La reine Isabeau de Bavière exilée à Tours

« ISABEAU LA REINE MALAIMÉE Les historiens ont jugé sévèrement Isabeau de Bavière, reine à quatorze ans et épouse d'un roi fou à vingt et un ans.

Peu aimée de ses sujets, elle choque par ses revirements politiques qui l'amèneront à renier son fils, en 1420 , et par un train de vie fastueux .

On la dit comblée par l'or des impôts, ruisselante de bijoux et de fabuleuses parures .

Si la rumeur, malveillante et peu crédible, exagère sa fortune, elle possède néanmoins un patrimoine auquel elle tient passionnément et qu'elle n'a de cesse de protéger .

Cette obsession à conserver son bien n 'est sans doute pas étrangère aux bruits qui la poursuivent.

Pourtant, veuve en 1422, Isabeau mènera à Paris une existence plutôt modeste en sa résidence de l'hôtel Saint-Pol.

Et l'on n'entendra plus parler de sa fortune .

Scandaleuse Isabeau Voilà quelque trente ans, en 138 5, qu'Élisabeth de Bavière, que les Français ont rebapti­ sée Isabeau, a épousé Charles VI.

A partir de 1392 , les accès de folie du roi devenant de plus en plus fréquents, elle a dirigé le Conseil de régence sans vraiment s'imposer aux coteries qui se disputent le pouvoir .

A l'hôtel Barbette, où elle réside séparée du roi, elle n'a eu de cesse d'organiser des fêtes plus somptueuses les unes que les autres .

Jeune - elle n'a que vingt et un ans quand la folie s'empare de Charles VI -et ignorante des affaires du gouvernement , elle s'est déconsidérée par ses frasques extraconjugales et son goût ostentatoire pour le luxe aux yeux de sujets que les malheurs de la guerre accablent un peu plus chaque jour .

Elle a été un moment proche de son beau-frère , Louis d 'Orléans .

Mais l'assas­ sinat de ce dernier par les homme s de Jean sans Peur, en 1407, a renforcé son isole­ ment .

Qu'importe alors la grandeur d'âme ...

La reine a fini par s 'allier au meurtrier de son beau-frère, aggravant ainsi la querelle qui oppose Armagnacs et Bourguignons .

La reine se réfugie à Vincennes En 1416, la situation d'Isabeau n'est guère enviable .

Le con­ nétable Bernard d'Armagnac, véritable maître du royaume , est bien décidé à faire place nette autour du roi .

La reine sent aussitôt le vent du boulet et décide de se réfugier au château de Vincennes, cité suffisamment éloignée de la capitale mais dont les rues bruissent déjà des rumeurs d'un prochain règlement de comptes.

Incorrigible, entou­ rée de ses dames et de quel­ ques courtois chevaliers, elle y renoue avec ses habitudes de libertinage et d'extrava­ gances, ce qui, selon le chro­ niqueur Juvénal des Ursins, « déplaisait fort à gens de bien ».

A présent , âgée de quarante­ cinq ans et obèse, la reine a jeté son dévolu sur le valeu­ reux capitaine Louis de Bosre­ don .

Ce héros d'Azincourt n'est qu'un amant parmi d 'au­ tres, mais il sera plus malchan­ ceux que ses« pairs >> puisque le dauphin Charles le fera exé­ cuter en avril 1417 . ..

Charles VI exile son épouse à Tours Malgré ses inconvenances, Isabeau de Bavière ne peut faire oublier au connétable ftBlllEDI TIONS llàim ATLAS d'Armagnac qu'elle dispose toujours , depuis 1403, de la présidence du Ccmseil lors des « absences >> du roi .

Enfin que, mère du dauphin et reine de France, elle peut pré­ tendre à la régence du royau­ me en toute légitimité .

Ber­ nard d'Armagnac voit en elle une adversaire qu 'il lui faut écarter du pouvoir .

Sans trop de difficultés, il convainc le roi d'éloigner son épouse de la capitale et de l'exiler à Tours.

Contrairement à toute attente, cette décisiol'.l n'est pas .

pour déplaire à la reine, dont le seul souci est de protéger sa fortune -de l'or et des bijoux que le connétable convoite pour asseoir son pouvoir et payer des mercenaires de plus en plus exigeants .

Mais, dans l'ombre, Jean sans Peur attend son heure .... »