La révolution russe: De la chute du tsar à la fin de la NEP
Publié le 11/11/2018
Extrait du document
ESPOIR ET RÉVOLUTION
La Révolution russe est un événement majeur dans l'histoire du xx' siècle. Inspirée par les thèses marxistes, elle propose un autre modèle social que celui instauré par le libéralisme. Elle a engendré un immense espoir partout dans le monde. En 1917, l’exaspération des tensions sociales et des blocages politiques accumulés depuis plusieurs décennies en Russie constitue l'opportunité attendue par les partisans de la révolution pour transformer cet espoir en une réalité.
L'ANNÉE 1917
La Russie au bord du chaos
La Russie de 1917 est un Etat
monarchique centralisé qui s'étend de la Baltique au Pacifique, comprenant, en Europe, la Finlande et la Pologne. En 1905 éclate une première révolte contre le tsarisme
qui se transforme en une véritable révolution. Le tsar Nicolas II accède alors aux demandes des
libéraux en dotant le pays d'une assemblée nationale consultative, non législative, la Douma, et en engageant quelques réformes. Mais rapidement, le mécontentement gagne à nouveau le pays devant la timidité de celles-ci et le retour
à des méthodes de gouvernement autoritaires. La Première Guerre
mondiale va précipiter la chute du régime.
L'implosion de l'État russe En 1917, la Russie n'est plus en mesure de soutenir l'effort de guerre. Ses armées sont exsangues : mal commandées, mal équipées, souvent affamées, elles ont été engagées dans des offensives très meurtrières. Désertions et mutineries se multiplient. À l'arrière, l'économie est complètement désorganisée. La production nationale et les moyens de transport sont réquisitionnés pour l'armée : la pénurie gagne et provoque une forte inflation, sans que les salaires augmentent. De nombreuses grèves éclatent Plus inquiétant encore, l'exercice du pouvoir est menacé. Au début des hostilités, le tsar Nicolas II rassemble autour de sa personne tous les Russes. Mais, en 1915, il prend le commandement des armées,
Journées Abdication du Révolution Fondation Guerre Lancement Création Mort de Prise en main Fin de la NEP
révolutionnaires tsar Nicolas II d'Octobre : coup de la Tcheka civile de la NEP de l'URSS Lénine du pouvoir
à Petrograd d'État bolchevik par Staline
Une opposition de plus en plus présente
Face à cette situation économique et politique désastreuse, Nicolas II ne laisse aucun pouvoir à la Douma. La contestation de la légitimité du souverain se radicalise dans la population ainsi qu'au sein de l’assemblée, notamment parmi les constitutionnels-démocrates (KD), les socialistes-révolutionnaires et les membres de l’ancien Parti ouvrier social-démocrate de Russie divisés depuis 1903 en mencheviks et bolcheviks (dont Lénine est le principal dirigeant). Ces trois formations révolutionnaires se disputent l'adhésion des masses ouvrières et paysannes. Ils se revendiquent du socialisme ou du marxisme, et s'accordent peu ou prou sur le programme proposé par les bolcheviks : une république démocratique, la journée de travail de 8 heures et une réforme agraire.
«
U
POUVOIR AUX BOLCHEVIKS
L'ordre socialiste
Dès novembre 1917, les bolcheviks
prennent donc de nombreuses mesures
conformes à leurs idéaux (abolition des
titres, égalité de tous les citoyens,
journée de travail de 8 heures pour
tous).
Outre les décrets sur la terre et
les usines, ils proclament la séparation
de l'Église et de l'État, la nationalisation
des banques, la création de tribunaux
révolutionnaires.
Cependant d'autres
dispositions commencent à dessiner
le caractère plus autoritaire de ce
pouvoir : contrôle et censure des
médias, mise en place (7/20 déc.1917)
de la Tcheka (police politique).
Ces mesures suscitent de nombreuses
oppositions au sein du gouvernement :
Rykov, Kamenev et Zinoviev
démissionnent.
En outre, les résultats
de l'élection d'une assemblée
constituante attribuent moins de sièges
aux bolcheviks (161) qu'aux socialistes
révolutionnaires (267).
