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La guerre Iran-Irak

Publié le 26/11/2018

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iran

UNE GUERRE POUR RIEN?

 

De 1980 à 1988, la guerre Iran-Irak est fondamentalement causée par la montée aux extrêmes des deux régimes. La radicalisation de Saddam Hussein puis de l'Ayatollah Khomeiny expliquent le déclenchement de la guerre et sa poursuite. En effet, les leaders de deux des plus grandes puissances de la région luttent certes pour l'hégémonie au Moyen-Orient mais aussi et surtout pour asseoir leur pouvoir. Au prix d'environ 1 million de morts, ils y parviendront.

LES CAUSES DE LA GUERRE

Deux dictatures en lutte

 

POUR LA SUPRÉMATIE RÉGIONALE

Lors de la guerre Iran-Irak, les dirigeants des deux côtés cherchent à réactiver la rivalité qui remonte au xvie siècle entre l'Empire perse et la Mésopotamie, province de l'Empire ottoman. Dans les années 1970, les deux régimes, très autoritaires, sont en concurrence pour la suprématie régionale. Depuis le putsch de 1968, l'Irak est aux mains du parti Baas, proche de Moscou.

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LA POLITIQUE IRAKIENNE DE LA FRANCE

La coopération franco-irakienne remonte aux années 1970. Durant la guerre, la France demeure, parmi les pays riches, le plus inconditionnel soutien politique du régime de Saddam Hussein. Quelle que soit la majorité, elle lui livre notamment des Mirage F-1, des missiles Exocet et lui prête des avions Super-Étendard, au moment où l’armée de l'air iranienne est clouée au sol faute de matériel. L'Irak devient le premier client en armement du pays. Outre des motivations économiques, les dirigeants français tendent à fonder leur soutien sur une préférence idéologique accordée au modernisme laïc de l'Irak, face à la théocratie extrémiste et passéiste iranienne.

 

La France va d'ailleurs en payer le prix. À partir d'août 1982 et de l'invasion du Liban par Israël, l'Iran y affronte les «grand et petit Satan» (les États-Unis et la France) par milices chiites libanaises interposées (Jihad islamique, Hezbollah). Le 23 octobre 1983, des commandos suicide au camp Drakkar tuent 58 Français et 239 Américains. Des attentats à Paris sont organisés en 1986, ainsi que des prises d'otages de Français : Roger Auque, Marcel Carton, Marcel Fontaine, Jean-Paul Kauffman et Jean-Louis Normandin, détenus depuis 1985 par le Jihad islamique et l'Organisation de la justice révolutionnaire (OJR), sont libérés en mars 1988- Michel Seurat meurt captif, le 5 mars 1986.

iran

« sans avenir depuis la fermeture des universités, sont sacrifiés sur des champs de mines ou lors d'assauts suicidaires.

La supériorité démographique iranienne (de un à trois) va alors être décisive .

LES CONTRE·OFFENSIVES En novembre 1980, après deux mois d'avancées irakiennes, le front se stabilise sur 500 km de long et de 5 à 50 km de large , sur le sol iranien.

Commence alors une sorte de guerre de position, qui ne permet que des avancées ou des reculs modestes.

En décembre 1980, les Gardiens de la révolution remportent leur première victoire symbolique en reprenant Susangred.

La véritable reconquête commence le 27 septembre 1981 avec le déblocage du siège d'Abadan.

Elle se poursuit en novembre avec la prise de Howeyze , qui coupe le front en deux, puis, en décembre , avec celle de Gilan­ e Qarb, au Kurdistan.

Deux avancées permettent de reprendre Dezful et Suse entre le 22 et 29 mars 1982 (opération Fath ol-mobin, cc Victoire évidente»), puis Khorramchahr le 24 mai, parachevant les trois semaines de l'opération Beyt ai-Moqaddas (cc Jérusalem »).

