La Russie en 1914 : Une grande puissance ?
Publié le 02/09/2012
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En 1914, la Russie fut la première à entrer en guerre contre l'Allemagne. Il lui fallait redorer son blason, et l'idée de conquérir de nouveaux territoires ne l'a jamais laissée indifférente. Cependant il est important de souligner qu'en 1914, le problème politique russe n'est pas résolu. Dès 1911-1912 (et le 300ème anniversaire de la dynastie des Romanov), et grâce au coup de fouet initié par Stolypine, elle commença à devenir une terre de grande prospérité, avec un taux de croissance élevé. C'est ainsi qu'à la veille de la première guerre mondiale, elle avait en elle toutes les apparences d'une grande puissance : sur le plan économique, militaire et culturel (où elle bénéficiait d'un certain prestige). La secousse révolutionnaire de 1905 fut assez grave, mais n'a pas abattu le régime. La société n'était pas mûre pour la révolution, on assista donc à un retour à la croissance. De 1906 à 1914, cette dernière s'accrut de manière exponentielle avec en parallèle, des troubles agraires se raréfiant et la reprise des investissements étrangers, notamment en Suède. Le transsibérien atteint enfin le Pacifique. Sur le plan militaire, la Russie assume un total changement en comparaison à 1954-1956 et la défaite de Crimée, qui avait révélé la faiblesse des son armée. Elle est désormais capable de mobiliser des troupes importantes en un temps plus court. Une convention la lie à la France et aux partenaires occidentaux, ainsi que des conventions militaires franco-russes précises et bien établies. Sur le plan intellectuel, c'est la découverte des ondes hertziennes et du réflexe de Pavlov, ainsi que la classification des éléments chimiques
«
Les premiers courants nihilistes apparaissent dans les années 1860 (il n'y a rien qui vaille, tout est remis en cause.
Ils s'inspirent des théories darwiniennes surl'évolution des espèces, seuls comptent les rapports de force sociaux.
Ce sont des jeunes gens instruits, plusieurs BCBG issus de l'aristocratie, d'autres des milieuxroturiers aisés).
L'agitation révolutionnaire prend des formes plus radicales à l'image des attentats contre Alexandre II.
En 1866 : Herzel dira « le peuple a ététrompé » (quant aux réformes de 1861).Parmi les sociétés secrètes qui se multiplient, la société « jeune Russie » s'appuie sur une idéologie communiste.
Tchernichevski (mort en 1898) publie en 1864 unprogramme révolutionnaire du titre de : « Que faire ? ».
c'est aussi l'époque des premiers écrits de Bakounine en exil en Suisse.
En 1862 est publié un « appel à lajeune Russie », programme révolutionnaire global qui propose d'organiser la lutte révolutionnaire à partir d'un parti clandestin.
Le but est simple : essayer d'abattre letsar, ou organisation de coups d'État révolutionnaires.Le problème pour ces mouvances est de se situer par rapport à ce qui se passe en Europe occidentale.
Doivent-ils se mettre en phase avec l'action de Karl Marx ? Oudoivent-ils plutôt rester autonomes ? Dès 1973, des jeunes gens vont à la rencontre du peuple pour tenter d'endoctriner les gens contre le tsar.
L'année 1877 estmarquée par plus de 870 condamnations dont 300 de fils de nobles, 200 de fils de hauts fonctionnaires et 200 de fils d'hommes d'Église.
Ce sont les populistes lesplus radicaux qui organisent des actions terroristes.
Leur programme est simple : le peuple étant privé de liberté et de terres, il faut lui rendre sa propre liberté en s'enprenant à la tête : aux responsables de la répression, mais d'abord à Alexandre II.
En 1878, Vera Zassoulitch essaye d'organiser un guet-apens contre le chef de lapolice impériale (Okhrana) qui avait giflé un étudiant.
Elle sera jugée, arrêtée puis acquittée.
Le tsar, par cette décision, ébranle sa propre légitimité de la mêmemanière qu'il est ébranlé par les contestations radicales.
Il est donc clair que la Russie, à cette époque, traversait un courant contradictoire.
Certaines des réformes du« tsar libérateur » ont placé la Russie à la tête des pays européens.
Mais cela a un caractère incomplet, inachevé.
Le tsar souffrait du côté hésitant de sa personnalité.Le règne d'Alexandre III, qui s'étendit de 1881 à 1894, fut un court règne de transition.
Mais Alexandre III n'a jamais eu la cote.
Le diplomate français Le Roy ledéfinit comme « le tsar rustre par excellence », et l'ambassadeur allemand de la Lamsdorf : « un idiot couronné, un moujik déguisé en général ».
Il porte l'autocratiecomme valeur suprême, persuadé que son père a été assassiné car il était trop libéral.
Par conséquent son programme peut se résumer ainsi : « Autocratie,Russification (lutter contre les minorités), Orthodoxie ».
