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La ligne de démarcation : De l'armistice à l'invasion de la zone libre

Publié le 24/08/2013

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La ligne de démarcation est aussi un enjeu politique. Un officier nazi présent à la signature de l'armistice a résumé le rôle qui lui était dévolu dans l'esprit des vainqueurs : « Cette ligne est un mors que nous avons mis dans la bouche d'un cheval. Si la France se cabre, nous serrons la gourmette. Nous la détendrons dans la mesure où la France sera gentille. «

En s'accordant le loisir de serrer ou de desserrer ce garrot qui étrangle le pays, avec toutes les conséquences inhérentes, les nazis disposent d'un formidable moyen de pression pour influer sur la politique du régime du maréchal Pétain.

LES TENTATIVES D'ASSOUPLISSEMENT 

La convention d'armistice a instauré une commission d'armistice, qui siège dès juin 1940 à Wiesbaden. À maintes reprises, la délégation française y exposera ses griefs et requêtes aux Allemands, le plus souvent en vain. Tout comme seront vaines les tentatives

du maréchal Pétain pour infléchir la position d'Adolf Hitler lors de la fameuse entrevue de Montoire le 24 octobre 1940.

« DIFRCill COIUIE UIIIE liTTlE A LA POSTE 1 L'exemple du courrier donne un bon aperçu des dîflicUiés de communic.alion vécues de part et d'autre de la ligne de démarcation.

Dès juillet 1940, les Allemands interdisent le trafic postal entre les deux zones.

dans un sens comme dans l'autre.

Des m~liers de familles demeurent sans nouvelles de leurs proches que l'exode a jetés sur les routes ; ou vivent sans savoir si un fils.

un père ou un mari mobilisé est vivant ou mort.

démobilisé ou prisonnier de guerre.

En septembre, un premier assouplissement a lieu.

Il est désormais possible d'envoyer des cartes postales interzones.

Mais celleHi portent simplement des menlions préimprimées à biffer : exemple : • Je ne suis pas •la famille va bien 1 ; • décédé 1 ..

.

L'année suivante, des cartes dites • familiales 1, iM!C un texle libre, seront mises en plaœ.

Bien entendu, tout courrier pouvait être lu par les autorités d'occupation.

n faudra attendre mars 1943 et l'ouverture de la ligne pour que les relations postales soient rétablies sur tout le territoire.

Les boites aux lettres des bureaux de poste que les occupants entendent restreindre au maximum , jusqu'à bafouer les droits élémentaires.

Durant les premiers mois suivant la défaite, l'envoi de courrier interzone est strictement interdit .

Les communications téléphoniques et télégraphiques sont suspendues, de même que les liaisons ferroviaires.

Par la suite , ce régime connaîtra quelques assouplissements mais restera toujours contraignan~ entravant la vie quotidienne de la population .

L'article 17 de la convention d'armistice interdit tout transfert de fonds entre la zone occupée et la zone libre.

En conséquence , des milliers de Français ne peuvent plus récupérer leur argen~ percevoir leur pension ou leur retraite, parce que leurs comptes bancaires sont domiciliés en zone occupée .

Plus généralemen~ c'est toute l'économie française qui est menacée d'asphyxie à la fin de l'année 1940 .

Les trains -------------;-------------1 de marchandises ne circulent quasiment tué 1 (sic) ; • en bonne santé 1 ; affichèrent alors la mention • Ullres ,..

,.Ff.œ ......

1 .•• l'interdiction de franchir la ligne de démarcation .

Un contrôle strict ~ '· "" - ;:' .

..

""" .

' ~ de tous les voyageurs est également effectué dans les gares dites de démarcation (Moulins, Vierzon ...

), ce qui occasionne de longs arrêts pour tous les trains .

Du côté de la zone non occupée, la surveillance est confiée aux soins des fonctionnaires du régime de Vichy (militaires, douaniers, gendarmes), mais leurs moyens et leurs effectifs sont insuffisants.

Postes français et postes allemands sont souvent séparés par une sorte de no man 's land de 300 à 400 rn de large que les Allemands franchiront souven~ au grand dam des autorités françaises .

