La ville de Saint-Pétersbourg (ex-Leningrad)
Publié le 27/12/2018
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LA PLUS EUROPEENNE DES VILLES RUSSES
Située au nord-est de la Fédération de Russie, au fond du golfe de Finlande, Saint-Pétersbourg (ex-Leningrad) est la métropole la plus proche du pôle Nord. Ancienne capitale de l'empire des tsars, aujourd'hui deuxième ville du pays, la cité jouit d’une place particulière en Russie par son rayonnement symbolique. Elle continue d'être, selon le vœu de son fondateur, Pierre le Grand, une «fenêtre sur l'Europe».
Construite de toutes pièces
Saint-Pétersbourg est né de la volonté d'un seul homme ; le tsar Pierre le Grand (1682-1725). On n'a pas manqué de s'interroger sur le site que cet admirateur de l'Occident choisit pour bâtir sa
nouvelle capitale. Au début du xvuie siècle, la zone sur laquelle s’étend aujourd'hui Saint-Pétersbourg est marécageuse, insalubre. Située à l'embouchure de la Neva, elle est aussi sujette à de fréquentes inondations, et les multiples îles qui parsèment le delta n'augurent pas de communications faciles. Mais le souverain persiste. Proche des frontières de la Suède, ennemie de longue date, le lieu est stratégique. Il permettra à ce marin dans l'âme de disposer enfin d'un grand port, et donc d'une flotte, mais aussi de désenclaver le pays et de l'ouvrir vers l'Europe. En mai 1703, la première pierre de la forteresse Pierre-et-Paul est posée. Le tsar convie à sa
cour les meilleurs architectes et ingénieurs d'Europe, réquisitionne ouvriers et artisans, interdit de construire en pierre ailleurs que dans la nouvelle cité, impose aux dignitaires d'y faire bâtir une demeure. Tout est pensé dans le moindre détail, de la hauteur des édifices à la taille de leurs fenêtres et à la largeur des ponts. En 1712, les 150000 travailleurs qui ont perdu la vie pendant les travaux, les inondations et les problèmes survenus ne sont qu'un souvenir : la Russie possède une nouvelle capitale.
Nicolas Ier (1825-1855), révèle l'existence d'oppositions. Alexandre II (1855-1881) refuse d'accorder une Constitution ou la création d'une assemblée représentative, mais il abolit le servage en 1861. Le «tsar libérateur» succombe pourtant à un attentat organisé par l'un des nombreux mouvements nihilistes qui prospèrent alors en Russie; son fils Alexandre III (1881-1894) fera construire la cathédrale du Sauveur-sur-le-Sang-Versé à l'endroit même du drame.
• Depuis les années 1860, les paysans libérés ont afflué vers les villes, dont la capitale, où le secteur industriel est en pleine croissance. Dès 1851, sur environ 500000 habitants, près de 25 000 ouvriers sont employés dans les quelque 350 usines (métallurgie, textile, tannerie, agroalimentaire) implantées dans les quartiers périphériques de Vyborg, Petrogradskaïa et Vassilievski. Une main-d'œuvre qui constitue un terreau idéal pour les idées révolutionnaires.
lA VILLE PB «ÉVOLUTIONS
• Arrivé au pouvoir en 1894, Nicolas II doit faire face à la défaite inattendue de son pays lors de la guerre russo-japonaise (19041905) et à un mécontentement croissant au sein
de la population. Le 22 janvier 1905, 150000 manifestants marchent vers
«
DE
lENINGRAD •••
Dès mars 1918, le gouvernement
transfère la capitale à Moscou.
La
guerre civile achève de ruiner
l'économie de la ville : en 1921,
Petrograd ne compte plus que 722 000
habitants, soit trois fois moins qu'avant
la révolution.
Le 26 janvier 1924, cinq
jours après la mort de lénine, la cité
prend le nom de Leningrad.
• La même année, elle connaît la
deuxième crue catastrophique de son
histoire : en septembre, le niveau des
eaux atteint 3,80 m.
• En 1928, le 1� plan quinquennal est
lancé, redynamisant l'économie du
pays.
Les années 1930 constituent
cependant une période bien difficile.
Staline, nouveau maitre du pays, se
méfie particulièrement des forces
politiques et intellectuelles de la
deuxième ville soviétique.
