La france: une puissance maritime?

« 1 Thème 1 Chap 3 LA FRANCE, UNE PUISSANCE MARITIME Introduction : La puissance maritime n’a été que rarement une priorité géostratégique en France : on peut invoquer Colbert dans le cadre du premier empire colonial, la participation au commerce atlantique aux XVII et XVIII e S., mais rien qui ressemble à l’obsession maritime des Britanniques.

La puissance de l’Etat est restée rivée au continent même si des atouts maritimes ont pu être acquis et développés.

Aujourd’hui, la France est-elle une grande puissance maritime ? Quelles sont ses capacités maritimes ? Quelles sont ses forces et ses limites, tel est l’axe de questionnement que nous suivrons pour le définir. 1-Les atouts maritimes de la France. La France dispose d’atouts considérables en matière de puissance maritime : des espaces maritimes diversifiés ; une ZEE de premier plan dans le monde, un grand espace de projection militaire. a-Des espaces maritimes diversifiés. La France, grâce à ses territoires outre-mer est dotée d’un vaste espace maritime où s’exerce ses droits souverains : ce domaine, le deuxième au monde, est dispersé à travers le globe et permet à la France d’être présente dans différentes mers et océans.

Les territoires ultramarins constituent donc l’épine dorsale de ce domaine. Le territoire métropolitain compte plusieurs façades maritimes, ouvertes sur les grands axes maritimes du monde, le Northern Range, l’Atlantique et la Méditerranée.

Des ZIP ont été aménagées en métropole à Dunkerque, Marseille, Nantes. Ce sont aussi de vastes zones littorales où l’aménagement en conchyliculture ou ostréiculture(littoral atlantique), mytiliculture permet l’exploitation et anime l’économie locale en métropole. Ce sont aussi des espaces voués au tourisme (littoraux pour un tourisme balnéaire+ un potentiel de croisières encore en deçà de ses voisins européens). La France possède 20% des récifs coralliens du monde(principalement en Polynésie). b-Une ZEE exceptionnelle : un atout majeur. Grâce à ses territoires outre-mer hérités de l’empire colonial, la France possède la seconde ZEE au monde, après les Etats-Unis.

C’est une manne considérable, principalement située en Polynésie(40% de la ZEE française dépend de la Polynésie française) soit + de 10 millions de km2).

Les ressources sont non seulement la pêche, mais aussi les hydrocarbures off shore ainsi que des minéraux (des terres rares)dans les eaux polynésiennes ou autour de l’atoll de Clipperton dans le Pacifique. Les eaux territoriales françaises comptent 66 ports de commerce. 2 Le projet Extraplac a permis l’extension récente domaine maritime dans l’Océan indien mais aussi autour de Kerguelen, dans les Antilles et en Nouvelle Calédonie.

Plus de 150.000 km2 de ZEE ont été reconnues à la France en 2015 mais d’autres demandes ont été acceptées en 2020 concernent Saint-Paul Amsterdam (93.000km2) dans les TAAF et autour de la Réunion(58.000 km2). c-un espace de projection militaire. Ces « miettes d’empire » permettent une présence militaire sur presque toutes les mers du globe, à l’instar des Etats-Unis.

La marine française joue un rôle important dans la lutte contre la piraterie et les trafics : la France, prend part à différentes coopérations à ce sujet comme avec la mission Atalante qui vise, avec d’autres puissances européennes, à réduire la piraterie dans l’Océan indien.

On peut citer également la mission CORYMBE dans le golfe de Guinée.

La France participe également par l’agence Frontex à la surveillance en Méditerranée. Par ailleurs la France développe une force aéronavale avec le porte-avion Charles de Gaulle et les 4 SNLE(sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Ils servent à la dissuasion nucléaire au quotidien puisque les patrouilles sont permanentes.

Des bases militaires assurent également un appui pour ces missions extérieures.

On peut considérer à ce sujet l’arsenal de Brest, la base navale de Toulon mais aussi les chantiers navals de Saint-Nazaire. La puissance stratégique maritime française a néanmoins subit un revers avec la signature de l’AUKUS et l’annulation du contrat de sousmarins par l’Australie.

La crise diplomatique ouverte par la France a montré combien elle était distancée dans le Pacifique et sur le plan technologique par d’autres puissances, les Etats-Unis et le RU.

Elle s’appuie aujourd’hui sur le concept d’Indo-pacifique pour mieux signifier sa présence dans cette région du monde mais par là-même montre sa dépendance par rapport au leadership américain.

Elle entend jouer le rôle de tiers entre le duel Etats-Unis Chine et ne pas laisser l’Australie ou l’Inde seules servir de contrepoints à la puissance américaine contre l’ambition chinoise. La France dispose donc d’atouts économiques, politiques (en termes de souveraineté) et militaires pour exercer une puissance maritime à l’échelle mondiale, pas seulement régionale, ce qui est exceptionnel dans le monde.

A part les Etats-Unis et désormais la Chine, aucun autre Etat ne réunit toutes ces capacités.

Mais est-ce pour autant une superpuissance maritime ? 2- Les limites à la puissance maritime. La création d’un ministère de la mer dans le nouveau gouvernement a montré la volonté de développer les capacités maritimes.

L’enjeu est d’assurer une place importante de la France dans la mondialisation mais aussi de maintenir son rang de Grande Nation, ce qui est un leitmotiv des 3 politiques internationales depuis des décennies.

Cependant de grands défis sont à relever. a-Un domaine maritime sous-exploité. Les ressources présentes dans la ZEE outre-mer sont peu exploitées.

Qu’il s’agisse de la pêche ou des ressources biochimiques (nodules polymétalliques très présents dans les fonds marins outre-mer). La France doit importer les ¾ de sa consommation de poisson.

Elle a récemment cédé des droits de pêche au Mexique pour lui avoir délégué des missions de surveillance autour de l’atoll de Clipperton.

Elle fut à deux doigts de céder l’île Tromelin à l’île Maurice mais s’est ravisée en 2017 après un tollé parmi les députés.

Bonifier ce potentiel s’avère au-delà de ses moyens actuels. Le legs colonial avec des économies ultramarines très dépendantes de la métropole, avec peu de développement endogène, pèse aujourd’hui très.... »