La société féodale

SÉCURITÉ, AIDE ET CONSEIL

La société féodale désigne l'organisation sociale et politique fondée sur le fief, dans l’Europe occidentale du Xe au xiiie siècle. Plus précisément elle recouvre les liens personnels de dépendance qui unissent entre eux les membres des couches dominantes de la société.

AUX ORIGINES : LA VASSALITÉ

FlDÉliTÉ & VASSALITÉ

La vassalité est d'abord une relation reposant sur des liens personnels forts qui créent une véritable «parenté supplémentaire» (M. Bloch). Cette relation lie deux hommes libres, l'un (le vassal) se mettant au service de l'autre (le seigneur) en échange de sa protection et de son entretien. Le mot vassal est issu du celtique gwass qui désigne un jeune serviteur, par opposition au senior, le vieux, le patron. Pendant tout le haut Moyen Âge, ce terme de vassal met surtout en

avant la notion de fidélité. L'institution vassalique est à la fois issue des relations de patronage et de clientélisme domestique du monde romain et du compagnonnage guerrier du monde germanique. Origine romaine, car, dans l'Antiquité tardive, il existe au sein de l'Empire des milices privées au service d'un maître : les hommes qui les composent sont appelés des «bucellaires» (d'un mot latin signifiant «mangeurs de biscuits», ce qui insiste sur la meilleure qualité de leur alimentation par rapport à ceux qui doivent se contenter du pain traditionnel) ; origine germanique également, puisque, à l'époque mérovingienne, les aristocrates francs disposent de serviteurs armés avec lesquels ils entretiennent des liens personnels étroits, à l'image de ceux qui unissent le roi et sa garde rapprochée (la truste).

Vassalité et bénéfice

Parmi ses obligations, le vassal doit à son seigneur une aide militaire totale et complète. En échange, le puissant accorde au vassal sa protection, qui se concrétise par le fait de le loger sous son toit, par le don de vêtements, de nourriture, d'armes et autres cadeaux appelés bienfaits, ou bénéfices. Parfois, l'entretien du vassal est assuré par un don encore plus apprécié : la jouissance temporaire des revenus d'une terre. Cette remise en usufruit d'un bénéfice foncier est censée permettre au fidèle de s'équiper, de s'entraîner et d'entretenir sa famille. Ici se trouve la racine de la différenciation sociale croissante entre les guerriers professionnels, qui combattent à cheval, et les simples hommes libres, toujours convoqués à l'ost (service

militaire) mais qui, du fait de leur équipement souvent rudimentaire, ne servent plus que de troupes d’appoint

 l'aube du xie siècle, les institutions féodo-vassaliques sont en place. Issue de la recommandation pratiquée au haut Moyen Âge, la vassalité demeure un contrat conclu entre deux individus libres. Les liens vassaliques sont noués par la cérémonie de l'hommage. Tête nue, sans armes, le futur vassal vient s'agenouiller devant celui qui va devenir son seigneur et place ses mains dans les siennes en signe d'abandon, de total don de soi. Le seigneur relève son vassal et le baise sur les lèvres, geste qui rétablit le rapport d'égalité entre les contractants.

Puis le vassal prête un serment de fidélité, la main sur les livres saints ou sur une châsse contenant des reliques, signifiant par ce geste qu'il prend Dieu à témoin du caractère sacré de son engagement.