KHOMEYNI REFUSE LA PAIX En pleine débâcle, le 10 juin 1982, l'armée irakienne se retire presque entièrement d'Iran , et Saddam Hussein est obligé de déclarer un cessez-le-feu unilatéral, appuyé par la résolution de l'ONU du 13 juillet 1982.

Mais l'Iran exige davantage :l'évacuation totale de son territoire, la reconnaissance de la responsabilité irakienne et 150 milliards de dollars de dommages de guerre.

En l'absence de satisfaction de ces revendications, Khomeyni relance , le 14 juillet 1982 , la deuxième partie de la guerre Iran-Irak.

UN CLIVAGE QUI tCHAPPE À LA CiUERRE FROIDE Malgré l'embargo, l'un des enjeux majeurs de ces alliances est la fourniture d'armes aux deux belligérants, qui explique la durée , l'aggravation et l'Issue finale du conflit.

Les deux alliances qui se mettent en place montrent qu'il ne s'agit pas d'une exportation de la guerre froide dans le tiers-monde.

En elfe~ la République islamique d'Iran , violemment combattue par les États­ Unis, n'est pas pour autant soutenue par l'URSS qui, enlisée en Afghanistan et déstabilisée de l'intérieur par la difficile succession de Brejnev et la perestroika de Gorbatchev, à partir de 1985, arme les deux pays en guerre.

De plus, un allié indéfectible des États-Unis, Israël, prend position en faveur de l'Iran, par crainte de la puissance irakienne .

t:aviation israélienne bombardera la centrale nucléaire irakienne de Tamouz , le 8 juin 1981.

LE SOUTIEN A L"IRAK Mais globalement , les puissances occidentales penchent fortement du côté irakien, bien que Saddam Hussein soit clairement en position d'agresseur.

On estime que l'Irak a réussi à récolter 40 milliards de dollars durant les cinq premières années de la guerre.

Et, surtout , les monarchies pétrolières financent largement l'Irak.

Un des soutiens les plus affichés est celui du roi Hussein de Jordanie, qui offre à l'Irak un débouché stratégique dans le golfe d'Akaba et se rend même personnellement sur le front.

t:URSS reste neutre les premières années, avant de livrer du matériel à l'Irak à partir de juin 1982.

En 1985 , Hosni Moubarak vient sceller dans la capitale irakienne la réconciliation entre Le Caire et Bagdad.

De son côté , l'Iran ne peut compter que sur le Liban, la Syrie, la République démocratique du Sud-Yémen et, plus discrètement , la Chine et la Corée du Nord .

De plus, les Occidentaux, qui ne souhaitent pas la victoire totale d'un camp sur l'autre , afin de maintenir un certain équilibre au Moyen-Orient, fournissent des armes également à l'Iran.

Ainsi, Washington arme l'Iran en secret, malgré l'hostilité officielle entre les deux États, et on découvre bientôt que la CIA a financé les Contras , la guérilla contre-révolutionnaire au Nicaragua, par des ventes d 'armes à l'Iran .

Ce scandale {lrangate) ébranle Ronald Reagan en 1986-1987.

LA DEUXIÈME PHASE DE LA GUERRE STABILISATION DU CONFLIT À partir de 1982 , Khomeyni repousse systématiquement les propositions de paix , qu'elles viennent de la communauté internationale ou de l'Irak.

qui se déclare prêt à revenir aux frontières initiales.

Inflexible, le cc Guide de la révolution» continue à exiger le départ de Saddam Hussein.

La guerre s'enlise dans les marais d'Huwaiza.

Le 18 août 1982 , l'armée irakienne attaque le terminal pétroli e r iranien de Khârg et des puits offshore de Nowruz et d'Ardeshir , provoquant une immense marée noire .

DES TACTIQUES MEURTRitRES t:année 1984 marque une escalade dans la guerre totale.

t:lrak est sur la défensive, suite à la prise des îles Majnun, dans les marais au sud du pays, qui abritent le cinquième des réserves pétrolières.