Ses points forts auront été sa prise d'intérêt pour le développement économique et sa perception souventjuste des enjeux géopolitiques (il avait compris la nécessité d'une alliance avec la France).
Dès son accession au trône, il fait juger et pendre les régicides.
Il suspenden partie les libertés judiciaires acquises sous Alexandre II, on rend à la police d'État (Okhrana) le devoir d'assurer la censure et la répression.
Cet étouffementapparent des libertés n'empêche pas pour autant la formation de complots.
En 1887, un complot est très rapidement intercepté car il était mal préparé.
AlexandreOulianov est arrêté, et assume des responsabilités qu'il ne méritait pas (il n'avait pas comploté cette fois-ci), on le condamna et on le pendit.
C'était le frère aîné dufutur...
Vladimir Illitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine, qui en viendra à penser que la révolution est une affaire sérieuse qui doit être préparée.Parallèlement, le contrôle de l'administration devient tatillon.
La liberté de circulation fut entravée et les minorités malmenées (en Pologne et en Ukraine).
Les Juifssont un cas particulier.
Les valeurs de l'Église catholique sont imposées de façon draconienne.
La seule sphère de liberté qui existe est au niveau des zemstvo.
Le tsarcommence une entreprise de russification forcenée, avec notamment l'obligation de parler le russe, notamment en Pologne et Finlande (ce qui eu pour conséquence unquasi-nationalisme finlandais).
Les Juifs n'ont plus accès à l'université : ils sont souvent suspectés à tort ou à raison par l'Okhrana d'appartenir à des mouvementsrévolutionnaires.
C'est presque un antisémitisme d'État.
On assiste à la naissance de pogroms, qui sont des expéditions punitives (par la population instrumentaliséepar les autorités) contre les quartiers juifs.
La Russie est alors le pays le plus antisémite d'Europe, malgré le contexte en France avec l'affaire Dreyfus.La principale conséquence de ces volontés autocratiques butées sont le développement des oppositions, nous l'avons vu.
Il convient d'en étudier plus clairement lesmouvances.
Officiellement, elles sont impossibles.
En fait cela est difficile à appliquer dans un empire aussi vaste.
Ce sont des oppositions multiformes, clandestinesou semi-clandestines, assez efficaces et de deux types : celles qui se réclament d'un système politique libéral et celles qui sont révolutionnaires.
Pour ce qui est desoppositions libérales, il y a deux principales mouvances.
D'un côté le libéralisme grand bourgeois et de l'autre, le courant démocrate.
Le libéralisme grand bourgeoisest composé de notables et quelques fois d'aristocrates.L'État russe semble alors tout puissant mais au niveau local il y a une absence quasi-totale d'État.
Or il y eu beaucoup de catastrophes notamment au début duXIXème siècle, à savoir des épidémies de choléra, famines (grandes famines de 1901 à 1903).
Chipov est le leader de la tendance libérale grande bourgeoise.
C'estun industriel qui préside le zemstvo de Moscou et qui fait partie de la catégorie du notable industriel.
En 1896 il demande une première fois au tsar des réformeslibérales, que ce dernier repousse.
Un courant se met en place, qui revendique une douma d'empire.
Chipov et ses amis ne veulent néanmoins pas la fin du tsarisme.Le courant démocrate est un peu contre le courant précédent.
Il émane de la nouvelle classe moyenne constituée avec le changement économique, en phase avec leprogrès économique, plus distante à l'égard du tsarisme.
Ils veulent une constitution écrite.
Si le tsarisme s'adapte, on le garde.
Sinon on désire une république commeen France.
Ils veulent non seulement une constitution mais aussi la fin des persécutions sur les minorités.
Ils récusent la violence (comme Chipov), mais veulent aussiabandonner le tsarisme (pas Chipov).
En parallèle à ces deux mouvements libéraux, les mouvances révolutionnaires sont elles aussi au nombre de deux, avec d'unepart le mouvement social-révolutionnaire et de l'autre le mouvement social-démocrate.
Le premier est composé des héritiers du camps populiste.
C'est un mouvementclandestin très individualiste, atomisé et éparpillé.
Tous les moyens sont prônés, y compris les attentats individuels.
Ils donnent la priorité à la paysannerie pourl'accès à la terre : « la terre à ceux qui la travaillent ».
Cependant ils sont depuis longtemps infiltrés par des agents doubles (voir triples ou quadruples).
Le social-démocrate, ce sont Plekhanov, Axelrod et Vera Zassoulitch, ceux qui introduisirent Marx en Russie.
Le POSDR (Parti Ouvrier Social Démocrate Russe) fut formésur le modèle du SPD allemand.Enfin pour clore le sujet des oppositions au régime, il convient de s'intéresser à Lénine.
Ce dernier fréquenta les cercles marxistes clandestins.