Le 18/31 janvier
1918, cette assemblée vote l'annulation
des grands décrets de novembre.
Lénine proclame sa dissolution et
envoie les Gardes rouges.
Le pouvoir
passe de la société à l'État et, dans
l'État, au parti bolchevik.
ll COMMUNISME DE GUERRE
Malgré cette mainmise sur le pouvoir,
Lénine est conscient que son projet
révolutionnaire est menacé.
Il proclame
alors le communisme de guerre.
L'instauration de l'ordre politique
La Constitution du 10 juillet 1918
instaure le Congrès panrusse des
soviets, élu au suffrage restreint,
comme l'organe central du pouvoir.
Tous les soviets, comités d'usines ou
syndicats lui sont subordonnés.
La
Tcheka est investie du pouvoir de
traquer et de juger tous les ennemis du
peuple.
La terreur se renforce après
une tentative d'attentat contre Lénine le
30 août 1918; prises d'otage et envois
en camp de travail deviennent monnaie
courante.
L'opposition politique est
muselée, tous les partis (y compris les
socialistes-révolutionnaires et les
mencheviks) sont interdits, seul le parti
bolchevik, devenu parti communiste,
est autorisé.
Le PC assoie d'autant
plus son emprise que l'assassinat
de la famille impériale à Iekaterinbourg.
le 17 juillet prive les conservateurs
de toute solution immédiate de
restauration monarchique.
La constitution de l'Armée rouge
Pour défendre la révolution et
s'opposer aux forces contre- révolutionnaires,
une armée est créée .
Son organisation est confiée à Trotski.
L.'Armée rouge regroupe les forces des
Gardes rouges, recrute ses hommes
parmi les volontaires, et ses officiers
sont élus.
Cependant dès le mois de
juin 1918, le service militaire devient
obligatoire.
L'armée demeure
étroitement encadrée par le parti :
chaque unité est flanquée d'un
commissaire politique.
Elle devient un
lieu d'alphabétisation, de propagande
et un vivier de membres pour le parti.
La réorganisation de l'économie
La situation économique est
dramatique : la pénurie règne,
les moyens de production sont détruits
ou endommagés.
Nationalisations
et réquisitions apparaissent comme
des nécessités et la redistribution
est contrôlée par l'État.
Les sovkhozes
(fermes étatiques) sont créés afin
de relancer la production agricole.
En novembre 1918 est instauré le
monopole d'État.
LA GUERIE CIVILE
(1918-1921)
les Blancs contre les Rouges
La guerre civile dure trois ans et
se déroule dans un climat de haine
mutuelle.
Elle oppose les Rouges
- les bolcheviks -aux Blancs,
une composition hétéroclite de
monarchistes, de libéraux, de socialistes
modérés, de simples paysans et soldats
fidèles au tsar.
Ces armées comptent
parmi leurs dirigeants l'amiral
Koltchak, le général Denikine et le
baron Wrangel.
Durant
l'été 1918, elles
paraissent l'emporter.
Le pouvoir bolchevik
fuit Petrograd (mars
1918), se réfugie à
Moscou, sa nouvelle capitale, et voit le
territoire qu'il contrôle se rétrécir
comme une peau de chagrin jusqu'en
juin 1919.
L'intervention étrangère
Les Blancs, dès 1918, bénéficient de
l'aide des Alliés, soucieux de maintenir
u n front oriental et de contenir
l'expansion des idées communistes.
Des Japonais et des Américains
débarquent à Vladivostok.
en avril 1918.
La France et la Grande-Bretagne, à leur
tour, envoient des corps
expéditionnaires en mer Noire, en 1919.
L'engagement demeure limité, et
l'Armée rouge parvient à repousser les
troupes blanches aux portes de
Petrograd.
En 1920, Koltchak est chassé
d'Irkoutsk (Sibérie méridionale) tandis
que Wrangel est contraint de quitter la
Russie, fermant la route de l'exil par la
Crimée.
Un autre front s'ouvre en 1920
pour l'Armée rouge en Pologne.
Le
1--------------1 blocus économique est levé par le
L'UtiGRAnON DES RUSSES
.aLANCS.
Entre la chute du tsarisme et le début
des années 1920, plus d'un million de
Russes quittent leur pays.
