La Reconquista
Publié le 23/08/2013
Extrait du document
• En 1482 commence un siège qui va durer dix ans et mobiliser 80 000 hommes. L'Église consacre 10% de ses revenus annuels à cette longue guerre. Une ville est fondée, comme un défi et un avertissement, à 10 km de Grenade : Santa Fe la toute-blanche, couleur de la pureté chrétienne, au plan orthogonal organisé autour de sa plaza mayor et qui sera le modèle des villes nouvelles du Siècle d'or.
LA CAPITULATION DE GRENADE
• Le 24 novembre 1491, Abu Abd Allah (déformé en Boabdil) Muhammad XI tire les conséquences de l'épuisement de ses forces et, sans avoir véritablement
combattu, signe les Capitulaciones : cette codification de sa reddition institue notamment une protection théorique du culte musulman.
«
DEUXIÈME PHASE (fin xt•-milieu du xn• s.)
LA NoUVEw-CArnw • Le fils de Ferdinand 1~.
Alphonse VI {1030-1109), roi de Le6n , de Castille et de Galice , repousse la «frontière» du Douro au Tage en s'emparant de Tolède en 1085 , après un siège de sept ans.
Cette grande étape de la Reconquête permet d'ajouter à la «vieille» castille ce que l'on appelle dèsormais la «nouvelle» Castille.
• Toutefois, Alphonse VI est vaincu par les Almoravides à Sagraras{Zalaca (1086} et à Saraqustah /Saragosse .
• C'est sous le règne du même Alphonse VI que s'illustre l'un de ses capitaines , Rodrigo Diaz de Vîvar, plus connu comme «le Cid», qui prend Valence en 1094 .
P11dfS AIAGONAISES • Le roi d'Aragon, Alphonse l" el Botal/ador (1104-1134), voit Barcelone menacée en 1114, prend la même année Tudela, puis Saragosse en 1118 et y établit sa capitale, triomphe à Cutanda en 1120, pousse vers l'Andalousie, atteint même Malaga.
Cependan~ il est mis en déroute en 1134 à Fraga .
• Les Berbères Almohades (ai-Muwahhidun) , maîtres de Marrakech en 1147, contiennent la poussée chrétienne ; ils conserveront leur mainmise sur la moitié sud de l 'Espagne jusqu 'en 1269.
TROISIÈME PHASE, JUSQU'À GRENADE
LAs NAVAS Ill TOLOSA • Le 16 juillet 1212, au pied de la sierra Morena , dans la région de Jaén , le hameau de Las Navas de Tolosa voit la rlcteln retentissante des troupes
coalisées du roi de Castille Alphonse VIII le Noble (1155-1214), de Pierre Il d'Aragon (1174-1213}, de Sanche VIl de Navarre, dit le Fort (1154 -1234), et du roi de Portugal Alphonse Ille Gros (1185-1223} sur les forces du quatrième came almohade Muhammad ibn Yaqub ai-Nasir {1179-1214).
Celui-ci , qui a perdu toute son armée , s'enfuit à Séville, puis au Maroc.
• Cette victoire chrétienne -à laquelle seul le Le6n n 'a pas participédonne une
Reconquista, qui se remet en marche sous l'étendard de s..tMfo (saint Jacques) .
LIS YICTOIIES DU Xllt SlkU • Le roi d 'Aragon Jacques l" le Conquérant {1206-1276} livre de longs combats et parvient à prendre les Baléares (1229-1235}, Valence (1231- 1238} , Murcie (1265} et Ceuta (1273}.
s'empare de Cordoue en 1236, du petit royaume de Murcie en 1243 (les Maures reprennent ensuite la ville), de Jaén en 1246 et de Séville en 1248 .
C'est lui qui déclare le castillan langue officielle sur ses vastes domaines, aux dépens du basque, du galicien , du catalan, du latin, langue «de cabinet» (administration) e~ bien sOr de l'arabe.
Le fait sera validé en 1492 quand Antonio de Nebrija présentera à la reine Isabelle de Castille une grammaire de cette langue vernaculaire qui s 'est partout imposée .
• La reconquête du Portugal s'achève en 1249, dans l'Alentejo puis en Algarve, sous le régne d 'Alphonse lille Boulonna is (1210-1279}.
STAGNAnON DES POSITIONS • De 1264 au milieu du '1!1' siècle, la situation stagne, la frontière sud est fiXée, troublée par des escarmouches .
Les chrétiens fondent des villages nouveaux, défrichen~ s'installent •l'esprit de croisade est ravivé en 1453 par la prise de Constantinople par les Turcs , qui provoque un choc dans toute la Chrétienté .
• Pendant ce temps , les 300 000 habitants d'al-Ando/us résistent.
Grenade est l 'une des capitales du monde musulman , à l'instar de Damas .
Le magnifique palais-forteresse de l'Alhambra témoigne de l'art de vivre raffiné des Nasrides , au pouvoir depuis 1238 .
Cependan~ à partir de 1480 , ceux-ci sont en proie à des querelles dynastiques qui les fragilisent
LEs 101s 111 CArnw n D' AIACioN •ISIIH/Ie,.
(1451-1504}, reine de castille en 1474 , et Fffd/NIIfl Il ti'ArtlfOII (1452-1516}, roi de Sardaigne
et de Sicile, futur roi de Naples (1504}, mariés depuis 1469, régnent ensemble sur deux royaumes séparés, que cette bicéphalie va néanmoins mener vers l'unité .
En 1479 , à Tolède , naît Juana , qui sera connu comme Jeanne la Folle, reine de castille et mère de Charles Quint • Isabelle est la tête pensante du couple .
Habile politique, goûtant la pompe et le cérémonial royaux , elle est soucieuse de justice (elle organise une fois par semaine des audiences publiques) et d'ordre (la milice de la Santa Hermandad , composée de 2 000 cavaliers , s'associe à la milice nationale pour juguler le brigandage sur les grands chemins); férue de droit (le juriste Diaz de Montalvo fonde à son instigation un droit «national»), elle est surtout profondément mystique .
• Ferdinand, efficace et intelligent (Machiavel le considère comme un grand Prince) , laisse les vice-rois s'occuper de l'Aragon et de la catalogne , et veille avec sa femme au grand projet de leur régne : le triomphe de la foi
catholique, avec l'appui des ordres militaires et de l'Inquisition.
• Le dominicain Tom~s de Torquemada (1420-1498}, inquisiteur général pour la Péninsule en 1483, s'acharne surtout contre les juifs (lnstrucfjon de 1484}, dont il obtiendra finalement l'expulsion dès fin mars 1492; même conversas (convertis, ou judéo-convers) , ils seront désormais persécutés , car soupçonnés de judaïser en secre~ au même titre que les moriscos (musulmans convertis) .
Assisté des quatre tribunaux subalternes de Séville, Cordoue , Jaén et Tolède, Torquemada aurait fait brûler sur le bûcher environ 2 000 personnes .
• l'esprit de croisade des souverains , l'envie de butin, la pression des migrants ruraux en quête de terres à défricher, le besoin d'action des nobles, frustrés d'être écartés des conseils royaux au profit des /etrados : tout pousse vers Grenade .
Notons que, la ville ayant été fondée par les Maures en 756, il ne s'agit pas véritablement d 'une «re-conquête» ...
• En 1482 commence un siége qui va durer dix ans et mobiliser 80000 hommes.
L'Église consacre 10% de ses revenus annuels à cette longue guerre .
Une ville est fondée , comme un défi et un avertissemen~ à 10 km de Grenade : Santa Fe la toute-blanche , couleur de la pureté chrétienne , au plan orthogonal organisé autour de sa plaza mayor et qui sera le modèle des villes nouvelles du Siède d'or.
LA CAPIT\ILAnGN DE CiiENADE • Le 24 novembre 1491, Abu Abd Allah (déformé en BoabdiO Muhammad Xl tire les conséquences de l'épuisement de ses forces e~ sans avoir véritablement
combattu , signe les Copitulociones : cette codification de sa IWiflllotl institue notamment une protection théorique du culte musulman .
• l'émirat de Grenade, dernier vestige d'al-Ando/us, est tombé .
Pour l'Islam, l'Andalousie fera désormais office de paradis perdu .
Le col du «Soupir du Maure• évoque encore de nos jours , dans la sierra voisine , la nostalgie à l'œuvre dès le départ du vaincu , Boabdil.
LE TIIOMPME • Dans le clair matin du 2 janvier 1492, selon le chroniqueur Bernardo del Roi, «dix-sept étendards chrétiens furent déployés, dont un vieux de plus de cent cinquante ans [ ...
].
À la fin de la messe et du sacrifice divin , en ce lieu qui avait été profané pendant huit cents ans, le roi et la reine, à la tête de 10000 cavaliers et de 50000 fantassins, firent une pacifique et solennelle entrée • dans Grenade .
Une« interminable liturgie • - étendard de Santiago hissé au sommet de la torre de la Vela (tour du guet) , à l'Alhambra , croix érigée sur la même tour , processions, Te Deum -met en scène ce triomphe final , qui résonne à l'échelle internationale : l'événement est célébré avec ferveur tant à Londres (Henri VIl fait dire une messe à St Paul)
qu'à Rome .
Pour l'Europe chrétienne , l'issue de cette «bataille» lave l'affront du désastre de Constantinople , en 1453 .
LES CONStQUENCES DE LA RECONQUhE
QUEmON D'IMAGE • La puissance royale se donne à voir pour la première fois sur le théatre espagnol : on assiste à «la conquête de l'Image par l'Image de la Reconquête» .
• Le couple royal sait à merveille tirer profit de l'épisode grenadin, glorifié à satiété.
Romances et romans fleurissen~ qui chantent et héroïsent les combattants .
l'esprit chevaleresque hispanique persistera longtemps .
• Un long et lent voyage des souverains vers Barcelone est une opération de propagande réussie.
Dans la cathédrale de Tolède , 54 panneaux sculptés par Mateo Alem~n célèbrent leur apothéose .
Chois i s par la Providence , ils se veulent des modèles de vertu; Isabelle est comparée à la Vierge; leur victoire sur les Infidèles valide leur légitimité et renforce leur pouvoir.
Ferdinand se place à la tête des puissants ordres militaires ayant participé à la Reconquête et qui prennent possession des terres reconquises.
• En 1494 , le pape Alexandre VI Borgia octro ie à Isabelle et à Ferdinand le titre de «Rois (très) Catholiques» , ce qui leur confère un rôle moteur dans la Chrétienté .
• Cette mission évangélisatrice va se trouver des buts nouveaux : convertir de gré ou de force les juifs et les musulmans -le temps de la convivenda des trois religions du Livre (catholicisme, judaïsme, islam) est révolu -, puis les indigènes du Nouveau Monde .
LEs JUIFS ·Les juifs , présents depuis l 'Antiquité, forment en 1491 une communauté dynamique de 200000 à 300000 personnes .
Beaucoup sont diplomates , financiers , médecins , marchands , artisans .
Certains occupent des postes élevés , telle conversa Hernando de Talavera , confesseur de la reine Isabelle .
• Pourtant ils ont subi des pogroms en Castille dès 1391 (4000 morts) ; en 1410 , le port d 'un signe distinctif leur est imposé, et certains métiers interdits.
En 1449 , à Toléde,la «pureté de sang • (limpieza de sangre , aucune ascendance juive) doit être prouvée pour accéder aux charges municipales, e~ en 1480, il leur est fait obligation de vivre dans la juderia , le quartier juif .
En 1481 , à Séville, a lieu le premier •IIIIMhN : des conversas sont brûlés.
Enfin, l'affaire du «Saint-Enfant de la Guardia •.
en 1490-1491, voit enfler la rumeur populaire de crimes rituels.
• Aussi le décret d 'expulsion du 31 mars 1492 n 'est-il pas surprenan~ qui laisse aux juifs quatre mois pour quitter l'Espagne (sans emporter ni or ni argent) sous peine de mort et de confiscation de leurs biens .
• Certains historiens estiment que 75% des juifs seraient alors partis , vers
l'Empire ottoman , le Maghreb, le Portugal (d'où ils seront chassés dès 1497) , les Pays-Bas , l'Italie ...
autant de destinations où -ironie du sort- ces séfarades importent le castillan et la culture espagnole .
• Dans les trente années qui suivent la prise de Grenade, 90% des procès des tribunaux de l'Inquisition à Tolède et à Valence concernent des conversas accusés d'exercer leur culte (marranos , marranes) .
LEs MUDb.us • Il reste beaucoup de musulmans (mudejares ou Moras) en castille et en Aragon juste après la chute de Grenade .
On sait par exemple qu'ris mettent en œuvre leurs compétences hydrauliques pour l'Irrigation des huertas de Valence .
• Mais la persécution à leur endroit va désormais être institutionnalisée .
On estime à 500000 le nombre de mudéjars expulsés entre 1485 et 1615 , dont 100 000 en dix ans, entre 1492 et 1502, date décret d'expulsion des non convertis.
n.Hez • Clslleros (143&-1517), confesseur de la reine Isabelle et futur grand inquisiteur (1507- 1516} , n'est pas étranger à cette intensification de la persécution .
Les autres, bien que convertis, sont toujours soupçonnés de pratiquer leur cuke en cachette (taqiyya).
1.' ATtANTIQUE.
NOUYEW FIONTIÈIE • 1492 voit un enchaînement «admirable• (qui frappe les esprits) d 'événements (B.
Vincent) .
En elfe~ Orlstoplle ,.,.,.
-qui, après les refus du Portugal et de l'Angleterre , s'est adressé par dépit aux rois de Castille et d'Aragon pour financer son expédition -touche au but en octobre 1492.
Même si, à l'rnstan~ nul n'a vraiment conscience de la portée de l'événement sa «découverte • de l'Amérique ouvre à la Chrétienté un double réservoir de richesses matérielles (qui fera la fortune de Séville) et d'ames à convertir .
Le messianisme franchit les colonnes d'Hercule, l'~glise combattante centrée sur l'Espagne se trouve un nouveau terrain d'action .
DEs ESPAGNES À L'EsPAGNE • Grace à l'aboutissement du lent processus de ~reconquête», les Espagnes «conquièrent • pour la première fois une sorte d 'unité , si ce n 'est territoriale (elle restera longtemps une juxtaposition de royaumes et seigneuries) , du moins monarchique, en la personne des souverains .
• l'exakation religieuse et patriotique du combat séculaire contre un ennemi commun devient le ferment d'un sentiment national qui, à terme, forgera l'Espagne comme entité politique et nation .
Mais la porte est ouverte au fanatisme religieux, qui culminera presque un siède plus tard avec Philippe Il, défenseur exalté du bastion catholique hispanique et dernier héritier du titre de Roi Catholique , via son père , Charles Quint.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Reconquista.
- Reconquista 1 EINLEITUNG Reconquista (spanisch: Rückeroberung), Bezeichnung für die Kriege christlicher Heere im mittelalterlichen Spanien und Portugal zur Rückeroberung der seit 711 von muslimischen Mauren besetzten Iberischen Halbinsel.
- Reconquista - historia.
- Jardin des Hespérides, Don Quichotte, Carmen, corrida et flamenco, âpreté de la Meseta aride, luxuriance des huertas, le Cid, les Maures et la Reconquista, l'Inquisition, l'or du Nouveau Monde, Guernica.
- La Reconquista