La France en 1328
Publié le 10/10/2023
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Dissertation : La France en 1328
En 1328, le royaume de France est l’un des plus vastes d’Europe et
indéniablement le plus peuplé.
Depuis la mort de Philippe IV le Bel (1285-1314),
la dynastie Capétienne est en grande difficulté, marquée par des règnes assez
courts : Louis X (1314-1316), Jean Ier (1316), Philippe V (1316-1322) et Charles
IV (1322-1328), ce qui marque une faiblesse de la monarchie.
Il est à craindre
que les rois, ne vivant pas assez longtemps, ne puissent pas avoir le temps de
donner un héritier à la couronne ou encore qu’une régence s’installe, au risque
de voir les Grands, mécontents du renforcement du pouvoir royal depuis Philippe
II Auguste (1165-1223) se révolter.
L’année 1328 dans le royaume de France
marque la fin de la dynastie Capétienne et devient une année charnière,
marquant des changements importants et durable pour la société.
Mais quelle
œuvre politique, économique et administrative, lèguent les Capétiens en 1328 ?
Dans un premier temps, nous étudierons le changement de dynastie, dans un
second temps nous nous demanderons si la France est en 1328 un Etat fort et
dans un troisième temps, que l’économie et la société se montrent inégales.
I) Un changement de dynastie.
A) La fin des Capétiens directs.
Charles IV (1322-1328) est le dernier fils de Philippe IV (1285-1314).
Il succède
à ses deux frères Louis X (1314-1316) et Philippe V (1316-1322).
Sa mort le 1 er
février 1328 met fin à la branche directe Capétienne.
Charles IV n’a pas d’héritier
mâle et selon des traditions, le trône ne peut être transmis qu’à un homme (la loi
Salique n’existe pas encore).
Mais l’épouse de Charles IV, Jeanne d’Evreux (vers
1310-1371) attends un enfant.
En attendant sa naissance, une assemblée de
barons et de légats se réunissent pour décider de la mise en place d’une
régence.
Plusieurs prétendants à la régence sont présents : Philippe de Valois
(fils de Charles de Valois, le frère de Philippe IV), Philippe d’Evreux (neveu de
Philippe IV) et Edouard III (1327-1377) roi d’Angleterre (petit-fils de Philippe IV
et donc le prétendant le plus légitime).
B) L’avènement de Philippe de Valois.
L’assemblée décide de donner le titre de régent à Philippe de Valois.
Il devient roi
en 1328 à la naissance de l’enfant qu’attendait Jeanne d’Evreux, qui accouche
d’une fille Blanche de France.
Par la cérémonie du sacre le 29 mai 1328, Philippe
VI devient roi de droit divin.
Il opère un changement dans sa titulature pour se
démarquer de ses prédécesseurs, il ne se fait plus appeler « roi des Francs »,
mais « roi de France », ce qui fait du royaume de France une nouvelle entité
politique.
Le choix de la noblesse française de désigner Philippe de Valois roi, est
justifié pour s’assurer l’indépendance du royaume vis-à-vis de l’Angleterre, mais
aussi que c’est le plus proche parent de son prédécesseur Charles IV.
La
Chronique de Guillaume de Nangis et continuations montre et décrit très bien
l’accession au trône de Philippe de Valois.
Mais le pouvoir du roi reste limité : le
transfert de l’autorité politique à des vassaux limites l’autorité royale et est
également source de conflits.
C) Une noblesse agitée.
La petite aristocratie connaît des problèmes de fortune.
Les difficultés de la
paysannerie dans la production agricole mettent à mal les revenus seigneuriaux.
Mais le rang de la noblesse impose un mode de vie de luxe, avec des vêtements
et parures, un grand mobilier et plusieurs armures, puis ils doivent également
assumer la dot de leurs filles et ne pas oublier de faire des dons aux églises.
Ces
dépenses deviennent de plus en plus importantes en raison d’une inflation
grandissante.
Les seigneurs ont emprunté à des bourgeois et marchands, mais
faute de pouvoir rembourser, ils doivent se résoudre à vendre une partie de leur
patrimoine.
Une part de la noblesse se retrouve écartée de l’armée du roi, faute
d’équipement et de pouvoir participer à l’ost royal.
Bon nombre de petits
aristocrates glissent du chevalier à l’écuyer.
Dans les sources, l’aristocratie est
moins nombreuse, par exemple en Picardie sur 40 lignages recensés en 1250, il
n’en reste plus que 12 en 1300.
II) 1328, la France un Etat fort ?
A) Le royaume de France : deux royaumes ?
Sous le règne de Philippe VI (1328-1350), le royaume compte une soixantaine de
régions qui se distinguent par leurs coutumes et leur identité historique.
Le
royaume devient une réalité affective et administrative, par la nouvelle
appellation de « roi de France ».
C’est entre le Nord et le Midi que le contraste
d’un mélange de cultures est le plus saisissant par la langue, le climat,
l’architecture et la production agricole.
Par exemple dans le Midi, l’assolement
triennal et l’utilisation de la charrue sont très rares en raison de la sécheresse et
de la pauvreté du sol.
L’héritage historique est aussi particulier, la romanisation a
été plus forte dans le Midi, alors qu’elle est superficielle au Nord et les traditions
juridiques sont très différentes.
Dans la culture, la renaissance carolingienne est
beaucoup moins marquée dans le Midi, du fait de son éloignement des lieux de
pouvoirs Carolingiens.
B) Un royaume vaste mais inégalement peuplé.
En 1328 a lieu une grande enquête administrative dans un but fiscal, ce qui a
permis de recenser la population.
Toutes les personnes, même ceux ne payant
l’impôt sont ainsi comptabilisées.
L’état de feux (foyer autour duquel on vit)
comptabilise 2 469 987 foyers, c’est-à-dire environ 12 millions d’habitants.
Le
royaume de France est l’un des Etats les plus peuplés avec 27% de la population
totale, passant devant l’Angleterre avec 5 millions de personnes.
Ce recensement
permet de déduire le nombre de paroisses qui serait au nombre de 32 500.
La
densité est également très forte, les historiens ont proposé le chiffre de 7,9
foyers par km² en moyenne.
Ce chiffre est à nuancer, car le contraste est fort
entre le Nord et le Sud de la Loire.
Par exemple, dans le bailliage de Senlis, on
comptabilise 22 foyers par km² alors qu’en Béarn, on en compte 4 foyers par
km².
L’aménagement du territoire est très intense selon les endroits et la
géographie du paysage.
C) Une administration qui semble efficace.
Philippe VI hérite d’une administration forte qui s’est considérablement
développée et accentuée sous les Capétiens.
La féodalité au profit du roi en sort
renforcée et il devient le suzerain de tous les vassaux.
Cette suzeraineté lui
permet de légiférer sur l’ensemble du royaume et....
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