La terrible maladie d'Anne d'Autriche
Publié le 19/09/2018
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Le 10 avril 1663, Anne d'Autriche est victime d'un soudain malaise. Agée de soixante et un ans, elle a toujours joui d'une excellente santé et son entourage s’inquiète en la voyant en proie à un violent accès de fièvre et à des douleurs lancinantes. C’est à partir de cette date que la mère de Louis XIV va ressentir les premières atteintes d’un cancer du sein, un mal terrible et incurable qui va bientôt l’emporter.
Avant l’alerte du 10 avril 1663, Anne d’Autriche n'a jamais souffert d'aucun mal sérieux. Mais le Carême vient de s'achever, et la très dévote veuve de Louis XIII a peut-être jeûné plus que de raison. Tandis qu’elle est en proie à la fièvre et des douleurs lancinantes dans ses appartements du palais de Louvre, l'affolement gagne ses proches. Son fils cadet, le duc Philippe d'Orléans, assiste, impuissant, aux cinq saignées que lui infligent ses médecins pour la soulager. « Monsieur alors la tenait d'une main. Comme cet aimable prince sentit que la reine sa mère allait tomber en faiblesse et qu'il ne pouvait pas la retenir, il se laissa adroite-
«
CONFLITS
FAMILIAUX
Pendant sa maladie, Anne
d'Autriche n'est pas épargnée
par les conflits familiaux .
Elle est
profondément blessée
par la conduite légère de
Louis XIV, qui reste sourd à ses
admonestations et va jusqu'à
lui imposer de recevoir sa
favorite, Louise
de La Vallière !
Heureusement, le duc Philippe
d'Orléans, son enfant chéri, la
console, ne la quitte pas et prie pour elle avec ferveur .
Le 3 août, au château de
Saint-Germain-en-Laye, la
reine mère dicte son
testament .
« Étant au lit malade de corps, et
néanmoins saine d'esprit», elle
laisse deux mille pistoles aux
pauvres et répartit ses biens
entre les membres de sa
famille .
Un conflit éclate
lorsque Louis
XIV réclame les
parures de perles qu'elle veut
donner à sa petite-fille Marie-
Louise, aînée de Philippe
d'Orléans et d'Henriette-Anne
d 'Angleterre.
Après des
négociations difficiles,
il est
convenu que le roi payera les
bijoux ...
Quelques jours plus
tard, Anne d'Autriche reçoit le viatique pour la première fois,
puis a une entrevue avec ses
fils,
dont elle connaît les
caractères opposés.
« Je vous prie tous deux de vous aimer
pour l'amour de moi », leur
commande-t-elle : tandis qu'elle les bénit en pleurant,
les deux frères s'embrassent et se jurent amitié éternelle .
elle assiste même aux « Plai
sirs de l'île enchantée » , une
des
premières des fêtes somp
tueuses données par Louis XIV
à Versailles .
La pieuse sérénité de la ma
lade est toutefois troublée par
la représentation du Tartuffe de
Molière .
Anne d'Autriche re
trouve toute son autorité d'an
tan pour inciter son fils à faire
interdire la pièce .
Elle obtient
satisfaction, mais madame de
Motteville , biographe précise
de ses derniers mois , note
qu'à cette occasion elle res
sent les prémices du mal qui
va l'emporter : « Ce fut dans ce
voyage
de plaisir que la reine
mère sentit les premières dou
leurs de son cancer.
Il parut
d'abord par une petite glande
au sein dont elle ne s'inquiéta
pas .
Ce fut la cause de sa perte
car si, dans ce commencement,
elle en eût cherché le remède ,
il aurait
peut-être été plus faci
le d'en éviter · les fâcheuses
suites .
>> Le 4 octobre 1664,
lors d' une visite au couvent
parisien des Petites-Carmé
lites, la souveraine est anéan
tie par une grande faiblesse
qui l'empêche de rejoindre la
Cour à Vincennes et l'oblige à
passer la
nuit au Val-de-Grâce .
M éde cins et
c h a rl atans
Alors que les jours de la reine
mère semblent comptés , com
mence la
ronde des médecins
et des charlatans.
« Il est cer
tain
qu'elle a un cancer de la
mamelle gauche, maladie qu'on
ne
peut guérir.
Mais on y écou
te les charlatans qui promet
tront toujours de la guérir »,
s'indigne Gui Patin , le doyen
de la Faculté de médecine de
Paris .
Pour sauver sa mère ,
Louis
XIV fait appel à un obs
cur curé
de la région de Char
tres, François Gendron.
Celui
ci prétend obtenir la rémission
de la maladie grâce à une
pommade à base de bella
done et de cendres de roche
de Beauce .
D'autres « empiri
ques », comme ils se dési
gnent eux-mêmes , sont consul
tés : un moine, un guérisseur
hollandais ,
une sorcière de vil
lage
et le célèbre docteur
Alliot , attaché au duc de Lor
raine,
qui combat tous les
maux
par l'arsenic .
« Mon Dieu ! Qu'il y a de sottes
gens
au monde, et particuliè
rement chez les grands sei- gneurs,
de croire que de telles
buses puissent guérir les
ma
ladies que les médecins n'ont
pas pu guérir », constate Gui
Patin.
Pour ce praticien , le can
cer reste un mystère .
Comme
les plus sérieux de ses confrè
res, il ne sait
quel enseigne
ment de la science médicale
des Anciens suivre .
Faut - il s'en
référer au Grec Hippocrate ,
qui affirme qu'il ne faut pas
opérer le karkinos, mot grec
signifiant « crabe » et dési
gnant la maladie ? Ou, ainsi
que le prescrit son compatrio
te Galien, opérer pour extirper
la tumeur ? Tandis que que les
homme s de l'art s'interrogent,
la santé d'Anne
d'Autriche dé
cline .
Au cours des premiers
mois
de 166 5, l'affection s' étend
inexorablement.
Le printemps
et l'été sont terribles .
«La
reine mère est empirée .
li est
survenu des érysipèles à ses
deux mamelles avec de gran
des douleurs et de mauvaises
nu it s », souligne Gui Patin.
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»
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