La plupart d'entre eux sont issus de
l'aristocratie, mais certains sont des
commerçants et industriels dépossédés.
Ils reforment des communautés
étroitement liées par leur appartenance
nationale partout où ils s'installent : en
Allemagne, en Grande-Bretagne, en
France, mais aussi en Turquie, ou
encore en Serbie.
Peu d'entre eux ont
pu retourner en Russie.
Conseil
suprême allié, les conditions de
la paix de Brest-Litovsk sont reconnues,
mais la Pologne refuse de signer un
traité avec la Russie.
L'armée polonaise
envahit l'Ukraine, et l'Armée rouge
riposte en marchant sur Varsovie.
Seul
un sursaut patriotique polonais et l'aide
française parviennent à empêcher la
prise de la capitale.
En octobre 1920 est
signé le traité de Riga.
La vidoire communiste
Tandis que les bolcheviks défendent
une seule et même cause, leurs
ennemis ne sont unis que dans leur opposition
au bolchevisme.
Le
comportement autoritaire, brutal et
rétrograde de certains Blancs rebute
rapidement la population.
De plus, le
soutien des Alliés faiblit rapidement, au
rythme des défaites des Blancs.
De son
côté, l'Armée rouge, remarquablement
disciplinée, mobilise toutes les
ressources du pays derrière elle.
Enfin, elle occupe une position centrale
alors que les Blancs se trouvent à la
périphérie du cœur historique de la
patrie.
À l'issue de cette guerre, le pays
est exsangue, les morts se comptent en
millions.
Les réquisitions forcées ont
provoqué la famine et les moyens de
production sont presque tous détruits.
UNE NOUVELLE NATION : L'URSS (1921-1928 )
LA NOUVELLE POUTIQUE tCONOMIQUE
(NEP)
Lors du x• congrès du parti communiste
(8-16 mars 1921), Lénine tire les
conséquences
de la situation
et propose
l'adoption d'une
cr Nouvelle Politique �conomique"
(Novaïa Ekonomitcheskaïa Politika).
La réconciliation
avec le monde paysan
Les réquisitions sont suspendues et
les paysans peuvent à nouveau vendre
leurs surplus sur les marchés locaux.
À partir de 1922, le droit de disposer
de sa ferme, ainsi que d'embaucher
des salariés est reconnu.
L'industrie et le commerce
Peu à peu, un secteur privé se
reconstitue.
Les entreprises étrangères
sont invitées à investir en Russie.
Dès
1921, les usines de moins de 10 salariés
sont restituées à leur propriétaire.
Dans
les villes apparaît une nouvelle classe
d'hommes d'affaires, les "nepmen ».
La grande industrie demeure sous
contrôle étatique.
Les secteurs-dés
comme l'approvisionnement
énergétique bénéficient d'importants
investissements.
les premiers résultats de la NEP
À partir de 1924, la production atteint
un niveau supérieur à celui d'avant
guerre.
Les paysans les mieux dotés
ont en effet retrouvé les conditions
nécessaires à une production suffisante
mais le nombre de paysans pauvres a
augmenté.
Le mécontentement gagne
et les inégalités se creusent.
Les prix
des produits agricoles sont en effet bien
inférieurs à celui des biens industriels,
et les paysans voient leur pouvoir
d'achat fortement diminuer.
Leur
réflexe est alors de stocker les denrées
en attendant que la pénurie s'installe et
que les prix montent en milieu urbain,
ce qui ne manque pas d'engendrer des
révoltes et contraint l'État à intervenir
pour relever le prix des céréales.
Le secteur de l'industrie est tout aussi
affecté.
Il apparaît rapidement que
l'effort ne peut se porter que sur une
seule branche : celle de l'industrie
légère ou celle de l'industrie lourde.
Cette dernière remporte les suffrages
au sein du Parti et des résultats positifs
ne tardent pas à venir : dès 1925-1926,
la production atteint son niveau
d'avant-guerre.
DE
LA RÛ'UBUQUE DES SOVInS
À L'UNION SOVIÙIQUE
La Constitution
Dès l'été 1922, les territoires de la
future URSS sont rassemblés.