Alors, pour la première fois, l'Irak utilise des gaz de combat contre l'armée iranienne .

Les Irakiens mènent la guerre dans les airs, où leurs capacités militaires sont bien supérieures, alors qu'ils ont montré leur vulnérabilité au sol.

Ils se livrent aux premiers bombardements systématiques de villes depuis la Seconde Guerre mondiale , portant la guerre sur tout le territoire ennemi .

Le but est de faire le plus possible de victimes civiles , pour démoraliser la population adverse.

Les premières cibles, le 5 mars 1985, sont des agglomérations comme Ispahan , Kermanshah, Khorramabad et surtout Téhéran.

E~ effectivemen~ l'opposition libérale iranienne demande l'arrêt d 'une guerre qui, pour être devenue offensive, ne suscite plus autant qu'au début l'adhésion de la population .

Dépourvue de missiles longue portée , l'armée de l'air iranienne s 'acharne sur Kirkuk.

plus proche que Bagdad .

L'Iran attaque surtout au sol et prend le port de Fao en février 1986.

Une grande offensive est lancée le 9 janvier 1987 .

plusieurs reprises, Bassorah est au bord de la chute .

LA GUERRE tCONOMIQUE A partir de 1984,1a guerre Iran-Irak devient de plus en plus une cc guerre du Golfe» , avec pour enjeu la route du pétrole .

Chacun tente de bloquer le nerf de la guerre : les exportations pétrolières de l'adversaire.

Cela se traduit par l'attaque de pétroliers étrangers .

!:INTERNATIONALISATION DU CONFLIT Confrontées aux risques qui pèsent sur l'approvisionnement en pétrole depuis qu'en mars 1987l 'lran a disposé des missiles Silkworn dans le détroit d'Ormuz, les grandes puissances décident de protéger la circulation des pétroliers.

Elles sont amenées , en août 1987, à accompagner les pétroliers , avec l'envoi de bateaux américains, français , britanniques , italiens et hollandais , après que l'Iran a menacé de miner les eaux internationales.

!:INTERVENTION AMtRICAINE ET LES AVANCtES IRAKIENNES Attaquée au Liban et à Paris , la France envoie des troupes dans le Golfe, suivie bientôt par les États -Unis .

Ces derniers , après avoir retiré l'Irak de leur liste des pays terroristes en 1982, ont rétabli , le 26 novembre 1984 , des relations diplomatiques rompues depu is 1967 , par crainte des avancées iraniennes.

t:lrak accentue la pression en reprenant , le 29 l évrie r 1988 , les bombardements aveugles sur de grandes villes.

Face à la contre-attaque iranienne au Kurdistan , en mars 1988 , des hélicoptères irakiens bombardent Halabaja au gaz moutarde , au prix de milliers de victimes civiles .

Le 18 avril , après l'endommagement d'une de leurs frégates par une mine iranienne, les États-Unis , avec 15 000 hommes, entrent en guerre plus directement aux côtés de Saddam Hussein et portent un coup fatal à la flotte adverse .

Face aux pertes civiles et militaires et à la pres sion internationale , les dirigeants iraniens sont divisé s, mais la perspective de l'armistice fait son chemin .

Elle apparaît même bientôt comme un moindre mal face aux avancées irakiennes sur Fao, Shalamche et les îles Majnun.

Le 3 juillet 1988, un avion civil iranien , avec 299 passagers , est abattu par la marine américaine .

Au même moment, les troubles politiques en URSS rendent une invasion américaine envisageable sans réaction soviétique .

LA RÉSOLUTION DU CONFLIT Le 18 juillet 1988, la résolution 598 de l'Organisation des Nations unies, qui exigeait un cessez-le-feu depuis le 20 juillet 1987 , devient crédible .

