La vallée du Rift
Publié le 19/09/2018
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triangle des Afars, par exemple, elle ne fait que 5 km, contre plusieurs dizaines en moyenne dans l’ensemble des terres continentales.
• Cette fragilité est accrue par les fissures dues aux mouvements tectoniques ; le magma s'infiltre dans les fissures et forme les volcans.
• L'étirement conduit peu à peu le Rift à s'enfoncer sous le niveau de la mer. Nous avons vu par exemple qu'une partie du triangle des Afars était déjà située à une altitude négative, et que tôt ou tard les eaux de la mer Rouge envahiront cet espace qui n'est que temporairement continental.
• Bien plus éloignés de l'océan, les autres grands lacs n'en constituent pas moins à leur façon des signes annonciateurs du même futur : la profondeur du lac Malawi, par
UNE GIGANTESQUE FAILLE GEOLOGIQUE
• Si les photos satellite donnent une bonne idée de son ampleur, la vallée du Rift (ou Grand Rift) s'impose aussi au voyageur traversant le Kenya et la Tanzanie, qui découvre avec étonnement cette profonde dépression creusée dans le continent africain.
• Il ne s'agit pas du lit d'une rivière, mais d'une gigantesque faille géologique, née de tensions tectoniques dont témoignent aussi les volcans qui ont surgi sur ses bords, parmi lesquels le célèbre Kilimandjaro. La vallée atteint à certains endroits une largeur de 60 km, et elle se dédouble dans sa partie centrale, définissant ainsi une région de près de 700 km de large au cœur de laquelle se situe l'immense lac Victoria.
• Quant à sa longueur, on peut remonter la ligne des activités sismiques et volcaniques à travers la mer Rouge jusqu'en Syrie, mais on considère en général que la vallée proprement dite part du triangle des Afars, au Yémen, pour s'achever 4500 km plus loin après le lac Malawi. Ce phénomène géologique abrite une série d’écosystèmes uniques.
• On y a trouvé quelques-uns des plus anciens fossiles humains connus à ce jour.
très humide et permet l'apparition d'une forêt pluvieuse, parfois à quelques kilomètres de zones quasi désertiques.
• Le meilleur exemple de cette juxtaposition de domaines climatiques très différents sur quelques dizaines de kilomètres carrés est sans doute la caldeira du Ngorongoro. Cet immense
cratère effondré, entouré d'un désert de pierres, voit pousser sur ses pentes une jungle désordonnée avec de nombreuses essences différentes (cipo, manguiers, acajou, etc.), tandis qu'au centre du cratère la savane concentre une faune abondante.
• Les lacs forment des écosystèmes à part. Crocodiles et hippopotames s'y croisent, les premiers à l'affût des ruminants et des oiseaux, les autres broutant les herbes des hauts-fonds et du rivage. Flamants roses, grues,
«
L1NVENTEUI DU GRAND lin
l'identification du Grand Rift et son étude géologique sont le fait d'un géologue britannique , John Walter Gregory (1864-1932).
Jeune assistant au département géologique du British Museum, il conduit en 1893 une expédition de cinq mois dans la région , recueillant des observations géologiques mais aussi anthropo logiques , géographiques et sanitaires .
Le tout premier, il décrit les caractéristiques structurales de la vallée , qu'li nomme «Great Rift• et à laquelle il consacre deux ouvrages fondamentaux : The Great Rift Valley (1896) et The Rift Valley and Geafogy of East Africa (1921 ).
t:un des ensembles secondaires de la vallée porte aujourd'hui son nom : le Rift Gregory, en Tanzanie .
~----------------~ nord de la région : le déplacement des plaques d'Afrique et d'Arabie, qui s'écartent l'une de l'autre à une allure
très lente (2 cm en moyenne par an).
La _, R011ge est la trace visible de ce déplacement.
• Plus au sud, il n 'y a pas deux plaques mais une seule, celle d 'Afrique, travaillée par un mouvement tectonique de grande ampleur qui tend à la couper en deux ; à terme , il y aura deux plaques , et le Rift.
marquant leur césure, est considéré par les géologues comme la forme primitive d'un océan .
• Que se passe -t-il exactement? Pour des raisons mal connues qui tiennent à la circulat ion interne du magma terrestre et aux forces de convection qui ont notamment conduit à la séparation de la plaque d'Arabie , une accumulation de chaleur sous la partie orientale de la plaque d 'Afrique a causé une dilat ation qui s'est traduite par un bombement de la lithosph ère.
Les hauts plateaux kenyans, et plus généralement l'ensemble des zones riveraines de la vallée , en sont la marque.
Mais la dilatation ne se contente pas de bomber l'écorce terrestre .
Elle suscite des tensions divergentes : les deux côtés du bombement s'écartent l'un de l 'autre , ce qui se traduit par l'apparition d 'une ligne de faille : le Rift.
Comme la fissure n 'est pas une simple ligne mais qu'elle s'accompagne de phénomènes de fragilisation et d 'écroulement des parois , on parle aussi , en géologie , d'un effondrement.
