La mort de madame de Maintenon
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
Madame de Maintenon aime raconter sa vie de façon édi¬fiante aux pensionnaires de Saint-Cyr, pour qui elle fait revivre l'enfant pauvre qu'elle a été. Mais, plus que sa vertu, c'est son extraordinaire desti¬née qui fait rêver les petites élèves, et elle s'efforce alors sans indulgence de les rame¬ner à la réalité. Il est vrai que la contradiction entre l'ensei¬gnement autrefois brillant dis¬pensé par l'institution et le sort médiocre — l'habit de nonne ou le mariage avec un petit noble de province — qui attend à leur sortie les jeunes filles munies d'à peine trois mille livres de dot, n'a pas été étranger à l'abandon de cette éducation de princesses...
Mais l'acharnement de mada¬me de Maintenon contre les illusions de ses élèves est d'autant plus grand qu'elle-même reste insatisfaite d'un destin qui lui a valu, de par son mariage, royal mais secret, une situation fausse et incon¬fortable, mépris ou basse flat¬terie.
«
verné la France : elle l'ac
cueille allongée dans la pé
nombre de sa chambre et
invoque son âge pour abréger
l'entrevue .
En revanche, elle
reçoit volontiers quelques
amies , qui la tiennent au cou
rant des événements .
L'abro
gation des dispositions ren
dant les enfants légitimés de
Louis XIV égaux aux princes du
sang et leur ouvrant la possibi
lité d'accéder au trône la cons
terne .
L'emprisonnement, à la
fin
de l'année 1718, à la suite
DÉVOTION,
AUSTÉRITÉ, SÉVÉRITÉ
Dans un premier temps,
madame de Maintenon a fait
de Saint-Cyr un
établissement très original.
Mais, quand elle s'y retire, la
maison a bien changé .
Il ne reste rien des principes
d'éducation modernes, de
l'ouverture sur le monde
qu'elle lui a insufflés à sa
création.
Saint-Cyr est devenu depuis 1692 un
couvent régulier de l'ordre
de Saint-Augustin, et la
sombre dévotion qui a gagné sa fondatrice, qui y a toujours régné en maîtresse
et décidé de tout, le rend maintenant extrêmement
rigide et austère, fermé à toute intrusion extérieure .
La dure loi décrétée par
madame de Maintenon défend que les élèves tiennent des conversations
privées, entretiennent des
amitiés privilégiées.
Aucun homme, en dehors des
prêtres, ne doit approcher
ces jeunes filles.
L'apprentissage, autrefois
confié à des personnes
laïques et désormais
dispensé par des religieuses, est très réduit et les tâches
ménagères y sont
prédominantes.
On est bien
loin de l'enseignement
naguère si diversifié qui
entendait former des femmes
de cœur et d'esprit ...
d'un complot visant le Régent,
du duc du Maine, fils légitimé
du défunt roi et qu'elle chérit,
lui fait
énormément de peine .
Une vieillesse aigrie
Madame de Maintenon aime
raconter sa vie de façon édi
fiante aux pensionnaires de
Saint-Cyr, pour qui elle fait
revivre
l'enfant pauvre qu 'elle
a été .
Mais, plus que sa vertu,
c'est son extraordinaire
desti
née qui fait rêver les petites
élèves, et elle s'efforce alors
sans
indulgence de les rame
ner à la réalité .
Il est vrai que
la contradiction entre l'ensei
gnement autrefois brillant dis
pensé par l'institution et le
sort médiocre - l'habit de
nonne ou le mariage avec un
petit noble de province -qui
attend à leur sortie les jeunes
filles
munies d 'à peine trois
mille livres de dot , n'a pas été
étranger à l'abandon de cette
éducation de princesses ...
Mais l'acharnement
de mada
me de Maintenon contre les
illusions de ses élèves est
d'autant plus grand qu'elle
même reste insatisfaite d'un
destin qui lui a valu , de par
son mariage, royal mais secret.
une situation fausse et incon
fortable, mépris ou basse flat
terie .
Aigrie, elle ne peut s'em
pêcher sur ses vieux jours ,
malgré
le modèle de vertu
qu'elle entend être, de se
plaindre amèrement .
A sa
mort , le 15 avril 1719, dans sa
quatre-vingt-quatrième année,
il reste
peu de témoins de sa
splendeur .
Sa disparition ne
suscite guère
de commentai
res, si ce n' est de la part de la
princesse
Palatine, mère du
Régent, qui exprime sa haine
par un lapidaire : « La vieille
guenipe est crevée ! »
Madame de Maintenon est
inhumée à Saint-Cyr.
Dans sa
maison d'éducation devenue
mausolée, le temps est sus
pendu : un demi-siècle plus
tard , on interprétera toujours
les mêmes chants , on lira les
mêmes ouvrages .
Le monde,
lui, évolue et la Révolution
vaut aux restes de la marquise
d'être retirés de leur tombe .
Laissés dans la cour , ils
sont
recueillis et installés dans une
caisse
que l'on monte au gre
nier .
Retrouvés après les bom
bardements de la Seconde
Guerre mondiale et la destruc
tion des bâtiments, ils sont
déposés à Versailles dans le
petit oratoire qui a été celui
de l'épouse du roi.
Saint-Cyr
exprimera le vœu de rentrer
en leur possession et, une fois
la
chapelle rénovée, ils y se
ront définitivement rapportés..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Madame Bovary mort d'Emma
- La Palatine n'épargne personne Surtout pas madame de Maintenon !
- Le Roi-Soleil épouse Madame de Maintenon
- Madame de Maintenon gouvernante des bâtards royaux de la Montespan
- Madame de Maintenon fonde la maison d'éducation de Saint-Cyr