A partir de mars 1941, les militaires allemands sont progressivement remplacés par des douaniers professionnels .

Ce changement répond à une volonté des occupants de renforcer le contrôle de la ligne, confirmant leur dessein d'en faire une véritable frontière .

Les nouveau x venus disposent de moyens accrus pour mener à bien leur mission : des chiens, des chevaux , des side-cars pour multiplier les patrouilles en rase campagne, des cantonnements réquisitionnés et des salles de fouille pour l'Interrogatoire des fugitifs ou des individus suspects ...

S'ensuivront de nombreux incidents avec la population.

Des paysans travaillant aux champs par exemple seront accusés à tort de chercher à franchir la ligne .

Au mépris de la convention d'armistice , les douaniers n'hésiteront pas à poursuivre les suspects en zone libre, théoriquement interdite d'accès aux Allemands.

De nombreuse s personnes trouveront ainsi la mort.

Pour autan~ il est faux de croire que la ligne de démarcation fut une frontière hermétique , couverte de barbelés et de champs de mines .

Surveiller les 1 200 km du tracé aurait été trop coûteux en hommes pour le Ill' Reich.

Aussi, dans les champs ou le long des cours d'eau , elle n'était matérialisée que par des poteaux peints aux couleurs nazies et plantés à intervalles réguliers.

DES LAISSEZ-PASSER EN NOMBRE RESTREINT Le franchissement de la ligne de démarcation est soumis à une réglementation très stricte.

Qu'ils soient à pied, en voiture , à cheval ou en train , les Français souhaitant se rendre d'une zone à l'autre doivent obligatoirement disposer d'un laissez -passer (Ausweis) que seuls les Allemands peuvent leur accorder.

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4G8 * S 111aa reu6alldt OMru•p•• Ou n raiil•r ne sont délivrés qu'avec la plus extrême parcimonie , et pour ::-----...,--- -, des motifs .,._ "" '-'"' bien précis ,.,15 lM 1r- (par exemple : mariage ou décès d'un proche) .

Qui plus est, leur validité est temporaire .

Cependan~ des facilités sont accordées aux populations résidant sur la zone «frontalière» , c'est-à-dire sur une bande de 10 km de part et d'autre de la ligne .

C'est le cas notamment des habitants de la zone libre qui travaillent en zone occupée .

Dans tous les cas, la délivrance de ce précieux sésame qu'est I'Ausweis relève du parcours du combattan~ tant il suppose de longues et fastidieuses démarches administratives.

Les dignitaires du régime de Vichy (ministres , militaires , préfets ...

) eux-mêmes ne bénéficient en la matière d'aucun passe-droit.

Hormis le maréchal l'étain, seul Pierre Laval, chef du gouvernemen~ dispose d'un laissez -passer permanent.

Signalons que les Allemands instaureront à l'automne 1940 un statut particulier pour permettre aux populations qui ont fui les combats lors de l'exode de mai-juin de rentrer en zone occupée.

Mais ces mesures de retour excluent les juifs et les étrangers.

DES CONTIIIINTES liU QUOTIDIEN Les difficultés de circulation ne s'appliquent pas uniquement aux personnes .

C'est l'ensemble des relations entre les deux zones plus entre les deux zones, des patrons sont privés d'ouwters qui ne peuvent rentrer chez eux, sans compter qu'en zone occupée toutes les ressources françaises sont captées au profit du régime nazi.

PliSSEURS ET CLANDESTINS Dès l'été 1940 sont signalés les premiers passages clandestins de la ligne, qui constituent une des premières formes de résistance , si ce n 'est la première .

Ils ne feront que s'accroître les années suivantes , en dépit du renforcement des dispositifs de surveillance .

Ces flux clandestins s'effectuent surtout de la zone occupée vers la zone libre : ils concernent principalement des soldats français ou alliés évadés d'Allemagne , des aviateurs abattus au­ dessus de la France décidés à rejoindre l'Angleterre via l'Espagne, des juifs fuyant les persécutions , des réfractaires au STO (service du travail obligatoire, institué en 1942), des fugitifs de toutes sortes , des résistants traqués .

..

Plus rare est le franchissement dans le sens sud-nord, qui est l'œuvre de trafiquants du marché noir, d'hommes d'affaires dépourvus d'Ausweis , mais aussi de résistants envoyés en mission en zone occupée (comme lean Mouli11) .

Le franchissement de la ligne de démarcation se fait grace à des «passeurs» qui, habitant les régions frontalières , connaissent bien le terrain.

Ces passeurs sont souvent des civils anonymes, agissant de manière individuelle, par conviction politique ou par appat du gain (en faisant payer la traversée) .

Mais se mettent aussi en place de véritables filières organisées par les gendarmes, les facteurs ou les cheminots : profitant des facilités de circulation que leur confère leur travail, ils font passer des personnes ainsi que des messages de la Résistance de part et d 'autre de la Demarkationlinie .

Plusieurs de ces réseaux seront démantelés par la Gestapo, et nombre de leurs membres déportés en camp de concentration .

LE GARROT DE VICHY UN MOYIN DE PRESSION POUl LES AwMANDS La ligne de démarcation est aussi un enjeu politique.

Un officier nazi présent à la signature de l'armistice a résumé le rôle qui lui était dévolu dans l'esprit des vainqueurs : « Cette ligne est un mors que nous avons mis dans la bouche d'un cheval .

Si la France se cabre, nous serrons la gourmette.

Nous la détendrons dans la mesure où la France sera gentille .

• En s'accordant le loisir de serrer ou de desserrer ce garrot qui étrangle le pays, avec toutes les conséquences inhérentes , les nazis disposent d 'un formidable moyen de pression pour influer sur la politique du régime du maréchal Pétain.

lEs TENTIITIVIS D' IISSOUPUSSEMENT La convention d'armistice a instauré une commission d'armistice, qui siège dès juin 1940 à Wiesbaden .

A maintes reprises, la délégation française y exposera ses griefs et requêtes aux Allemands, le plus souve nt en vain .

Tout comme seront vaines les tentatives du maréchal Pétain pour infléchir la position d'Adolf Hitler lors de la fameuse etrtrevue de Montoire le 24 octobre 1940 .

La politique de collaboration m ise en œuvre à partir de 1941 entraîne cependant quelques allégements du régime de la ligne de démarcation.

Par exemple , en mai 1941, l'amirt~l Dtlrl1111 autorise l'utilisation des aéroports de Syrie (alors sous mandat français) par l'aviation allemande ; en échange, le trafic des marchandises entre les deux zones est ouvert .

L'INVASION DE Lll ZONE UIIE Le 8 novembre 1942 , les Al/Us débllrquent en Afrique du Nord .

démarcation pour occuper l'ensemble du territoire français .

Dernier visage de la souveraineté nationale , la flotte française de Méditerranée se saborde à Toulon le 27 novembre pour échapper à la réquisition .

Cette invasion marque de fado la fin de la frontière instituée en juin 1940 .

Les postes de contrôle français sont progressivement démantelés .

Cependant la ligne de démarcation est en théorie toujours maintenue, avec les contraintes qui y sont liées.

La ligne ne sera totalement ouverte que le 1 ~ mars 1943 .

Le libre passage entre les deux zones est rétabli, ainsi que les relations postales .

Les Ausweis sont supprimés.

Pour autan~ les Allemands continuent de faire figurer la ligne sur leurs cartes.

Jusqu'à l'effo ndrement final , ils menaceront Vichy de la rétablir en cas de faux pas.

D' A1111ES FIOIIITitiES lrn111EUIES La France sous l'Occupation ne fut pas seulement coupée en deux.

D'autres petites lignes de démarcation, étroitement SUM!illées, furent créées arbitrairement par les Allemands sur le territoire national.

et souvent renforcés par de nombreux-..,..

l'Alsace et la Lorraine furent ainsi annexées au Reich, le Nord et le Pas-de-Calais rattachés à la Belgique.

Une zone interdite au retour des réfugiés fut créée.

qui englobait plusieurs départements du Nord-Est et se voulait une sorte d'Bat-tampon entre la France et l'Allemagne.

Tout au long de la frontière fraiiCO-iUÎSSe, un cordon prote. »

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