Devoir de Philosophie

La IIIe Internationale

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

De même l'arrivée au pouvoir des bolcheviques en Russie en octobre 1917 a été en grande partie l'oeuvre de Lénine, de même l'Internationale a été, dans son existence et dans ses formes, le fruit de la volonté et des conceptions révolutionnaires léninistes. La Première Guerre mondiale avait vu sombrer la IIe Internationale dans une ferveur patriotique où dirigeants et militants socialistes découvrirent soudain que la solidarité nationale et la défense de la terre natale leur importaient infiniment plus que les liens internationaux de la classe ouvrière. Presque seul dans ce climat nationaliste, Lénine ose soutenir que l'effondrement militaire de son pays servira les intérêts des travailleurs, qu'il faut partout tirer profit de la guerre pour accélérer les révolutions. Et considérant le discrédit de la IIe Internationale, dès septembre 1914 il proclame que la IIIe Internationale doit prendre la relève et accomplir l'oeuvre révolutionnaire que l'opportunisme socialiste condamnait à une attente perpétuelle.                Jusqu'en 1919, l'appel de Lénine reste confiné au domaine des intentions. Tenu longtemps pour un extrémiste qui divise le mouvement ouvrier, il n'acquiert le pouvoir de parler au nom de ce mouvement qu'après la Révolution d'Octobre.   

« De même l'arrivée au pouvoir des bolcheviques en Russie en octobre 1917 a été en grande partie l'œuvre de Lénine , de même l'Internationale a été, dans son existence et dans ses formes, le fruit de la volonté et des conceptions révolutionnaires léninistes.

La Première Guerre mondiale avait vusombrer la IIe Internationale dans une ferveur patriotique où dirigeants et militants socialistes découvrirent soudain que la solidarité nationale etla défense de la terre natale leur importaient infiniment plus que les liens internationaux de la classe ouvrière.

Presque seul dans ce climatnationaliste, Lénine ose soutenir que l'effondrement militaire de son pays servira les intérêts des travailleurs, qu'il faut partout tirer profit de la guerre pour accélérer les révolutions.

Et considérant le discrédit de la IIe Internationale, dès septembre 1914 il proclame que la IIIe Internationaledoit prendre la relève et accomplir l'œuvre révolutionnaire que l'opportunisme socialiste condamnait à une attente perpétuelle.

Jusqu'en 1919, l'appel de Lénine reste confiné au domaine des intentions.

Tenu longtemps pour un extrémiste qui divise le mouvement ouvrier , il n'acquiert le pouvoir de parler au nom de ce mouvement qu'après la Révolution d'Octobre.

Soudain, tout l'ordre antérieur bascule.

La révolution russe témoigne que le temps des révolutions est venu.

Elle témoigne aussi du rôle quepeuvent et que doivent jouer des organisations révolutionnaires efficaces, conçues dans la perspective de la prise de pouvoir.

Pour Lénine P190 , la révolution russe n'a été que l'étincelle destinée à embraser le monde.

Pour qu'elle ait un sens, pour qu'elle soit autre chose qu'un momenthistorique glorieux, la révolution doit s'étendre sans tarder dans le reste de l'Europe.

Dès lors la création d'une nouvelle Internationale s'impose.

L'appel lancé par Lénine P190 en 1914 " longue vie à la IIIe Internationale " est resté sans écho pendant près de quatre ans.

Qu'est-ce qui, soudain, justifie que la création de la IIIe Internationale mobilise l'attention des bolcheviques ? Lénine P190 a pour cela des raisons profondes et des raisons tactiques.

Raison profonde : l'imminence de la révolution.

Il a la conviction que l'effervescence qu'il discerne en Hongrie, en Allemagne, estrévolutionnaire ; qu'il s'agit là du développement de la révolution commencée en Russie.

Ces révolutions naissantes doivent être aidées etétendues grâce à un instrument révolutionnaire mondial.

Raison tactique aussi.

Lénine P190 voit venir avec appréhension la conférence socialiste internationale convoquée en Suisse pour le début de 1919.

Il craint que l'Internationale " opportuniste ", renaissante, ne divise le mouvement ouvrier , n'attire de son côté une partie des forces sociales qu'il faut mobiliser pour l'effort révolutionnaire.

De même qu'il a forgé son parti en divisant la social-démocratie russe, en séparant ceux qui, comme lui, voulaient forcer l'histoire, de ceux qui voulaient lui laisser suivre son rythmenormal, de même en 1919 veut-il arracher à la vieille Internationale ses forces révolutionnaires, et la confiner dans le rôle d'une organisationréformiste, étrangère au mouvement révolutionnaire qui se déploie.

Si, à la fin de 1918, Lénine P190 s'acharne soudain à précipiter la mise en place de la IIIe Internationale, c'est qu'il entend, au moment où s'ouvrira la conférence socialiste, avoir en main l'instrument de sa dislocation.

De fait,invités à se joindre à la conférence de Berne (février 1919), les bolcheviques répondent par un refus brutal.