!:étirement de la lithosphère produit dans le cas du Rift un effondrement en escalier , né à la fois des forces gigantesques de l'écartement de la croÎlte terrestre , de celles , plus modestes , de la gravité mais aussi du travail infatigable de l'eau.
UN OCW EN DEVENII • !:étirement de la lithosphère conduit à la réduction de son épaisseur ; dans le
triangle des Afars, par exemple, elle ne fait que 5 km, contre plusieurs dizaines en moyenne dans l'ensemble des terres continentales .
• Cette fragilité est accrue par les fissures dues aux mouvements tectoniques : le magma s'Infiltre dans les fissures et forme les volcans .
• !:étirement conduit peu à peu le R ift à s 'enfoncer sous le niveau de la mer.
Nous avons vu par exemple qu'une partie du triangle des Afars était déjà située à une altitude négative , et que tôt ou tard les eaux de la mer Rouge envahi ront cet espace qui n 'est que temporairement continental.
·Bien plus éloignés de l'océan , les autres grands lacs n'en constituent pas moins à leur façon des signes annonciateurs du même futur : la profondeur du l•c M•IIIWi , par
exemple , atteint 706 rn, alors que sa surface n'est qu'à 473 rn au-dessus du niveau de la mer .
Le fond du lac est donc situé à 233 rn au-dessous du niveau de la mer .
C'est déjà, en quelque sorte , un fond marin.
• À terme , les eaux marines envahiront la vallée , et l'éloignement des deux nouvelles plaques continentales conduira à l'apparition d'une mer comparable à la mer Rouge : linéaire, peu profonde, avec une activité volcanique sous-marine .
Mais ce ne sera là encore qu'une forme transitoire .
Remplaçant peu à peu l 'épaisse croÎJte continentale, apparaîtra une croCrte océanique : un plancher basaltique plus mince et de formation plus récente , cristallisé au fur et à mesure de l'écartement des deux morceaux de lithosphère continentale.
• Le Rift.
à très long terme , peut ainsi être comparé à l'océan Atlantique : un étirement continu de part et d 'autre d'une ligne de tension, que l'on appelle dorsale dans les océans.
Les tensions continuent à produire, sous l'océan , des effondrements et des fractures ouvertes : un « rift océaniq ue » marqué par une forte activité sismique et volcanique , à l'origine notamment des tsunamis.
Cette activité est à la fois le signe de la tension et la forme visible, discontinue , d'une production contin ue de croÎJte océanique à partir de magma cristallisé .
LA NATURE ET LES HOMMES
UN CUMAT À l'AIT • !:extrême nord du Rift.
dans la dépres sion des Afars, est désertique .
La température y atteint parfois 50 •c.
Plus au sud règne encore une sécheresse qui fait des hauts plateaux éthiopiens un écosystème fragile .
• À partir de la latitude du lac Victoria , le climat est plus tempéré, et l 'altitude des hauts plateaux kenyans et tanzaniens , comprise entre 1 000 et 2 000 rn, le rend très supportable .
Il est toutefois nettement différent de celui des zone s situées plus à l'ouest du continent sous la même latitude.
• Du fait des montagne s qui le bordenL le Rift est en effet une barr ière
climatique .
Les masses d'air humide venant de l'Atlantique sont arrêtées par les montagnes o ccidentales , qui marquent une nette séparation entre la
forêt pluvieuse d 'Afrique de l'Ouest et les Slllf•es beaucoup plus clairs emées du Kenya et de Tanzanie .
• Celles-ci sont issues d 'une raréfaction des forêts, elle-même due à l'apparition d'une saison sèche.
!:est de la région est en effet marqué par un cycle saisonnier beaucoup plus marqué , avec des phénomènes de mous son qui alternent avec de longues périodes sans pluie .
• Le Rift a ainsi modifié profondément le climat de la région , dans le sens d 'une plus grande sécheresse .
La vallée elle-même , qui concentre les eaux de ruissellemenL reste assez humide, mais , dans sa partie la plus large, la différence est bien marquée entre les grands lacs d'eau douce de l'ouest de la vallée et les eaux saumatres , plus rares, de l'est.
DE LA FOIIIT À LA SAVANE • La célèbre migration des •- · qui suivent les pluies , montre les
cons équences pour la faune de ce cycle saisonnier .
l'éclairc issement progressif de la forêt a favorisé les troupeau x de ruminants (gnous , zèbres, antilopes , girafes) et les grands prédateurs qui leur sont associés (lions , léopards , guépards), ainsi que les charognards qui les suivent (hyènes , vautours) .
Buffles , rhinocéros, éléphants et autruches compl ètent cette faune très riche , désormais protégée dans des vastes parcs, comme celui du Masai Mara , au K enya.
• Les prin cipaux arbre s de la savane sont des «•dtiS , dont la forme en
parasol est en part ie due aux rum inants qui mangent les feuilles à leur portée , sans se soucier des épines .
De rares baobabs dressent leurs silhouettes centenaires et disproportionnées dans les parties les plus denses de la savane .
À ces deux essences caractéristiques s'ajoutent les borasses , d es palmiers à partir desquels on prépare le vin de palme et des arbres à saucisses , ou saucissonniers, aux fruits pendants caractéristiques .
