La renaissance carolingienne
Publié le 28/08/2023
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La renaissance carolingienne
(milieu du VIIIe siècle – Xe siècle)
Pour cette dernière séance de l’année consacrée à l’histoire de l’art occidental, nous
allons - encore une fois – parlé de mariages = mariages entre plusieurs influences,
plusieurs traditions… et nous allons comme ça assister à une sorte de synthèse
de ce que nous avons pu voir dans les séances précédentes.
je veux dire par là que la dynastie carolingienne, à laquelle nous allons nous
intéresser aujourd’hui, a suscité une exceptionnelle floraison artistique en
Occident, entre le milieu du VIIIe et le Xe siècle = floraison artistique qui trouve
ses origines dans la rencontre de plusieurs cultures :
- l’héritage de la Rome antique et du Bas-Empire
- l’art paléochrétien
- les civilisations barbares d’origines germaniques, les civilisations insulaires
- et la culture byzantine...
Alors pourquoi parle-t-on de « renaissance carolingienne » (une expression née
sous la plume d'historiens au XIXe siècle) ?
parce que l’ambition de Charlemagne, atteinte au moment de son
couronnement impérial en l’an 800, était de ressusciter la grandeur de l’Empire
romain d’Occident, sur des bases chrétiennes évidemment, au moyen
d’importantes réformes administratives, politiques, économiques, religieuses.
et donc, sous les carolingiens, l’Antiquité va s'imposer comme une
référence culturelle importante, qu'il convient de restaurer, tant du point de vue
esthétique que du point de vue symbolique, comme ce sera le cas plus tard, au
moment de la Renaissance à proprement parler à partir du XVe siècle en Europe.
mais, comme le disait Panosky, on a des « avant-courriers » de la Renaissance,
tout au long de l’histoire médiévale…
Statuette équestre de Charlemagne ou Charles le Chauve
Provenance : trésor de la cathédrale de Metz
Cheval datant du Bas-Empire, cavalier du IXe siècle
Bronze doré
H : 25 cm
Paris, Musée du Louvre
Pour illustrer cette idée de restauration des codes antiques, je vous propose
d’emblée de regarder cette statuette en bronze, qui est très instructive et très
précieuse, parce que c’est un des très rares témoignages de l’art du bronze
carolingien que nous possédions.
* Elle représente un souverain dans la force de l’âge, majestueux, sur son
destrier, et habillé à la mode carolingienne = culotte courte, hautes chausses
avec lacets, tunique et manteau fixé sur l’épaule par une agrafe.
* Il porte les attributs de sa fonction : la couronne fleuronnée, un orbe tenu dans la
main gauche, symbole de pouvoir sur le monde, et une épée, qu’il tenait dans la
main droite, et qui a aujourd’hui disparu.
* il est intéressant de constater d’abord que la sculpture en ronde-bosse et la
fonte du bronze retrouvent leur lettres de noblesses à l’époque carolingienne,
alors qu’elles avaient quasiment disparu dans les royaumes barbares = sous les
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Mérovingiens par exemple...
donc, les artistes bronziers carolingiens renouent avec la tradition de la
fonte, telle qu’elle existait à l’époque romaine et gallo-romaine.
* d’autre part, au-delà du brio de la technique, ce bronze puise directement
dans le répertoire iconographique antique en s’inspirant des statues équestres
d’empereurs romains.
Et il s'inspire certainement des exemples que Charlemagne
et ses successeurs ont pu admirer en Italie…
Parmi lesquels : la statue monumentale de Marc-Aurèle, en bronze doré, qui
date du IIe siècle et qui a très regardée au cours de l’histoire = au Moyen-Âge, elle
se trouvait devant l’église Saint-Jean-de-Latran à Rome, et aujourd’hui elle est
conservée au Musée du Capitole.
d’ailleurs, il est intéressant de noter que, à l’époque médiévale, on pensait que cet
empereur à cheval, c’était, non pas comme Marc-Aurèle, mais Constantin = le
premier empereur chrétien, écrasant le paganisme.
Donc, le souhait de ce souverain carolingien était peut-être de se présenter
aux yeux du monde en "nouveau Constantin" = figure d’empereur conquérant
et idéal ; ou tout du moins en nouveau César, en nouvel Auguste.
* Autre élément fort intéressant, à propos de cet objet : si vous observez
attentivement la statuette et que vous la comparez à la statue équestre de MarcAurèle, peut-être aurez-vous noté qu’elle présente un rapport de proportions entre
l’homme et sa monture, un peu étrange, un peu erroné : le cheval semble
beaucoup trop petit pour supporter la taille et le poids de son cavalier.
