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LA IVe RÉPUBLIQUE : UN BILAN

Publié le 27/02/2008

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Texte extrait de Jacques Fauvet, La IVe République, 1959 C'est finalement dans l'ordre économique et technique que le bilan du régime est le moins contestable... La IVe République a su, à force d'imagination et d'obstination, tourner le dos à la stagnation économique, à l'insuffisance technique et au déclin démographique, bref au malthusianisme... Une mentalité nouvelle tournée vers l'avenir a été créée qui s'est répandue dans toute l'industrie et plus tardivement dans l'agriculture et enfin dans l'enseignement. Elle a progressivement transformé l'état d'esprit de tous ceux qui participent activement au progrès de la nation et jusqu'à celui du milieu ouvrier... une différenciation croissante entre les activités économiques diversifie l'action syndicale, substitue dans une certaine mesure l'esprit d'entreprise à l'esprit de classe... Ce sont, dit-on, les ministres qui perdent les guerres et les militaires qui les gagnent, les politiciens qui ruinent l'économie et les producteurs qui la redressent. Lorsqu'elle réussit à se mettre d'accord avec elle-même, l'Histoire établit assez vite un partage plus équitable des responsabilités. En attendant qu'elle juge définitivement la IVe République, il est permis pour sa défense de conclure que si, tantôt par inertie, tantôt par précipitation, elle a compromis bien des chances Outre-Mer, elle les a laissées intactes en métropole ; mieux, après avoir rattrapé les retards de l'entre-deux-guerres et réparé les ruines de la dernière, elle a remis en marche le pays au rythme d'un grand pays du XXe siècle. Questions : 1° A quels résultats économiques J. Fauvet fait-il ici allusion et quelle est cette « mentalité nouvelle » qui les a entraînés ? 2° Pourquoi peut-il apparaître paradoxal que l'auteur dresse un bilan plutôt positif de la IVe République ? 3° Est-il possible de nuancer les affirmations de ce texte, qui date des tout débuts de la Ve République, à la lueur de l'expérience historique ?

« succession effarante des crises ministérielles, la réputation d'incompétence des gouvernements (qui explique quel'auteur parle des « politiciens qui ruinent l'économie ») et les combinaisons partisanes ont entretenu un anti-parlementarisme vivace et accrédité l'idée d'une décadence générale. — Les échecs douloureux de la décolonisation, tant en Indochine qu'en Algérie, confortent cette appréciationnégative (« elle a compromis bien des chances Outre-Mer »). • Pourtant, l'œuvre économique accomplie est considérable et jette les bases de la prospérité des débuts de la VeRépublique.

En tout état de cause, les fondements de la puissance française, l'importance du rôle joué par l'Étatdans la vie économique datent des années 1940-1950.Cette contradiction s'explique par la permanence du personnel politique sous la IVe République : si lesgouvernements ont une brève durée de vie, ce sont toujours les mêmes hommes qui reviennent au pouvoir (qu'onsonge par exemple au nombre des gouvernements Queuille).En outre, la constitution d'une haute administration composée de membres des grands corps (l'École Nationaled'Administration est fondée en 1945 par Michel Debré) permet la création d'un véritable pouvoir technocratique quidouble le pouvoir politique et instaure un sens du service public autant qu'une continuité dans l'exécution desdécisions économiques et sociales. 3e question : • Malgré tout, il importe de nuancer l'enthousiasme de Jacques Fauvet : le manque de recul de l'auteur explique safoi en l'avenir et sa conviction que le système tend vers une harmonie sociale (« ...

substitue dans une certainemesure l'esprit d'entreprise à l'esprit de classe »). La permanence des affrontements de classe à travers les luttes syndicats-patronat montre en effet que lesantagonismes sociaux ne peuvent être réduits par la seule magie d'une croissance forte. • Par ailleurs, la solidité de cette croissance elle-même peut être remise en cause.

Dès les années 1950 en effet, uncertain nombre de blocages et de contradictions sont perceptibles.

Ils éclateront au grand jour dès que la prospéritééconomique montrera des signes de faiblesse. Malgré les années 1953-1955 caractérisées par la stabilité des prix consécutive au plan Pinay ; la croissancefrançaise s'accompagne d'une forte inflation, susceptible de créer des déséquilibres grandissants. — Conséquence partielle de ce phénomène, la fragilité du commerce extérieur induit un déficit presque constant dela balance des paiements courants. — Certains secteurs profitent moins que d'autres de l'expansion économique : ainsi, si le tertiaire connaît undéveloppement vigoureux, l'agriculture voit sa part décliner en termes relatifs. — Enfin, les inégalités régionales posent un problème non négligeable dans une perspective d'avenir.. »

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