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La question agraire en Amérique latine ?

Publié le 27/02/2008

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Historiquement, c'est en tant que fournisseur de produits agricoles que l'Amérique latine s'est intégrée au commerce mondial. Dans le cadre de structures agraires profondément inégalitaires s'est développée une agriculture spéculative destinée à faire rentrer des devises. Mais des millions de petits paysans sont ainsi restés sur la route du développement. C'est cette situation qui définit la question agraire en Amérique latine. Des tentatives de réforme agraire ont eu lieu mais les résultats sont mitigés. Aujourd'hui la question agraire n'est toujours pas résolue et le malaise agricole a tendance à alimenter la crise sociale dans les villes, qui regroupent aujourd'hui une majorité de la population en Amérique latine.
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« Les déséquilibres de la distribution foncière à l'échelle locale s'inscrivent dans une répartition zonale des espacesruraux et agricoles aux échelles nationale et continentale.

La colonisation a encouragé dès le xvie siècle ledéveloppement des plantations le longs des littoraux.

L'espace rural s'organise en fonction de la distance au marché,c'est-à-dire le plus souvent de la distance à la côte.Le Pérou, par exemple, se compose de trois grandes régions.

La région littorale, la Costa, fournit les produitsagricoles exportables (sucre de canne, coton), et une part des productions alimentaires destinées au marchéintérieur, dans le cadre d'une culture de plantations irriguées par les cours d'eau permanents descendus des Andes.Elle s'oppose à la région andine, la Sierra, où perdurent les archaïsmes des latifondios et des minifondios.

Enfin, lapartie orientale de la Selva, constituée du haut bassin de l'Amazone, où évoluent les fronts pionniers.La question agraire prend une acuité particulière dans la zone intermédiaire de la Sierra.

L'étage 3000-3500 mètresest de nos jours encore le plus peuplé (après la zone côtière).

La pression démographique est considérable, lesrendements très médiocres, de l'ordre de 6 à 12 quintaux à l'hectare pour le maïs et de 6 à 11 tonnes par hectarespour la pomme de terre, et la répartition des terres très inégalitaire.Ces différents espaces ne peuvent être considérés isolément les uns des autres.

Ils forment un système etinscrivent dans l'espace les relations de dépendance avec l'extérieur.Aux trois échelles, continentale, nationale et locale, la distribution des structures agraires est fortement marquéepar l'héritage colonial : extraversion et paternalisme.

Dans les régions intérieures et montagneuses moins occupéesd'agriculture commerciale que d'exploitations vivrières, la question agraire prend toute son ampleur.

Les tensionss'expriment parfois dans la violence : sur les Fronts pionniers de l'Amazonie (assassinat de Chico Mendes, chef desseringueiros en 1988), dans les Andes péruviennes de l'organisation révolutionnaire du Sentier Lumineux, au Chiapasdu sous-commandant Marcos (Mexique). C.

Le contexte renouvelé de la question agraire 1.

L'effondrement de l'Union soviétique, l'échec des expériences communistes, l'isolement cubain, n'encouragent pasla reprise des réformes agraires.

Ces redistributions de terres, initiées au Mexique en 1915, puis mises en pratiquesdans toute l'Amérique latine selon des modalités diverses, servaient à désamorcer d'éventuels mouvementsrévolutionnaires influencés par le succès de la révolution castriste de 1959.

En 1961, la Charte de l'Alliance pour leprogrès, initiée par les États-Unis, recommandait la réforme agraire intégrale. 2.

Au contraire le contexte actuel de mondialisation des échanges agricoles encourage le développement del'agriculture commerciale et le désengagement de l'État.

Le choix d'une agriculture d'exportation explique que lesréformes agraires, jugées incompatibles avec l'intégration des économies nationales dans l'économie mondiale nesoient plus à l'ordre du jour. 3.

En 1992, le Mexique a supprimé de la Constitution la mention, de 1917, du droit de chaque Mexicain de recevoirun jour l'usufruit d'une parcelle éjidale.

Au Pérou, l'autorisation donnée en 1991 de devenir propriétaire de terresconfirme le désengagement de l'État en la matière et le choix d'une libre compétition du secteur privé.La question agraire en Amérique latine ne s'énonce plus aujourd'hui comme il y a trente ans.

Des réformes visaientalors le progrès économique par le progrès social : une répartition plus équitable mettant fin aux gaspillages de terreet de main-d'oeuvre, la propriété ou l'usufruit garantissant (sauf dans le cadre révolutionnaire) la motivation desexploitants.L'intensification des échanges et l'influence du libéralisme conduisent à favoriser les productions commercialesdestinées à l'exportation et, au besoin, d'importer, à destination d'une population très majoritairement urbaine, lesproduits alimentaires.

Si l'Amérique latine fournit 10% des exportations agricoles mondiales, de nombreux paysvoient, à l'instar du Mexique, leurs importations de céréales multipliées par 4 en 10 ans.

Du maïs, plante descivilisations précolombiennes, l'Amérique latine ne fournit plus que 12% de la production mondiale. II - Mutation économique et crise sociale A.

« La modernisation conservatrice » (B.

Bret, op.

cit.) 1.

La modernisation est indéniable car les tonnages augmententL'Amérique latine assure 77 % des exportations de bananes, 52 % des exportations de café et 45 % de celles desucre.

Le Brésil, par exemple, a consolidé sa place de grand exportateur de biens agricoles (soja, sucre de canne,café, agrumes).L'agriculture d'exportation repose sur la compression des dépense supposant la mise en valeur de vastes superficiesrelativement vides d'hommes, avec un nombre minimal de salariés toujours plus productifs, aidés en cela d'unemécanisation maximale ; sur la recherche du profit par l'augmentation des rendements et la maîtrise des circuitscommerciaux ; sur les capitaux autorisant la recherche technologique qui permet de surmonter la baisse des cours.La grande propriété est ici mise au service de l'intensité de l'exploitation.Comme l'écrit J.

Chonchol, « le secteur primaire s'est progressivement intégré à une chaîne complexe de production,de transformation et de commercialisation dont les véritables centres de pouvoir et de décision sont en grand partieextérieurs à l'agriculture», qu'il s'agisse des marchés urbains pour les cultures maraîchères péri-urbaines, ouextérieurs, pour les plantations.(Systèmes agraires en Amérique latine, des agricultures préhispaniques à la modernisation conservatrice, éditionsIHEAL, 1995). 2.

Typologie des acteurs de la modernisation agricole. »

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