• En 1934, l'assassinat de Kirov,
secrétaire du Parti pour la région de
Leningrad, marque le début d'une
grande vague d'épuration qui s'abat sur
tout le pays.
C'est dans ce contexte
qu'éclate la Seconde Guerre mondiale.
• Le 22 juin 1941, l'Allemagne nazie
attaque l'Union soviétique.
Rapidemen�
une partie de la population de
Leningrad, certaines usines et plusieurs
musées sont évacués.
En septembre, la
ville est encerclée par les Allemands.
Commence alors un siège de 900 jours
au cours duquel un tiers de ses
3 millions d'habitants vont périr.
• Le centre est relativement épargné par
les bombardements, mais les quartiers
périphériques, tout comme les palais
des environs, sont dévastés.
• Après la guerre, Leningrad est l'une des
six villes soviétiques honorée du titre de
«Ville héroïque», en hommage aux
souffrances endurées par ses habitants.
• Tout entières orientées vers la
reconstruction, les décennies suivantes
cantonnent l'ancienne capitale dans le
rôle de« cousine provinciale» de
Moscou.
Après la mort de Staline
{1953), la ville s'ouvre néanmoins
progressivement aux touristes
soviétiques et étrangers.
• le métro est inauguré en 1955; de
nombreux espaces verts sont aménagés,
et de nouveaux logements de type HLM
sont construits dans les quartiers
périphériques.
••• A SAJNT·PrnasaouaG
Comme le reste du pays, leningrad
n'est pas épargnée par le vent de
réforme qui suit l'arrivée de Mikha"1l
Gorbatchev à la tête de l'URSS, en
1985.
La glasnost et la perestroïka
trouvent dans cette ville, demeurée
la capitale intellectuelle du pays et
tournée de longue date vers l'extérieur,
un écho particulier.
Dès janvier 1991,
ses habitants décident par référendum
de lui redonner son nom d'origine .
l'Union soviétique disparaît en
décembre de la même année, mais le
réveil est pénible.
La transition politique
s'accompagne d'une transition
économique particulièrement difficile.
le désengagement de l'État dans de nombreuses institutions,
notamment
culturelles, prive les autorités de la ville
des fonds nécessaires à leur
fonctionnement.
La municipalité doit
faire appel à des investisseurs
étrangers.
Un peu plus de dix ans après
la chute de l'URSS, le bilan est mitigé.
Les habitants de Saint-Pétersbourg ont
dû s'adapter à un monde dont ils ne
connaissaient pas les règles, et les
laissés-pour-compte sont nombreux.
UN SITE EN FORME DE DÉFI
La Neva, qui prend sa source dans le lac
Ladoga {17700 km', le plus grand lac
d'Europe), ne mesure que 74 km (dont
32 à travers la ville), mais par son débit
exceptionnel, elle est le 6' fleuve
d'Europe.
Son delta est sujet aux
1111•11!•• inondations :
lorsque les
vents soufflent
de l'ouest ou
du sud-aue�
les eaux du
golfe de
Finlande sont
refoulées vers
la ville,
perturbant
l'écoulement normal de la Neva,
susceptible alors de «déborder».
Pour
lutter contre ce fléau, de grandes digues
ont été construites dans les années 1980
au niveau de l'ile de Kotline, située à
une quarantaine de kilomètres dans la
partie orientale du golfe, mais, en
perturbant la circulation des eaux, elles
ont contribué à dérégler le fragile
équilibre écologique du delta; les
travaux ont été interrompus, et il est
régulièrement question de démolir les
ouvrages existants.
LE CLIMAT
• Saint-Pétersbourg se trouve à
seulement 800 km du cercle polaire
arctique, à 59° 57' de latitude nord,
environ comme Anchorage (Alaska).
Le climat y est contrasté et changeant,
soumis d'une part à l'influence
modératrice des masses d'air venues
de l'Atlantique, d'autre part� l'air
continental polaire, sec et froid.
l'ltive,, les températures descendent
rarement en dessous de -1 5 °C; l'été,
la moyenne est autour de 20 oc.
Les intersaisons se caractérisent par
leur courte durée.
