La politique étrangère du Général de Gaulle
Publié le 25/06/2012
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La politique étrangère du général de Gaulle
Raymond Aron (1905-1983) examine le grand dessein du Général : Une fois terminée la guerre d'Algérie, affaire tragique mais au fond provinciale (la décolonisation ou, du moins, la décomposition des empires européens arrive à son terme), le Général s'engage dans ce que les Allemands appelaient jaids Die grobe Politik. C'est avec les Grands de ce monde que la France doit se mesurer; non avec le GPRA (Z) ou avec la Tunisie de Bourguiba. L'alliance étroite avec l'Allemagne d'Adenauer, la fabrication d'armes nucléaires (à laquelle la RFA participera peut-être financièrement), créeront le fondement d'une Europe autonome, et non plus réduite à la condition inférieure d'un fragment du bloc occidental. Au service de son grand dessein, le Général remporte des succès, il s'oppose à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun sans que celui-ci éclate en morceaux ; il met en place une force stratégique nucléaire qui permettra, dans l'avenir, une dissuasion tous azimuts et, du même coup, une totale indépendance par rapport aux blocs... De 1963 à 1967, le grand dessein change de moyens. Pour échapper à l'étau atlantique, à la domination des Etats-Unis, il se tourne vers l'Union soviétique. Certes, lors des crises de Berlin, de Cuba, il manifeste sa solidarité avec les Occidentaux, mais il change de langage à partir de 1963. Peut-être faudrait-il dire: il reprend un langage qu'il conservait en réserve: l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, la détente qui suivront l'entente et la coopération. La normalisation des rapports avec l'Union soviétique et les pays soviétisés de l'Est européen se justifie, aux yeux de la plupart des Français, sans aucune référence au «grand dessein« gaulliste. Avec l'Allemagne et les autres pays continentaux de la Communauté, la France accède potentiellement au statut d'un Grand. Grâce à un dialogue permanent avec Moscou, sans sortir de l'Alliance atlantique, elle s'élève à un rang mondial. En sortant du commandement intégré de l'OTAN, la France prend ses distances par rapport à la RFA sur la question, toujours décisive, de la défense. Le Général ne signe à Moscou aucun accord compromettant. Il n'obtient pas non plus d'avantages, matériels ou moraux. Les échanges commerciaux se développent, mais la France n'en possède pas le monopole.
D'après Raymond ARON, 50 ans de réflexion politique, Mémoires, Julliard, Paris, 1983, p. 447-448.
QUESTIONS
1. Présentez brièvement le texte.
2. Expliquez l'expression «la guerre d'Algérie, affaire tragique mais au fond
provinciale«. Pourquoi son règlement a-t-il été un préalable pour le général de Gaulle?
3. En partant du texte, analysez les grands axes de sa politique européenne.
«
4.
Par quels moyens le général ge Gaulle entend-il «échapper à l'étau atlantique», à la« domination» des Etats-Unis? Quelles limites le texte fixe-t-il
à cette politique?
REMARQUES
-Sujet original par son thème et surtout par le texte dense et complexe qui
nous est proposé.
Ce texte est malheureusement tronqué et ne laisse pas
apparaître les critiques de Aron ce qui aurait enrichi le commentaire.
- Les questions proposées invitent
à organiser le commentaire autour des trois
axes majeurs de la politique étrangère du Général entre 1958 et 1969.
La première
question est à l'évidence une invitation à ne pas oublier l'introduction.
INTRODUCTION
Raymond Aron, philosophe et sociologue français, membre de la France Libre
et du RPF, puis journaliste pendant 30 ans au Figaro (jusqu'en 1977), s'oppose à laye République qu'il considère comme une «monarchie populaire» mais est
favorable à la décolonisation.
En 1983, quelques semaines avant sa mort, il fait
paraître ses Mémoires dont le texte ci-dessus est un extrait.
Il présente ici le
~Grand dessein du Général~~ et les moyens pour parvenir à réaliser la «certaine
idée» que de Gaulle se fait de la France, elle n'a qu'une vocation, celle d'être
grande parmi les Grands, puissante et indépendante pour accomplir son~ destin» et retrouver son «rang».
Il s'agit donc ici d'analyser la politique étrangère du
Général, son.
»
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