques dont l'axe était constitué par laprépondérance italienne en Méditerranée, avatar moderne de la domination antique de Rome sur cette partie dumonde.
Fallait-il développer son influence dans les Balkans et se heurter ainsi aux intérêts allemands, ou accroître laprésence italienne dans le quart nord-est de l'Afrique, en poursuivant la colonisation de la Libye et de la Somalie,mais affronter les intérêts franco-anglais ?L'Italie tient aussi à jouer un rôle important dans le concert des grandes nations en Europe.
Elle participe àl'élaboration de presque toutes les combinaisons diploma- tiques qui s'ébauchent de plus en plus en dehors de la S.D.N.
2.
La politique étrangère ne se fait plus à la S.D.N.
Le déclin de l'influence de la S.D.N.
— Depuis les années 30, la S.D.N.
s'est révélée incapable de mener à bien sa politique de désarmement, gage de la sécurité collective.
Les nations importantes prennent de plus en plusl'habitude de négocier en dehors de son enceinte.
Ainsi, en juin 1933, France, Royaume-Uni, Allemagne et Italiedonnent le mauvais exemple en signant un « pacte à quatre » par lequel ils s'engagent à régler les problèmesen suspens.
Même s'il est sans lendemain, ce pacte écarte la S.D.N.
des négociations internationales.
C'estquelques mois plus tard que l'Allemagne quitte la S.D.N.
comme l'avait fait le Japon après avoir envahi laMandchourie.
Ces départs, ajoutés à l'absence des États-Unis, réduisent l'influence que peut désormais exercer la S.D.N.
etlaissent les démocraties d'Europe occidentale divisées.
Si le Royaume-Uni continue à défendre une politique quicherche à concilier désarmement et sécurité collective, il resserre aussi ses liens avec le Commonwealth ets'enferme dans une sorte de « splendide isolement impérial » : d'un côté utopie et pacifisme, de l'autre priorité auxintérêts de l'Empire.
La France tente d'une façon désordonnée de nouer ou de renouer des alliances en Europe, toutes dirigées contrel'Allemagne : en Europe centrale (avec les pays de la « Petite Entente »), avec l'Italie ou avec l'U.R.S.S.
En dehorsdu fait que tous ces pays n'ont pas des intérêts convergents, la France ne se donne pas les moyens militaires d'unetelle politique, en continuant à s'enfermer derrière le rempart défensif de la ligne Maginot.
La politique des pactes et des ententes.
— Certes, l'U.R.S.S.
est entrée à la S.D.N.
en 1934 mais les Soviétiques sont inquiets de l'avènement du nazisme et du réar mement allemand.
Conscients des responsabilités des communistes allemands dans l'arrivée de Hitler au pouvoir, ils invitent, à travers le Komintern, les partis communistesà sortir de leur isolement politique.
Litvinov, commissaire du Peuple aux Affaires étrangères, propose à Genève unprojet de sécurité collective, mais il conclut aussi des accords diplomatiques avec la Tchécoslovaquie et la France.
A cela s'ajoute l'entente que la France, le Royaume-Uni et l'Italie concluent à Stresa en avril 1935.
Elle estnettement dirigée contre l'Allemagne hitlérienne puisque les trois pays s'accordent pour empêcher touteviolation des clauses du traité de Versailles..
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