En 1891 il devintdocteur en droit et s'installe comme avocat...
mais préfère les lectures révolutionnaires.
Il écrit des articles sur la transformation de la vie paysanne et part à l'étranger.À Genève il rencontre Plekhanov.
Lénine s'installe ensuite à Munich où il y lance l'« Iskra » (une feuille clandestine qui deviendra mensuelle en 1901).
Il écrit ensuite« l'État et la révolution », grand ouvrage révolutionnaire établissant la dictature du prolétariat.
Cependant la personnalité de Lénine ne s'entendra pas avec les autresdirigeants du S-D, en juillet 1903 on assiste déjà à une séparation entre bolchéviks et mencheviks.
La scission est confirmée en 1904.
Les bolcheviks de Lénine nesont alors qu'une dizaine.
Ce sont les allemands qui aideront Lénine à revenir en Russie début 1917 à bord d'un wagon plombé, les deux « camps » y trouvant chacunleur intérêt dans ce retour.Qu'est-ce donc que l'empire russe au début du XXème siècle ? Une société qui assume une somme de contradictions.
Malgré des changements importants dans ledomaine socio-économique et une modernisation accélérée, de larges secteurs archaïques demeurent, notamment dans la paysannerie.
On assiste à un blocagepolitique total autour du maintient de l'autocratie, ce qui devient vite une réalité anachronique.
Seul le comte Witte avait parlé de cela à Nicolas II.
Les oppositionssont condamnées à la semi-clandestinité, les révolutionnaires agissant en ordre dispersé.
Nous allons voir que sur le plan extérieur, la Russie passe pour une grandepuissance, étant très active au moyen Orient, elle est très courtisée, cependant elle se heurte au Japon dès 1904.La Russie a donc l'apparence d'une grande puissance mais encore beaucoup de fragilités sur le plan intérieur, pour un bilan très contradictoire par conséquent.
L'année 1905 en Russie a ébranlé le pays sans pour autant abattre le système.
Le débat demeure encore aujourd'hui pour savoir si c'était une première révolutionavant celle de 1917.
plusieurs signes avant-coureurs sont pourtant évidents : d'une part les difficultés économiques, et de l'autre la défaite face au Japon.
Malgré laconcession majeure du 30 octobre 1905 du tsar, admettant l'élection de la douma au suffrage universel, il est clair que cette dernière est un moyen de gagner dutemps.
Dès 1899, on assiste à un mini-crack boursier à St-Pétersbourg.
La tendance se confirme les années suivantes par un retournement de la conjecture mondiale.La Russie est en situation de surproduction.
Les marchés nationaux sont saturés vers 1900.
Car les investisseurs manquent d'argent et les producteurs n'arrivent pas àécouler leurs stocks.
La Russie est trop dépendante du capitalisme international.
Elle emprunte beaucoup à la France et diminue ses activités et ses prix industriels.
Lepétrole du Caucase baisse de 65%, la fonte de 40% les ouvriers reviennent aux villages qu'ils avaient quittés.
Par ailleurs, la Russie semble être une terre desparadoxes : elle concentre les terres à blé les plus fertiles du monde mais où l'on connaît la famine.
Les vagues de famine sont difficiles à gérer début 1901.
Certainescampagnes souffrent de surpopulation, ce qui entraîne un exode rural à un moment où l'emploi baisse et où le chômage augmente.
Dans les villes, les ouvriers auchômage et les paysans déracinés deviennent potentiellement révolutionnaires.
On a une accumulation de l'agitation rurale et de l'agitation urbaine.
Le scénariodevient diabolique lorsqu'à cela vint s'ajouter la défait militaire de 1905.
La guerre contre le Japon fut le choc de deux impérialismes autour de la région de laMandchourie (au départ).
Plehve, le ministre de l'intérieur russe, s'exclamera alors que contre l'instabilité nationale ambiante, « rien de mieux qu'une bonne petiteguerre courte et victorieuse ».
Ce sont les Japonais qui, peu au fait des usages dans les relations internationales quant aux déclarations de guerre, attaquerons lespremier la Russie par surprise.
Entre le mois de mai 1904, le siège de Port Arthur et juin 1905, la capitulation russe, il ne s'en sera pas fallut de peu pour que lesJaponais l'emportent.
Les Russes avaient bénéficié de l'aide américaine.
Le président américain était méfiant envers les Japonais.
Witte (qui avait été évincé) estrappelé au pouvoir pour négocier la paix lors de la conférence de Portsmouth en juillet.
Il fut excellent négociateur.
La défaite fut limitée au plan militaire etterritorial.
En revanche, sur le plan psychologique, il y eut de graves conséquences.
Le « dimanche rouge » de St Pétersbourg, qui entraîna la mort de 170 civils(officiellement.
Officieusement l'estimation est beaucoup plus élevée) et lors duquel dénombra dans les 1000 à 2000 blessés suite à la répression sanglante d'une.
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