• Le paysage de savanes arborées caractéristique des environs de la partie centrale de la vallé e n 'est néanmoins pas exclus~ .
Sur les pentes des volcans, la fraîcheur due à l'altitude provoque une condensation qui rend ce milieu
très humide et permet l'apparition d'une forêt pluvieuse , parfois à quelques kilomètres de zones quasi désertiques .
• Le meilleur exemple de cette juxtapos ition de domaines climatiques très différents sur quelques dizaines de kilomètres carrés est sans doute la caldeira du NgonHigfKo .
Cet immense
cratère effondré , entouré d'un désert de pierres , voit pousser sur ses pentes une jungle désordonnée avec de nombreuses essences différentes (cipo, manguiers , acajou, etc.), tandis qu'au centre du cratère la savane concentre une faune abondante.
• Les lacs forment des écosystèmes à part.
Crocodiles et hippopotames s'y croisent, les premiers à l 'affÎlt des ruminants et des oiseaux, les autres broutant les herbes des hauts-fonds et
la faune aviaire .
Les poissons sont également très nombreux.
certains pêchés industriellemenL comme la perche du Nil.
Les écosystèmes lacustres sont toutefois fragiles; le 1« Vlctori• en particulier est
menacé par l'irrigation , qui prélève une partie des eaux de ruissellement.
PASTEUIS, PlCHEUIS •••
n TOUI·OPtiAnUIS • La vallée du Rift est le berceau de l 'humanité .
La théorie de l'évolution associe l'apparition de la bipédie à la disparition progress ive, dans cette zone, de la forêt au profit de la savane .
• Différents sites ont révélé des fossiles parmi les plus anciens de l'humanité ; le squelette de la fameuse LfKY a été découvert en 1974 dans la gorge d 'Olduvai , en Tanzanie .
• Si l'on s'en tient à l'homme moderne , apparu il y a une centaine de milliers d 'années, le milieu naturel de la vallée s'est révélé propice au développement de différentes sociétés .
• Parmi les pasteurs nomades des hauts plateaux éthiopiens, tanzaniens et kenyans, les MtiSIII sont parmi les plus • célèbres .
Leur culture originale se distingue notamment par le rite initiatique de la chasse au lion.
Ils ont conserv é un mode de vie étroitement associé à l'élevage du bétail.
• Autour d'eu x vivent en bonne harmon ie différentes ethnies (47 pour le seul Kenya ), se partageant entre l 'agriculture et des activités centrées sur la p êche pour les habitants des grands lacs.
• Bien qu'assez éloign é des centres urba ins modernes , comme Kinshasa, et des zones vouées de longue date au commerce avec l'océan Indien (Djibouti, la côte kenyane , le Mozambique), le Rift n'en participe pas moins à l 'économie mondialisée , grace à la culture de légumes (haricots) et de fruits (mangues, ananas , bananes) mais aussi au développement déjà f--------------1 ancien d'activités touristiques : lodges DES SITES PIUtiSTOIIQUES Certes, c'est à 2 500 km à l'ouest de la vallée du Rift qu'a été découvert le plus ancien hominidé connu à ce jour , Toumaï , vieux de 7 millions d'années .
Mais c 'est bien dans la vallée qu'ont été découverts en 1974 Lucy {3 millions d 'années) eL en 2000, Orrorin tugenensis (6 millions d'années), la première en Tanzanie dans la gorge d'Olduvai , le second au Kenya dans le bassin du lac Baringo, près des collines de Tugen .
Ces découvertes tiennent à la fois au peuplement très ancien de la région , mais elles ont aussi été permises par la nature du terrain : dans le cas d'Olduvai, c'est l'effondrement progressif de la gorge, indissociable des mouvements qui affectent la région du R~ qui a permis la mise au jour des fossiles humains.
Pour l'homme d'Orrorin, ses ossements ont été découverts dans une couche de basalte associée à des sources chaudes, dont les émanations minérales ont permis la cristallisation du squelette .
C'est l'activité tellurique liée au Rift qui a permis de fossiliser ces ossements .
(hôtels de brousse) et tour -opérateurs se partagent des revenus significatifs , dans un secteur très organisé, allant de l'accueil de groupes de campeurs aux prestations luxueuses destinées aux touristes les plus fortunés .
• La bonne tenue du secteur des services dans les pays tour istiques (Kenya , Tanzanie ) ne peut cependant faire oublier l'importance pers istante du secteur agricole dans l'ensemble de la zone ; si un pays comme le Malawi exporte tabac.
thé, sucre, maïs , arachides et café , l'agriculture représente encore plus d 'un tiers de son Pl B.
Le nord du Rift.
côté éthiopien , reste périod iquement soumis à la disette ; les troubles politiques n'épargnent pas un pays comme le Kenya , touch é par des émeutes lors des élections de décembre 2007 ; enfin , les épidémies restent fréquentes dans la région, avec notamment une résurgence de la fièvre jaune, le taux élevé de prévalence du sida, la présence endémique du paludisme et les ravages occasionnels de la fièvre de la vallée du Rift.
une maladie virale transmise par les moustiques qui touche le bétail et les humains..
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