• Sa position géographique ne soumet
la ville ni au phénomène des nuits
perpétuelles ni à celui du soleil de
minuit, mais elle est suffisamment
proche du pôle pour qu'aux alentours
du solstice d'été les nuits soient
exceptionnellement courtes (les
fameuses «nuits blanches»).
Revers de
la médaille : l'hiver, le jour ne semble
durer que quelques heures.
LA VILLE AUJOURD' HUI
VILU ET AGGLOMtRAnON
Chef-lieu de la région (ob/ost) de
leningrad, Saint-Pétersbourg a, comme
Moscou, le statut de ville d'importance fédérale.
Sur 606 km', Saint·
Pétersboul'f abrite environ
4,8 millions d'habitants (agglomération :
1 380 km', 6 millions d'hab.), compte
21 arrondissements, dont 5 en banlieue
et 60 ensembles urbains lui sont
fonctionnellement rattachès : satellites
industriels (Kolpino), centres
scientifiques (Poulkovo) ou villes aux
chateaux et parcs célèbres (Peterhof,
Pouchkine, Pavlovsk).
UNE tcoNOMIE EN MUTAnON
• Carrefour entre l'Europe du Nord
Ouest et la Russie, Saint-Pétersbourg
demeure comme par le passé un grand
centre d'échanges.
Environ 30% des
exportations et 25% des importations de
la Russie y passent les importants ports
maritime et fluvial sont reliés par le plus
long réseau de canaux européens aux
mers Blanche, d'Azov, Caspienne et
Noire.
Par le port de commerce
transitent chaque année 16 millions de
tonnes de marchandises; grâce au canal
de Kronsta� qui permet l'accès à la mer
en toute saison, l'activité est à peine
ralentie quand la Baltique est prise par
les glaces, trois mois par an.
• les chantiers navals, en grande partie
situés à Kronstadt (ne de Kotline),
traversent de graves difficultés, bien
qu'ils représentent encore près de 40%
du secteur en Russie.
• Ce puissant centre industriel, autrefois
lié en premier lieu à la construction
navale et militaire, a dû opérer une
reconversion radicale depuis la chute de
l'URSS : ainsi, l'usine Kirov, jadis vouée
aux chars de comba� produit désormais
des tracteurs ...
Les constructions
mécaniques continuent de représenter
une grande part des emplois de
l'industrie, aux côtés de l'exploitation
du bois de la Carélie voisine, des
phosphates de la pénins ule de Kola
et de l'agroalimentaire.
• le secteur tertiaire est en pleine
expansion.
Deuxième pôle universitaire
du pays, la ville est réputée pour ses
instituts de mathématiques, de
mécanique de précision et d'optique;
de plus en plus d'entreprises
occidentales y ouvrent des bureaux.
afin
de profiter d'une main-d'œuvre à la fois
qualifiée et peu coûteuse.
• Sa situation, son histoire et son
patrimoine architectural font de Saint
Pétersbourg la ville la plus visitée de
Russie, et les autorités municipales
tablent sur l'essor du secteur du
tourisme dans les années à venir.
Enfin,
même s'il ne s'agit encore que d'un
projet, les autorités fédérales n'excluent
pas de transférer la Banque centrale de
Russie dans cette ville dont le président
Pouline, qui en est originaire, entend
favoriser le développement
LE PAYSAGE URBAIN
• Construite à l'origine sur une centaine
d'iles et d'îlots -nombre réduit par le
comblement de nombreux canaux-,
Saint-Pétersbourg est surnommée la
Venise du Nord.
Couvrant aujourd'hui 44
nes, la cité est traversée par quelque
50 canaux et rivières; la Neva y déploie
cinq bras.
Autant dire que l'eau {10% de
la superficie urbaine) est omniprésente
dans les quartiers du centre historique.
• Celui-ci s'est développé autour de la
forteresse Pierre-et-Paul, elle-même r ..........
.
� située su,
un ilot, qui
remplit en
quelque
sorte le rôle
de kremlin,
lieu fortifié
présent dans
toutes les
villes russes
anciennes.
En face, de l'autre côté du fleuve, se
concentraient les pouvoirs militaire,
politique et religieux, avec le palais
d'Hiver, l'Amirauté, le Sénat et le
Synode.
• Trois principaux canaux se déploient
dans le centre en cercles concentriques :
la Mo"1l.
»
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