La « Grande Ordonnance de réformation » du royaume
Publié le 04/09/2013
Extrait du document
TRADITION ET CONTINUITÉ
Alors que nous glorifions la nouveauté et considérons qu'une réforme doit porter vers l'avenir, les hommes du Moyen Age voient dans la tradition et la durée le signe de la vérité. C'est pourquoi la Grande Ordonnance de réformation de mars 1303 rappelle les « bonnes coutumes « du passé et entend restaurer les usages et privilèges anciens. Faisant expressément référence au règne de Saint Louis, roi très chrétien par excellence, pour qui son petit-fils Philippe le Bel éprouve une très vive admiration, elle prescrit d'envoyer dans les provinces des enquêteurs qui devront s'informer des anciennes coutumes. Outre la mission de savoir comment les choses se passaient du temps du pieux roi, ces enquêteurs ont ordre de rétablir les bonnes coutumes qui seraient tombées en désuétude, et d'abolir les mauvaises qui auraient été instaurées au cours des dernières décennies.
«
ter serment de se conduire
loyalement -qu 'en cas de ma
ladie ou d'absence pour le ser
vice du roi.
Par ailleurs , ils sont
contraints de résider dans leur
circonscription .
Considérés
comme responsables de leurs
actes
jusqu'à la fin de leur mis
sion, ils sont tenus d'y rester
encore quarante jours après
leur sortie de charge, et leur
responsabilité passe à leurs
héritiers .
Les officiers royaux
i nférieurs
relèvent de la juri
diction des baillis et du Parle
ment .
Tous, y compris les
baillis , peuvent être soumis à
une
juridiction extraordinaire ,
exercée
par des enquêteurs et
des réformateurs , le plus sou-
TRADITION ET
CONTINUITÉ
Alors que nous glorifions
la
nouveauté et considérons
qu'une réforme doit porter vers l'avenir, les hommes
du Moyen Age voient dans la
tradition et la durée le signe
de la vérité.
C'est pourquoi
la Grande Ordonnance de réformation dê mars 1303
rappelle les « bonnes coutumes » du passé et entend restaurer les usages
et privilèges anciens .
Faisant expressément référence au règne de Saint
Louis, roi très chrétien par excellence, pour qui son petit-fils Philippe le Bel
éprouve une très vive admiration, elle prescrit
d'envoyer dans les provinces
des enquêteurs qui devront
s'informer des anciennes
coutumes.
Outre la mission
de savoir comment
les choses se passaient du
temps du pieux roi,
ces enquêteurs ont ordre
de rétablir les bonnes
coutumes qui seraient
tombées en désuétude,
et d'abolir les mauvaises qui
auraient été instaurées
au cours des dernières
décennies.
vent désignés au sein du cler
gé et chargés de réprimer les
abus .
Un mandement de novembre
13 0 3 somme tous les officiers
d '
être à leur poste dans la
quinzaine sous peine de desti
tution immédiate .
li les enjoint
de recevoir « avec respect »
les ordres du roi tels qu 'ils
s'expriment dans la Grande
Ordonnance et de les exécuter
rapidement .
A moins que ces
ordres ne soient en opposition
avec leur serment ou contrai
res aux intérêts du prince .
Cer
tains nobles marchandent
ainsi leur soutien à la guerre
de Flandre en demandant à
Philippe le Bel la confirma
tion de leurs privilèges .
C'est
le cas d' Auvergnats qui , en
, 13 04, obtiennent cette royale
promesse : « Nos chanceliers
!juges)
ne mettront nulle de
nos lettres à exécution dans
les terres ou
les justices d'au
trui ni ne conna î tront des cho
ses qui sont en la justice d'au
trui, si ce n' est par défaut ou
par la négligence des sei
gneurs .»
Les abus des
enquêteurs
A partir de 1248, Saint Louis a
envoyé des enquêteurs dans
les
provinces afin d'y recenser
les abus et de réparer les
injustices .
Son succes seur, Phi
lippe Ill le Hardi , a fait de
même .
Philippe le Bel reprend
cet usage : sur ce point, la
Grande Ordonnance n'innove
pas et entérine un état de fait.
Les
envoyés du roi continuent
à veiller au maintien de la jus
tice, peuvent modifier une
assiette d'impôts, juger des
crimes impunis et révoquer
des officiers corrompus .
Mais
ils
ont également la charge de
veiller à une levée plus effica
ce de l'impôt et des amendes .
Malheureusement , la Grande
Ordonnance n'est pas toujours
1tn1DE DITI O NS lllila! ATLAS
respectée à la lettre : bénéfi
ciant d'une autorité discrétion
naire sur les autres agents de
l'administration royale, les
enquêteurs finissent , eux aussi ,
par en abuser .
En 13 07 , cer
tains confisquent et vendent
au profit du fisc les biens d'un
clerc languedocien qui n'a
jamais
été au service du roi !
En 13 10, d 'autres empiètent
sur les fonctions des juges en
transigeant avec un homme
acausé de meurtre dont le pro
cès a défà été instruit.
Il arrive
aussi
qu'ils laissent échapper
des coupables et condamnent
des personnes absoutes par
les tribunau x : dans le Péri
gord, un prévenu doit verser
une amende de cent livres
pour que le jugement par
lequel il a été acquitté soit
validé !
Les victimes de ces injustices
n'ont plus alors pour recours
que de faire appel devant le
Parlement ou de soumettre
leur cas aux commissaires
extraordinaires du roi..
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