Le 30 décembre 1922, les délégués de
la Russie, de la Biélorussie, de l'Ukraine
et de la Transcaucasie adoptent un texte
proclamant la création de l'URSS
(Union des républiques socialistes
soviétiques), qui prévoit une
Constitution de type fédéral.
La Constitution du 1" janvier 1924
instaure un État multinational.
Elle
reconnaît l'égalité totale des peuples
de l'Union et le droit des républiques
à faire sécession ou à s'unir.
Chaque
république fédérée a une Constitution
propre et demeure autonome, sauf
dans les domaines de la défense,
de la diplomatie, de la monnaie et du
commerce extérieur, des transports
et de la planification économique.
Le soviet demeure l'unité de base de la
pyramide.
Les soviets de chaque
république sont représentés au
Congres annuel des soviets de
l'Union.
Lors de ce congrès, un Comité
exécutif central est désigné.
Ce dernier
se compose lui-même de deux
organes : le Conseil de l'Union et le
Conseil des nationalités.
Ces deux
chambres désignent un bureau
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permanent de 21 membres, le
Praesidium, qui assure une présidence
collégiale de l'État ; elles nomment
aussi les membres du Conseil des
commissaires du peuple, le véritable
organe exécutif.
La position internationale
Depuis la révolution d'octobre 1917, les
nations étrangères sont extrêmement
méfiantes à l'égard de la Russie,
d'autant plus que cette dernière s'est
dotée (mars 1919) d'un organe, le
Kominlern, qui a pour but de répandre
les idées socialistes partout dans le
monde.
Cependant, en 1922, Lénine,
invité à la conférence de Gênes, réussit
à se rapprocher diplomatiquement de
l'Allemagne.
Par le traité de Rapallo, les
deux pays renoncent réciproquement à
toutes prétentions territoriales et
rétablissent des relations diplomatiques
et commerciales normales.
Cet accord
ouvre à l'URSS la voie d'une
reconnaissance internationale dans les
années suivantes, à l'exception notable
des États-Unis.
Cependant l'URSS ne
parvient pas à rentrer dans la Société
des Nations.
L'ACCESSION AU POUVOIR DE STALINE
La difficile succession de lénine
En 1922, Staline obtient le poste
nouvellement créé de secrétaire
général du Parti, fonction purement
technique qui
lui permet
de contrôler
l'appareil étatique.
Il parvient peu à
peu à façonner le
Parti selon sa volonté.
Lorsque Lénine
meurt, le 21 janvier 1924, Staline figure,
avec Trotski, parmi les prétendants les l1NrtGRAnON
DES OmCIERS
r.uuH�SDANSfARM tEROUGE
Créée le 15/28 janvier 1918, Y Almée
rouge réunit les partisans de la
révolution bolchevique et les Gardes
rouges formées un peu
partout dans le pays.
D'abord fondée sur le
principe du volontariat
elle recrute ensuite par
conscription
obligatoire.
Par un
décret du 19 mars 1918, Trotski décide
de faire appel aux officiers de l'armée
impériale qui acceptent, plus ou moins
volontairement de se rallier au
nouveau pouvoir.
Ce sont les
«spécialistes militaires» (voenspets).
Parmi les plus célèbres figurent
M.
N.
Toukhatchevski (1893-1937),
B.
Chapochnikov (1882-1945) ou encore
G.
Joukov (1896-1974).
Considérés
comme idéologiquement douteux.
ils seront par conséquent
systématiquement contrôlés par des
"commandants politiques» (politruks)
grace à l'instauration du principe du
« double commandement», qui est
abandonné en 1924.
plus crédibles à sa succession.
La lutte
entre les deux hommes est féroce.
Pour
Trotski, la priorité est d'abandonner
la NEP, tandis que Staline forme une
première troilra avec Kamenev et
Zinoviev et prône la poursuite de celle
ci.
Trotski et Staline s'affrontent aussi
sur l'analyse de l'avenir de la révolution
bolchevique dans le monde.
Trotski est
contraint d'abandonner son rêve de
révolution mondiale face à Staline qui
élabore la théorie du «socialisme dans
un seul pays», c'est-à-dire dans la seule
URSS.
En avril 1926, la première tron.
»
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