La Palatine découvre la France et la Cour du Roi-Soleil
Publié le 29/08/2013
Extrait du document
Au début de l'année 1672, une nouvelle princesse arrive à la Cour du Roi-Soleil. Charlotte-Elizabeth von Wittelsbach-Simmern, fille de l'Électeur palatin du Rhin, a épousé Monsieur, le frère cadet de Louis XIV. Naturelle, fraîche et spontanée, la jeune Allemande, dont le franc-parler va devenir célèbre, pose un
regard incisif sur son pays d'adoption.
«
« Camarade de jeux »
du Roi~Soleil
Dès son arrivée à la Cour de
Louis XIV, Charlotte-Elizabeth,
qu'on appellera désormais
« Madame », est en butte à
l'hostilité des grands.
Chacun
lui trouve un défaut.
L.:un cri
tique son manque de sophisti
cation.
L.:autre raille son absen
ce
de grâce ou la forme de son
nez.
Madame a beau être fraî
che
et mince , elle ne corres
pond pas aux canons du temps ,
dont la favorite en titre, l'opu
lente madame de Montespan,
est le symbole.
Malgré son
« visage de chat-singe-ours »,
selon l'expression
de son père,
elle n'est pas dépourvue d'at
traits.
Elle possède une belle
santé, entretenue par l'exerc ice
physique, une gaîté naturelle
et un esprit aussi incisif que
caustique.
Monsieur ne se préoccupe
guère de sa nouvelle épouse .
Et
peu lui chaut que la rumeur
l'accuse d'avoir empoisonné sa
première femme, Henriette
Anne
d 'Angleterre, il n'est sen
sible qu 'aux appâts de ses
favoris
! C'est Louis XIV qui, le
premier, remarque les charmes
de Madame .
Ce grand séduc
teur est conquis par l'indépen
dance, le franc-parler et la
spontanéité de sa belle-sceur.
Celle-ci
devient une sorte de
camarade de jeux, avec qui il
se détend des joutes amou
reuses
dont il est coutumier.
Rapidement,
le roi se prend
d'affection pour celle qui va
rester dans l' histoire sous le
nom de « princesse Palatine ».
Il apprécie sa conversation, son
humour et se plaît à chasser en
compagnie
de cette excellente
cavalière.
Des milliers
de lettres
Suivant en toutes choses
l'exemple de Louis XIV, les
courtisans ne peuvent rester
hostiles à celle qui jouit de la
faveur
et de l'amitié royales .
Finalement,
cette Palatine leur
semble « acceptable » ! Ils la
trouveraient même plutôt origi
nale et rafraîchissante ...
La Montespan, qui ne se se nt
pas menacée par ce « garçon
manqué », l'invite volontiers à
ses
« médianoches », ses sou
pers
intimes que le roi apprécie
tant .
L'intéressée, elle, quoique
fort aise de ce revirement, n'en
perd ni son latin ni son alle
mand.
Si elle est flattée d'être
entrée dans les grâces du sou
verain -
dont certains historiens
pensent qu 'elle est secrète
ment éprise -, elle a laissé son
cceur
de l 'au tre côté du Rhin.
LA VERVE DE
LA PALATINE Malgré son chagrin, la
Palatine a le premier de ces
bons mots qui la rendront
célèbre dès son arrivée en
France.
A Metz, où, en
novembre 1671, elle doit être
mariée par procuration, la
future duchesse d'Orléans est
accueillie par le maréchal du
Plessis, qui représente son
époux.
Faussement fâchée,
elle soupire : « En un jour
confession, communion,
mariage , confirmation, quelle
fatigue ! » Puis elle ajoute, ironique : « Si Luther et
Calvin n'avaient pas paru,
nous serions tous encore
catholiques ! » Lançant là une pique à la religion
romaine, qu'elle a été forcée
d'embrasser et qu'en bonne
protestante elle juge
ostentatoire et « bigote ».
A propos des Français, Madame remarque : «Tous
les gens de ce pays-ci
marchent comme des oies,
sauf le roi...
et moi.
Il n'y a
pas un être capable de faire
vingt pas sans suer et perdre haleine.
» Ses lettres, trop
« patriotiques », seront
censurées.
Ce qui ne l'empêchera pas d'affirmer :
« Je regarde comme un grand éloge qu'on dise de moi que j'ai le cœur
allemand.
» Et amènera
madame de Sévigné à constater : « Elle pense tout
ce qu'elle dit et dit tout ce qu'elle pense ! »
A partir de 1672, la Palatine
entame une correspondance
régulière avec sa famille, dont
elle se languit fort.
Dans des
milliers de lettres elle raconte
ses
émerveillements, expose
ouvertement ses critiques.
Fa
rouchement indépendante et
attachée à son pays natal, elle
s'exprime en toute franchise, ne
mâche jamais ses mots.
Pen
dant une cinquantaine d'an
nées, jusqu'à
sa mort en 1722,
elle portera un regard aigu sur
le règne de Louis XIV.
w w u c; ~.
»
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