La Nation réquisitionne les biens du clergé
Publié le 30/08/2013
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L'idée est reprise par Mirabeau, pour qui « toute nation est seule et véritable propriétaire des biens de son clergé «. Les juristes Treilhard et Thou-ret renchérissent, affirmant que le clergé n'est que l'administrateur de ses biens. Les clercs élus à l'Assemblée répliquent que l'établissement religieux est une personne morale et que, comme tel, il peut posséder. L'abbé Maury s'insurge : « La propriété est une et sacrée pour nous comme pour vous. Nos propriétés garantissent les vôtres. Nous sommes attaqués aujourd'hui, mais ne vous y trompez pas. Si nous sommes dépouillés, vous le serez à votre tour. «
«
LA FRANCE
MENACÉE
DE BANQUEROUTE
En 1789, la situation
économique
de la France est catastrophique.
Et c'est
d'abord pour
remédier à cet
état de fait que Louis XVI a
convoqué les
états généraux ...
La hausse des prix entraîne
celle
des traitements.
Le budget de la guerre ne
cesse
de gonfler ; les dernières
opérations, maritimes ou
lointaines, en particuUer la
guerre d'Amérique, ont coûté
fort cher.
Les dépenses de la
Cour, tellement montrées du
doigt, ne représentent que 6 %
de l'ensemble .
En revanche,
les intérêts
des trop nombreux
emprunts constituent 50 % des
dépenses 1 Les rentrées ne
permettent pas
de rétabUr
l'équilibre.
Les recettes,
fiscales notamment, sont fixes
et d'un rendement médiocre,
encore diminué en ces temps
troublés
par le marasme des
manufactures, la fuite des
capitaux à l'étranger, la ruine
du commerce
de luxe, la
désorganisation
de
l'administration et les révoltes
contre l'impôt.
Turgot, Necker,
calonne se sont en vain attaqués au casse--tête de la
dette pubUque.
Successivement, ils ont repris
l'idée d'un impôt sur les terres,
qui a systématiquement
été repoussée par les privilégiés.
Necker a proposé deux
emprunts, qui
se sont révélés des échecs.
Une « contribution
patriotique
», votée en octobre,
des « dons patriotiques »,
sollicités début septembre,
n'ont
pas donné de meilleurs
résultats.
Dans ce contexte,
la réquisition des biens du
clergé
apparaît comme une
ultime
bouée de sauvetage.
semble guère disposé à par
tager ses biens ...
Son assem
blée, réunissant évêques et
prêtres élus par les provinces
ecclésiastiques du royaume ,
a
été convoquée par Louis
XVI en mai 1788 à la demande
de l'archevêque de Toulouse,
Loménie
de Brienne, devenu
Premier ministre le 22 août de
l'année précédente .
Brienne
pensait faire voter un impor
tant « don gratuit », contribu
tion volontaire aux finances
royales,
et faire entériner un
programme de réformes .
Mal
heureusement, le clergé a
tout rejeté en bloc !
Le
10 octobre 1789 , Talleyrand
suggère que la Nation ait
recours à « l'immense ressour-
ce qui existe dans les biens
du clergé ».
Deux milliards de
francs pourraient ainsi· corn- ]1 ~ bler la dette publique.
Ancien " 0 agent général du clergé, l'évê- ]
que d'Autun sait de quoi il 8
parle! ~
Des enchères
acharnées
L'idée est reprise par Mira
beau, pour qui « toute nation
est seule et véritable proprié
taire
des biens de son clergé».
Les juristes Treilhard et Thou
ret renchérissent, affirmant
que le clergé n'est que l'admi
nistrateur de ses biens .
Les
clercs
élus à l'Assemblée ré
pliquent que l'établissement
religieux est une personne
morale et que, comme tel, il
peut posséder.
L:abbé Maury
s'insurge :
« La propriété est
une et sacrée pour nous
comme pour vous.
Nos pro
priétés garantissent les vô
tres.
Nous sommes attaqués
aujourd'hui, mais ne vous y
trompez pas.
Si nous sommes
dépouillés, vous le serez à
votre tour .
»
Débat vite enterré par la né
cessité ! Dès 1 790 commen
cent les ventes, qui doivent
répondre à deux objectifs :
l'apuration
de la dette publi
que et « l'accroissement heu
reux surtout parmi les habi
tants des campagnes du nom
bre des propriétaires ».
Effec
tuées par l'intermédiaire des
.c a.
municipalités, elles connais
sent immédiatement un énor
me succès.
Les enchères sont
acharnées, les estimations dé
passées.
Au sein de l'Église,
certains, comme les jansé
nistes, soucieux d'épurer la foi
de toute préoccupation sécu
lière, sont favorables à cette
mesure réclamée dans de
nombreux cahiers de doléan
ces .
Et les curés les plus pau
vres ne manquent pas d'être
alléchés par la perspective
d'un traitement plus avanta
geux ...
Pour l'heure , personne
ne songe à une séparation de
l'Église et de l'État.
Nationali
ser les biens du clergé impli
que que l'État rétribue les
prêtres et assume leurs œu
vres sociales .
Aussi l'Assem
blée constituante va-t-elle se
lancer dans l'élaboration d'un
statut de l'Église au sein de la
Nation .
Ce sera la Constitution
civile du clergé, qui, votée le 12
juillet 1790, provoquera, elle,
bien davantage de remous !.
»
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