La mort du cardinal Charles de Bourbon

« de politique, il est entré be­ noîtement dans les ordres .

Se complaisant dans le confort dû à son rang, il a été comblé de bénéfices ecclésiastiques , obtenant entre autres l'arche­ vêché de Rouen , puis la riche abbaye parisienne de Saint­ Germain-des-Prés.

Catholique convaincu, au rebours de ses frères gagnés aux idées de la Réforme , c ' est sans état d'âme qu'il a revêtu la pourpre cardi­ nalice en janvier 1548 .

A sa décharge, Charles de Bourbon n'a pas été gâté par la nature .

Pataud, nigaud, il est d'une intelligence limitée, au point qu'on a souvent hésité à le faire siéger au Conseil du roi.

Aussi soucieux de plaire qu'in­ fluençable, il s'est laissé ma­ nœuvrer par la reine mère Catherine de Médicis , à qui il a naïvement apporté sa cau­ tion de prince du sang .

La dupe du pa rti catholique Seul de sa famille à participer à la lutte contre les protes­ tants, le cardinal de Bourbon a été l'instrument des princes ultra catholiques de la puis­ sante Maison de Guise, qui l'ont fait désigner héritier pré­ somptif du trône après la mort de François d'Alençon, le plus jeune des Valois, au prin­ temps 1584, puis l'ont fait pro­ clamer roi de France sous le nom de « Charles X » à la mort d'Henri Ill.

A-t-il compris qu'il était la dupe de la Ligue et des extrémistes catholiques? Après l' exécution du duc Henri de Guise, en décembre 1587, Henri Ill a retenu Charles de Bourbon , comme plusieurs de ses opposants partisans de la Ligue, prisonnier au château de Blois et l'a fait transférer à Amboise, puis à Tours .

C'est là qu 'il se trouve toujours en août 1589, lorsque le dernier des Valois est assassiné.

En ce même mois d'août, Henri IV, qu'Henri III a eu le temps de désigner sur son lit de mort comme son successeur, n'en­ tend plier ni devant ceux qui prônent la légitimité de son oncle paternel, ni devant ceux, souvent les mêmes , qui arguent qu 'un roi de France ne peut appartenir à la religion protestante .

En attendant de régler le problème de son adhésion à une foi plutôt qu'à une autre, il lui faut se rendre maître de Paris et conquérir « PREMIER PRINCE DU SANG» En désignant le cardinal Charles de Bourbon comme héritier légitime au trône de France, les princes de la Maison de Guise et la Ligue catholique font une entorse à la loi de succession.

L.:ordre de « primogéniture mâle dans la branche aînée », qui jusque-là est le fondement de la loi salique, place Henri IV avant Charles, le premier étant le fils d 'Antoine, l'aîné des Bourbons , et le second son frère cadet.

Pour justifier les droits à la Couronne du cardinal, les ligueurs, eux, se fondent sur la « proximité du sang ».

Ainsi, Charles de Bourbon n'est éloigné d'Henri Ill que de vingt degrés (le nombre de générations en remontant du Valois jusqu'à Saint Louis, l'ancêtre commun, et en redescendant jusqu'au cardinal), tandis que son neveu Henri IV en est distant de vingt et un.

C'est en vertu de ce raisonnement que Charles de Bourbon est appelé « premier prince du sang ».

son royaume par les armes.

Tandis que ses troupes s'ap­ prêtent à mettre le siège devant la capitale, il charge quelques-uns de ses fidèles de se saisir du vieux cardinal , qu'il fait reléguer dans le loin­ tain château de Fontenay-le­ Comte .

Le 9 mai 1590, le cardinal de Bourbon décède dans sa pri­ son vendéenne, victime d'une affection rénale.

Les ligueurs ne sont guère affectés par sa mort : ils n'ont eu pour lui qu 'une piètre estime et l'ont raillé à l'envi.

Quant à Henri IV, il est à peine plus chagriné que ses adversaires, d' autant que la disparition de « Charles X», son seul rival ayant un semblant de légitimité, se révèle fort opportune .. »