L’explication est simple = c’est que l'ensemble est constitué de deux parties
distinctes fixées l’une à l’autre : le cheval d’un côté / et le cavalier, sur sa selle,
de l’autre
et que, surtout, ces deux pièces ont été fondues à deux époques différentes,
dans des métaux de compositions légèrement différentes :
- le cheval est d’ailleurs traité dans un style plus souple, moins raide, que le
cavalier, avec des formes pleines et rondes c’est un cheval qui possède toutes
les caractéristiques des chevaux antiques.
Vous avez là une pièce qui date
vraisemblablement du Bas-Empire, càd de la fin de l’Empire Romain (à partir
du IIIe siècle = il est difficile de donner une datation précise…)
- et ce cheval a été retravaillé pour s'adapter au cavalier qui le surmonte, qui lui a
bien été créé à l’époque carolingienne = la facture du personnage est bien
caractéristique de son temps.
Ce procédé de remploi (dont on a déjà parlé) = qui consiste à réemployer un
objet antique dans une œuvre moderne est typique de l’esprit de cette
renaissance carolingienne, qui consiste à se parer du prestige de l’idéal
antique.
* Reste la question de l’identité de ce cavalier : elle a été très discutée…
On l’a pendant longtemps pris pour un portrait de Charlemagne.
C’est ce que
mentionnaient les registres du Trésor de la Cathédrale de Metz, où était conservée la
statuette avant la Révolution.
En effet, le visage est conforme aux descriptions de Charlemagne laissées par
son biographe Eginhard, et attestée aussi par des monnaies = un visage massif, un
peu lourd, avec une longue moustache.
Mais certaines observations (le drapé, la couronne) pourraient laisser
penser que la statuette lui est postérieure.
Dans ce cas-là, il pourrait s'agir :
- soit d’une figure commémorative réalisée pour l’un de ses successeurs
- soit d’un portrait de son petit-fils, Charles le Chauve, qui aurait délibérément voulu
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se faire représenter sous les traits de Charlemagne pour affirmer sa légitimité et sa
continuité avec lui (on sait aussi que ses traits, connus par des enluminures,
rappellent ceux de son grand-père)
=> en tout cas, à bien des égards, cette statuette symbolise le caractère
universel de la mission impériale et elle synthétise parfaitement ce renouveau
artistique qui est au cœur de le Renaissance carolingienne = une renaissance
qui – vous l’avez compris – puise ses sources dans l’héritage de la Basse
Antiquité.
La dynastie carolingienne (751 – 987)
Carte
* Nous avions quitté la Gaule – souvenez-vous - lorsqu’elle était aux mains des
Mérovingiens, descendants de Clovis.
* A partir de la seconde moitié du VIIe siècle, le pouvoir mérovingien s’effrite peu à
peu, miné par des guerres fratricides, et le pouvoir se retrouve aux mains de ceux
qu’on appelle les maires du palais, ces hauts dignitaires, ces princes qui
gouvernent les différentes régions mérovingiennes.
* L’un d’entre eux, Charles Martel (688 – 741) va d’abord s'imposer comme unique
maire des deux palais d'Austrasie et de Neustrie, même s’il reste au service du roi.
751 : Pépin le Bref, roi des Francs.
* et puis, c’est son fils Pépin III, dit "le Bref" (714 – 768) en raison de sa petite taille,
qui lui succède, gouvernant d'abord au nom du roi Childéric III.
Mais en 751, il
dépose le dernier roi mérovingien, et se fait élire roi des Francs, inaugurant donc
une nouvelle dynastie = la dynastie carolingienne.
Cette élection se fait avec le soutien du pape et de l’Eglise.
Et donc, la légitimité du pouvoir, ne se fonde plus seulement sur la
succession naturelle de père en fils, mais elle est assurée aussi par le sacre
royal (dans la continuité de l'onction reçue par Clovis lors de son baptême) : Pépin
le Bref est sacré à Soissons par les évêques, en 754, au nom de la sainte Eglise
catholique.
C’est un acte important, qui symbolise l’alliance particulière entre l’Eglise et le
royaume des Francs, qui va perdurer pendant très longtemps = on est dans une
théocratie royale, associant pouvoir spirituel et temporel en un seul homme, à l’instar
de ce que nous avons vu la dernière fois avec les empereurs byzantins.
Carte : L’empire de Charlemagne en 814, et les principaux foyers culturels
L'avènement des Carolingiens marque un net renforcement du pouvoir royal
et une remise en ordre des institutions politiques, sociales et religieuses du
royaume.
768 : Charlemagne, roi des Francs
* Le fils aîné de Pépin le Bref, Charlemagne, continue l’œuvre de son père.
* Il étend son pouvoir en Europe, par un certain nombre de conquêtes : notamment
en Lombardie (Italie du Nord), dans le nord de l’Espagne (Catalogne), en Germanie
(avec l’intégration de la Bavière, de la Saxe).
800 : Charlemagne, empereur d’Occident
L’idée impériale,....
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