Épui sé, Khomeyni s 'y plie enfin, mais compare le compromis à un cc verre de poison ».

Le 6 août, Saddam Hussein appelle à la cessation des hostilités, que les autorités iraniennes approuvent le 4 juin 1989 , accélèrent le processus de paix .

Cependant , les deux adversaires ayant déclench é ou relancé la guerre à tour de rôle, le retour aux frontières initiales peut être vécu comme une défaite des deux côtés.

Les n égociat ions s ont longues et difficiles .

Il faut attendre le 15 août 1990 pour que Saddam Hussein accepte les conditions de la paix, c'est-à -dire le retour aux accord s d'Alger de 1975 , contre lesquels il était entré en guerre .

Ill ibère les prisonniers et ses troupes quittent le territoire iranien .

Le bilan oscille entre 500 000 et 1,2 million de morts .

Les victimes se comptent majoritairement côté iranien , trois fois plus touché que le camp adverse.

En Iran, les couches populaires ont été les plus atteintes , tandis que les familles plus aisées ont souvent fui ou vu leurs hommes mobilisés sur les fronts les moins dangereux.

C'est un pays ruiné qui doit payer les pensions de tous les blessés , veuves et orphelins.

Financi èrement, l'Irak , qui passait pour un pays riche de ses revenus pétroliers avant la guerre , évalue à 500 milliards de dolla r s le prix payé en dépenses militaires , pertes en PIB et capitaux non investis.

De son côté, l'Iran chiffre le coût d e sa reconstruction à 300 milliards .

RENFORCEMENT DE LA LtGITIMirt DES DEUX RtGIMES Territori alement, on pourrait conclure à cc une guerre pour rien» .

Les exécutifs de chaque bord ont profité du conflit pour supprimer toute opposition -...

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interne .

L e régime des mollahs a pu mobiliser le sentiment national de son peuple à son profit.

Les noms des cc martyr s" (shahid) envahissent les rues et les cimetières de Téhéran, et donnent à l'après-guerre une atmosph ère macabre.

Le respect qui leur est dû empêche toute remise en cause du régime.

À l'inver se, la cohésion de façade du mouvem ent des pays non alignés a volé en éclats .

En Irak, au cours de la guerre , Saddam Hussein a renforcé le culte de la personnalité , se présentant comme le cc nouv eau Saladin "· rejouant , au nom de la cc nation arabe»,la bataille de Quad issyya, en référence à la victoire d es musulmans sur les Perses en 637.

Il a pu éliminer les opposants commun istes, chiites et kurde s.

Contre toute attente, le sentiment panislamique ne l'a pas emporté chez les chiites irakiens , restés loyaux , de gré ou d e force,~ l'égard de l'autorité nationale de Bagdad .

De même , les Arabes du Khouzistan iranien sont restés loyaux à l'égard du régime d e Téhéran .

De leur côté, les Kurdes, iraniens comme irakiens , n 'ont rien gagné , bien au contra ire.

Ils ont été instrumentalisés des deux côtés (les Kurdes irakiens par les Iranie ns, les Kurdes irakiens par les Iraniens), sans obtenir autre chose qu'une répression accrue, des dizaines de millier s de morts et de réfugiés en Turquie.

lES RACINES DE LA PREMIÈRE GUERRE DU GOLFE Financièrement, l'Irak doit rembourser une dette extérieure de 70 milliards de dollars, en particulier à l'Arabie saoudite, à la Jordanie et au Kowen .

Mais Sadd a m Hussein estime que le Kowe'1t lui doit une cc dette de sang », pour la défense face à la mena ce iranienne.

Voilà qui lui fournira une raison pou r envahir son riche voisin , dans la nuit du 1 " au 2 août 1990 et enclencher ainsi la cc guerre du Golfe , propreme n t dite, alors que le confl it précédent était à peine terminé .

Mais, cette fois-c i, la coalition internationale ne sera pas de son côté .. »

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