Ils n'assisteront pas à une conférencequi représente d'autant moins le mouvement ouvrier P190M2 que, disent-ils, la IIIe Internationale existe déjà.

Et ils invitent tous les partis ouvriers à suivre leur exemple (Pravda, 24 décembre 1918).

La réponse des bolcheviques anticipe pourtant sur la réalité et dissimule les problèmes que pose la création de l'Internationale.

En 1918,Lénine P190 croit fermement à l'imminence des révolutions et tout d'abord de la révolution allemande.

Parce qu'il sait l'importance de cette dernière, il pense que le lieu le plus favorable pour fonder l'Internationale est Berlin.

Il doit aussi être sûr de l'accord des révolutionnaires allemands, lesSpartakistes, conduits par Rosa Luxemburg P208 .

C'est ici que surgissent les difficultés.

Comme Lénine P190 , Rosa Luxemburg P208 est convaincue qu'un mouvement révolutionnaire international doit exister.

Mais elle est en désaccord avec la procédure que propose Lénine P190 .

Deux points lui semblent essentiels.

Diviser le mouvement ouvrier P190M2 à l'heure des révolutions signifierait dresser contre lui une partie des socialistes et par là l'affaiblirait.

Elle se refuse pour cela à faire de la Ligue Spartakiste un mouvement à l'image du parti bolchevique, coupé de l'ensemble dumouvement socialiste.

Sans doute, dit-elle, dans le cours des événements, des partis communistes, détachés des partis socialistes, réformistes,doivent se former et constituer le fondement d'une Internationale nouvelle.

Mais ce que Rosa Luxemburg P208 refuse, c'est de forcer les événements et d'inverser l'ordre dans lequel ils se présentent.

La séparation entre partis socialistes et communistes ne peut découler d'unedécision de principe.

Elle doit reposer sur l'existence de partis communistes viables et être faite à un moment opportun.

De même la fondation del'Internationale doit avoir pour préalable l'existence de partis communistes et non les précéder.

Or, en 1918, hormis le Parti bolchevique, les partiscommunistes n'existent à peu près nulle part.

En janvier 1919, la mort tragique de Rosa Luxemburg P208 , l'affaiblissement du Parti allemand privé de ses chefs les plus prestigieux ont deux conséquences.

Il n'est plus question de tenir une conférence à Berlin ; pour la première fois s'impose l'idéeque c'est à Moscou que l'Internationale sera créée.

Par ailleurs, le Parti allemand n'est pas prêt à revenir sur les réserves de Rosa Luxemburg P208 à l'égard du projet de Lénine P190 .

Son envoyé à Moscou, Eberlein, ne cesse de les répéter.

Lénine P190 peut-il, veut-il, passer outre à cette opposition ? En apparence, non.

Tout indique qu'au moment d'ouvrir la conférence le 2 mars, il hésite entre diverses solutions.

Le 6 mars pourtant,quand la conférence se sépare, la IIIe Internationale est devenue une réalité.

Tous les témoignages de ceux qui vécurent ces journées décisivesmontrent que c'est Lénine P190 qui a voulu, qui a conduit, les débats de telle manière que la création de l'Internationale soit l'aboutissement de la conférence.

Cette volonté, il l'a tirée de sa conviction inébranlable que la révolution était à portée de la main (la république soviétique seraproclamée en Hongrie le 21 mars, en Bavière le 7 avril), et que l'heure n'était plus aux tergiversations ou aux subtilités procédurières.

Pour amplifier,étendre, assurer la vague révolutionnaire, une organisation mondiale de la révolution était indispensable.

Peu importe qu'il existe ou non des partiscommunistes.

Par son existence même, la IIIe Internationale aiderait à leur naissance.

Cette Internationale, malgré le dessein de Lénine P190 d'en faire le nouveau cadre, la nouvelle représentation du mouvement ouvrier occidental, est avant tout le résultat, l'incarnation des conceptions révolutionnaires de son fondateur.

Comme le Parti bolchevique, elle est le fruit d'une scissiondu mouvement ouvrier.

Comme le Parti bolchevique, elle résulte d'un acte d'autorité, d'une décision " d'en haut ", celle des bolcheviques quiimposent au mouvement ouvrier leurs idées et leur modèle d'organisation.

Sans doute Lénine P190 a-t-il voulu seulement fournir à la révolution, dont il voit les progrès, un instrument propre à l'accélérer, et en aucun cas il ne pensait étendre le modèle bolchevique à l'échelle mondiale.

Tout au contraire, il se défie de l'expansion et de l'imitation du modèle bolchevique.Il souhaite qu'aussitôt que la révolution aura triomphé dans une capitale européenne, le siège de l'Internationale y soit transféré pour qu'il n'y aitpas confusion entre l'État soviétique et le Parti mondial de la révolution.

L'Internationale a pour fonction d'encadrer les mouvementsrévolutionnaires, de les accélérer, non de leur imposer un modèle.

Si elle a été créée, c'est pour aider à l'expansion de la république internationaledes Soviets dont la Russie n'est que l'amorce, mais où elle n'occupe pas de position privilégiée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles