Devoir de Philosophie

L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE A LA VEILLE DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE

Publié le 02/08/2014

Extrait du document

allemagne

III. ÉCONOMIES ET SOCIÉTÉS TOTALITAIRES ?

1. Le déclin de l'économie italienne est manifeste en 1939, après les réussites des "années 20" qui avaient attiré sur le fascisme l'attention internationale. La Grande Crise a durement frappé l'Italie,

et les réactions du pouvoir avaient été intéressantes : dévaluation opportune de la lire en octobre 1936, constitution de grands holdings d'État regroupés dans l'IRI et intégrant les industries en difficulté dans un réseau complexe de capitaux publics et privés, mais où l'action novatrice de quelques grands "managers" d'État devait se manifester. Malheureusement, les faiblesses structurelles pèsent sur l'économie italienne (manque de matières premières et de sources d'énergie), et surtout Mussolini, vers 1938, se met en tête de prendre au sérieux son vieux projet d'autarcie. Il le fait pour des motifs pure­ment politiques, en vue d'une guerre éventuelle.

Les conséquences sont désastreuses : restrictions à la consommation (mal vues du public); dépendance paradoxale vis-à-vis du charbon et de la sidérurgie allemands (d'où une inféodation politique crois­sante); poids écrasant pour les finances publiques d'un réarmement qui sera techniquement très inégalement réussi (chars mal protégés; avions magnifiques, mais au stade du prototype, et nécessitant des moteurs allemands; flotte moderne, mais sans porte-avions).

 

— L'économie du III. Reich est au contraire en plein essor. Ravagée par la crise du Mark, puis la Grande Dépression, elle a pu être remise en marche sans inflation apparente grâce à l'habile camouflage du Docteur Schacht. Nul doute que les grands travaux et l'effort de réarmement du régime hitlérien lui ont apporté une stimulation. Mais des travaux récents attirent notre attention sur un autre élément de succès : les travailleurs allemands, au sortir d'une longue période de chômage, n'ont pas consommé la totalité des revenus qui leur étaient à nouveau distribués, permettant ainsi au Docteur Schacht de gagner un pari bien risqué. Comment expliquer cette attitude? Sans doute par le traumatisme laissé par les drames de 1923 et 1929. En pratique, les travailleurs allemands, en "jouant le jeu" (J. Néré), ont facilité la réussite économique du Ill. Reich.

L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE A LA VEILLE DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE

(septembre 1939) :

DIVERGENCES ET CONVERGENCES DE DEUX ÉTATS TOTALITAIRES

Remarques préliminaires

La date proposée élimine un plan chronologique, sans interdire naturellement une réflexion rapide sur le passé et les origines des deux régimes étudiés. Ne pas oublier qu'en septembre 1939, l'Italie n'est pas encore entrée en guerre!

Il faut voir que cette dernière est déjà déclinante en 1939, alors que le Reich hitlérien est loin d'avoir donné le maximum de ses forces. Ne pas perdre de vue les différences de degré, et sans doute de nature entre les deux dictatures.

Se garder d'une vision trop simple du nazisme, soutenu exclusivement par le "grand capital" et une partie des classes moyennes; ne pas sous-estimer le niveau de vie de l'Allemagne nazie. On ne compren­drait pas la longue résistance du Ille Reich si l'on imagine, dès 1939, ses populations misérables et massivement hostiles au régime! Pour l'Italie, les choses sont différentes.

On pourra dans notre plan rassembler en une première partie les similitudes qui frappent les contemporains. Une seconde et une troi­sième partie permettront d'analyser les différences du point de vue du pouvoir et des réalités économiques et sociales. Notre conclusion sera un bilan de l'Axe en 1939, et de ses équivoques.

I. LES SIMILITUDES ORIGINELLES

1. Fascisme et national-socialisme sont nés dans des circonstances largement comparables :

— traumatisme du sentiment national (la défaite de 1918 et le Traité de Versailles pour les Allemands, la "victoire mutilée" pour les Italiens).

— crise économique violénte, bouleversant les conditions sociales, notamment aux dépens des classes moyennes (crise de l'immédiat après-guerre pour l'Italie, grande dépression de 1929 pour l'Allemagne déjà éprouvée au début des "années 20"),

 

— peur du bolchevisme, intense dans les classes moyennes, large­ment orchestrée par les milieux capitalistes. Leur soutien au fascisme est, en Italie, presque immédiat (industriels et surtout propriétaires fonciers alarmés par la carence de l'état libéral en 1919-21); en

allemagne

« Allemagne en revanche, contrai rement à une légende tenace, les grands sidérurgistes de la Ruhr préfèrent longtemps la droite natio­ nale aux nazis, et leur ralliement s'opère seulement le 4 janvier 1933 lors de la fameuse rencontre de Cologne chez le banquier Schrôder , - séquelles de la Grande Guerre (nostalgie de la fraternité du front, accoutumance à la violence et à un style de vie militarisé , boulever­ sement social qui secoue toutes les respectabilités des bourgeoisies d'avant-guerre, dont les rites et la morale semblent dépassés) .

En ce sens, fascisme et naz i sme offrent un aspect révolutionna ire diffi ­ cilement niable, et il serait naïf de soutenir qu'ils n'ont recueill i aucun appui populaire .

2.

Parents par leurs origines antibolcheviques , fascisme et nazisme s'opposent non moins vigoureusement aux démocraties libérales : - par leur gouvernement dictatorial, où le chef tout-puissant (Duce , Führer) prend appui non sur les suffrages mais sur le déferlement enthousiaste des foules "océaniques" (expression typi quement mussolinienne) rassemblées dans des rites grandioses , - par le totalitarisme administratif et policier , assurant, aux dépens des libertés , l'encadrement de toutes les act ivités profess ionnelles , culturelles ou autres , - par la ma i nmise de l'état sur l'économie.

Certes, le profit subsiste , mais la décision échappe en principe au capital, en faveur des grands "managers" imposés par le régime , surtout en Allemagne (Speer, Todt).

A la limite, l' état peut décider l'autarcie économique en vue d'un objectif guer rier, - par la primauté , en politique extérieure, des Intérêts nationaux , bafoués (affirme-t-on) par les Traités, et qu'il s' agit de .

satisfaire.

De là le mépris affiché pour le pacifisme humaniste ou la sécur ité collective; de là une politique de force et de fait accompli.

Il.

ÉTAT FASCISTE ET ÉTA T NAZI Malgré tant de ressemblances , les deux dictatures ont mis bien des années avant d'aller du même pas.

C'est que , par-delà les apparences , les différences abondent, et d' abord à propos du pouvoir lui-même .

- Les deux dictateurs sont bien différents .

Mussol ini est un Latin vaniteux et extraverti, mais au fond assez peu sûr de lui; pendant de longues années, il a caché sous ses rodomontades un réali sme prudent qui lui a dans l'ensemble bien réussi.

Mais en septembre 1939 , des soucis de santé et des préoccupations sentimentales accélèrent un dramatique déclin de sa faculté de décision ; il est devenu un aboulique avec des déterminations soudaines et émotionnelles, et qui s' est pris pour Hitler (qu 'il a longtemps méprisé) d'une admiration 292. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles