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La querelle des Investitures

Publié le 04/07/2013

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trois jours d'humiliation et plus sûrement d'âpres négociations, le pape le reçoit enfin et lève l'excommunication. la restauration de son pouvoir doit être décidée par les princes d'empire et recevoir la bénédiction de Grégoire VII. Pour la première fois, le pouvoir spirituel l'emporte sur le temporel. Néanmoins, l'épisode de Canossa démontre aussi les limites du pouvoir papal. À aucun moment le pape ne peut se passer de l'empereur et il est contraint de lui pardonner. Il recule aussi lorsqu'il s'agit d'inverser complètement les rôles en maintenant Henri IV hors du jeu afin de faire élire un empereur de son choix.

« aussi les fidèles à obliger les prêtres réfractaires à se soumettre .

De nombreux évêques, en France, en Italie du Nord et en Allemagne, refusent pourtant de plier devant l'autorité du pape.

Certains renvoient même les légats de Grégoire VII et se moquent avec la complicité des seigneurs laïcs, des sanctions prononcées à leur encontre .

Pour rompre le lien entre le clergé réfractaire et les nobles, Grégoire VII promulgue en 1075 27 propositions : les Didatus papœ, ou « instructions dictées par le pape •.

Ce texte audacieux ne renouvelle pas simplement les condamnations habituelles, sa portée est plus grande.

Non seulement il revendique une Église indépendante et pure, mais encore il tient à donner au spirituel la prédominance sur le temporel .

Le point 2 affirme : « seul, le pontife romain est dit à juste titre universel •, le point 8 : « seul, il peut user des insignes impériaux » et le point 9 : « le pape est le seul homme dont tous les princes baisent les pieds •.

le pape peut destituer l'empereur (point 12 : « il lui est permis de déposer les empereurs ») et libérer ses sujets de leur fidélité envers lui (point 27 : « le pape peut délier les sujets du serment de fidélité fait aux injustes • ).

les Didatus papœ sont une machine de guerre contre l'empereur .

D'ailleurs, le point 24 remet en cause les liens de fidélité entre un seigneur et ses vassaux : « Sur son ordre et avec son consentement les vassaux peuvent porter des accusations.

» Avec ce texte, l'Église souhaite nettement dominer la chrétienté et la société féodale dans son ensemble .

la réforme prend alors une tournure inédite .

LA QUEIELLE COMMENCE les légats tentent à nouveau d'imposer la volonté de Grégoire VII.

En France, malgré l'hostilité du roi, Hughes de Die parvient à mettre de l'ordre chez les évêques, secondé parfois, comme à Reims et à Thérouanne, par la population locale qui chasse les évêques scandaleux .

En Allemagne, terre d'empire, où la majorité des prêtres sont mariés et où les évêques sont des agents au service de la politique de l'empereur, la réforme passe moins bien, d'autant plus qu'avec les troubles son pouvoir .

Quelques diocèses importants comme Milan, Cologne, liège ou Bamberg n'ont pas de titula ires.

À Milan, l'empereur se charge personnellement de pourvoir le poste en nommant Tédald.

Dans la foulée, il réunit un synode à Worms en 1076 pour déposer le pape .

li lui adresse ensuite une lettre pour le sommer de quitter ses fonctions .

La réponse pontificale est cinglante .

l'empereur est excommunié et ses fidèles délivrés de leur serment de fidélité .

Des évêques se rallient alors au pape, et lors de la diète d'empire de Tibur en octobre 1076, les princes demandent à l'empereur de se réconcilier avec le souverain pontife.

Au même moment les Saxons entrent de nouveau en révolte .

ÙNOS5A (1011) Sentant son trône menacé, Henri IV traverse secrètement les Alpes en plein hiver et se rend auprès de Grégoire VII au chateau de Canossa .

la chronique de Lambert de Hersfeld évoque l'empereur, pieds nus, vêtu d'un cilice, une chemise en toile rugueuse, se présentant à trois reprises aux portes du château .

le 28 janvier 1077, après trois jours d'humiliation et plus sûrement d'âpres négociations, le pape le reçoit enfin et lève l'excommunication.

la restauration de son pouvoir doit être décidée par les princes d'empire et recevoir la bénédiction de Grégoire VII.

Pour la première fois, le pouvoir spirituel l'emporte sur le temporel.

Néanmoins, l'épisode de Canossa démontre aussi les limites du pouvoir papal.

À aucun moment le pape ne peut se passer de l'empereur et il est contraint de lui pardonner.

Il recule aussi lorsqu'il s'agit d'inverser complètement les rôles en maintenant Henri IV hors du jeu afin de faire élire un empereur de son choix.

Pour Grégoire VII, il s'agit d'établir l'indépendance de l'Église et non de détenir le pouvoir absolu dans la chrétienté.

Pour Henri IV, l'humiliation de Canossa est un faible prix à payer pour éviter de perdre sa couronne et empêcher le pape et les nobles allemands de s'allier à ses dépens .

LA QUEIELLE COllllNUE En dépit de la levée de l'excommunication, la tNSion entre le pape et l'empereur est toujours vive .

la situation d'Henri IV s'est en effet aggravée depuis son départ la diète d'empire , réunie à Forchheim le 15 mars 1077 , a élu un nouveau roi de Germanie (titre porté par l'empereur du Saint Empire avant son couronnement officiel) en la personne de Rodolphe de Souabe.

HenriW doit affronter et vaincre les troupes de Rodolphe de Souabe à Mellrichstadt (7 août 1078) et à Aarchheim (27 janvier 1080) .

Il accuse le pape de n'avoir pas désapprouvé l'élection de Rodolphe de Souabe sous prétexte de neutralité et s'oppose de nouveau à lui.

l'antagonisme est tel qu'au début de 1080, l'empereur se retrouve de nouveau excommunié .

Henri IV contre-attaque en réunissant à Brixen en mars et mai 1080 un concile avec des prélats fidèles à sa cause.

Ils élisent un antipape, Guibert de Ravenne, qui règne sous le nom de Oément Ill .

Cet ancien archevêque simoniaque est à son tour excommunié .

mortellement blessé à la bataille de Merseburg le 15 octobre 1080, Henri IV entend en finir avec Grégoire VII.

En 1081, il franchit les Alpes, à la tête de son armée cette fois.

Son avance, plutôt lente, le conduit jusqu'à Rome en 1083 .

Il se fait alors couronner empereur par Clément Ill durant la Pâques 1084 .

Retranché dans le château Saint-Ange, situé en plein cœur de Rome, Grégoire VII est délivré par Robert Guiscard et ses alliés normands .

Mais ces derniers pillent la ville si bien que Grégoire VII est détesté par les habitants et qu'il doit s'exiler dans le sud de l'Italie .

Il meurt misérablement à Salerne le 25 mai 1085 .

HENll IV VAINCU À SON TOUi Une fois encore, alors qu'il a surmonté toutes les épreuves, Henri IV se retrouve contesté au sein de son empire : en 1086, la Bavière se soulève, en 1087, son fils Conrad de lorraine se fait élire roi de Germanie, et en 1093, la Lombardie lui échappe avec l'aide de la comtesse Mathilde de Canossa .

En 1095, l'empereur, absorbé par cette crise intérieure, refuse de se joindre à la prem ière croisade organisée par Urbain// (successeur de Victor Ill, lui-même successeur de Grégoire VII), d'autant que son second fils, le futur Henri V, est élu à son tour roi de Germanie en 1099.

Tandis que le prestige de l'empereur se détériore, les idées réformatrices progressent dans le Saint Empire.

Si les antipapes favorables à l'empereur, Théodoric (1100-1102), Albert (1102), Sylvestre IV (1105-1111) et Grégoire VIII (1118-1121) , perdent peu à peu de leur influence, les authentiques souverains pontifes, Victor Ill (1086-1087), Urbain Il (1088-1099), Pascal Il (1099-1118), Gélase Il (1118-1119) et Calixte Il (1119-1124), regagnent la leur.

Urbain Il revient en maître à Rome sous la protection des Normands en 1093 .

En 1104, Henri V force son père Henri IV à abdiquer .

Il s'appuie sur les princes d'empire et les évêques« grégoriens• , c'est-à-ilire ceux qui soutiennent la réforme papale, pour prendre le pouvoir.

En 1105, la diète de Mayence confirme l'élection d'Henri V.

Un an plus tard, Henri IV meurt à liège non sans avoir tenté une dernière fois de reprendre sa couronne .

Son excommunication n'est levée qu'en 1111, et son cadavre, enterré rapidement est alors exhumé puis consacré religieusement à la cathédrale de Spire .

•!iH#MWI LA IECHEICHE D'UNE SOLUTION Au début de son règne, llffri V est proche des grégoriens, mais cela ne dure pas car le nouvel empereur entend rapidement l!!;li_~~~~ ~...i!l faire respecter ses prérogatives .

En 1101, le pape Ptlscol Il lui propose de mettre fin au conflit l'empereur ne doit plus procéder aux investitures et autoriser les élections de prélats, et en échange, les évêques allemands renoncent à leur pouvoir politique.

Un accord semble se dessiner, mais les princes et les prélats allemands hostiles à la réforme grégorienne s'y opposent et obtiennent qu'Henri V renonce à sa politique de rapprochement Après un nouveau décret papal en 1108 menaçant d'excommunication quiconque procéderait à une investiture, l'empereur réunit son armée pour marcher sur Rome .

Il emprisonne même le pape pendant deux mois pour le forcer à revenir sur l'accord conclu .

Pascal Il a perdu .

le nouvel arrangement stipule qu'après une élection libre par les clercs de l'évêché à pourvoir, les évêques seront investis par l'empereur .

Lors d'une cérémonie, le souverain leur remet une crosse et un anneau, symboles de leur investiture .

Afin d'achever cette réconciliation forcée, le pape est contraint de sacrer l'empereur le 12 février 1111.

la victoire d'Henri V est pourtant de courte durée puisque, en 1112, le synode de Latran reprend les principes de la réforme grégorienne.

LE CONCOllllAT Of Wo111s (llll) En 1116, le légat du pape en Germanie réaffirme, avec le soutien du pape, l'excommunication de l'empereur .

Après avoir tenté d'ouvrir de nouvelles négociations, Henri V s'oppose au nouveau pape Gélase Il en nommant Maurice Bourdin, archevêque de Braga, antipape sous le nom de Grégoire VIII.

Calixte Il, qui succède à Gélase Il, décide alors de négocier avec l'empereur.

Après de longues discussions, un compromis se dégage : c'est le concordat de Worms ou pacte de Calixte, négocié par Albert I" (1111-1137), archevêque de Mayence .

l'investiture est divisée .

Une élection se déroule et l'évêque est investi légalement.

l'empereur obtient tout juste le droit d'être représenté lors de l'élection, d'arbitrer en cas de blocage lors du scrutin et de désigner le candidat le plus digne après avoir consulté les évêques locaux.

Dans un second temps, une fois que le prélat a effectué son choix, l'empereur peut donner au nouvel évêque les biens et pouvoirs temporels attachés à sa charge .

Il remet alors un sceptre à l'évêque, tandis que ce dernier lui prête serment Un compromis similaire est condu en France avec les rois capétiens ; en Angleterre, le roi parvient à conserver l'investiture par la crosse et l'anneau, et obtient du prélat un serment de fidélité .

sanctionner définitivement le compromis de Worms, Calixte// réunit à Rome un concile, la grande assemblée de l'Église .

En mars 1123, entre 300 et 500 ecclésiastiques de tous rangs promulguent des décrets réunis en 25 canons .

la simonie, le nicolaïsme, la mainmise des laïcs sur les biens et les fonctions ecclésiastiques sont condamnés .

le concile établit aussi l'indulgence pour les croisés , c'est-à-ilire la remise des pêchés, et la protection des pèlerins.

C'est la première fois que le pape convoque seul un concile œcuménique sans la participation de l'empereur byzantin .

Désormais, le pape est l'unique chef de l'Église catholique .. »

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